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Paris Photo : Martin Schoeller, Inspiring Action

Temps de lecture estimé : 4mins

Commande de Pernod Ricard pour le rapport de fin d année, Martin Schoeller a réalisé 18 portraits grand format de 18 personnes du groupe occupant toutes fonctions ayant été sélectionnées sur les 18 000 employés France et monde et envoyées à NY pour se faire tirer le portrait… Portraits exposés à Paris Photo.

Aventure personnelle marquante, deux de ces femmes ont relaté la séance comme un moment intense et juste, une sorte d’accouchement de soi en ayant résulté, une aventure singulière et profonde a marqué les esprits.

Ces 18 visages, femmes et hommes, tous différents au delà de leur nationalité, sont photographiés simplement, sans artifice, ni maquillage, sans effet, à fleur de peau, dans un cadrage identique et une lumière studio « propre » si bien que, définition aidant, les lèvres et les yeux retiennent l attention… L’impression de naturalité est au premier chef, une direction artistique à atteindre, bien au delà d une photographie de commande, marquée Corporate, où l’enjeu est de photographier l’homme dans sa fonction, donc, en principe, plutôt la fonction où comment celle ci habite t-elle celle là, ou cohabite avec celle là.

Ici un visage quasi brut, sans retouche, grain de peau, rides, cheveux et expressions telles quelles, sont la base de l’opération photographique, Martin cherche le vrai visage sous le visage de circonstance, opération vérité en quelques sortes….sans complaisance, Martin enregistre présences et fixité du regard, bouches muettes, parfois interdites, yeux bien au centre du portrait. Aucune fuite du visage n’est permise, c’est un face à face, on peut comprendre que, se retrouvant dans ces positions d’être soi même, sans plus de make up, pour les femmes en particulier, sans embellissements programmés, au bord d’une forme de cohabitation, de confrontation à sa propre image brute, un conflit psychologique ait pu apparaître et que l’habilité de Martin Schoeller à déjouer ce conflit, lui ait permis, finalement d’accoucher ces visages d’eux mêmes, hors du regard social. Entreprise très salutaire à l’heure où toute une photographie cherche à masquer plutôt qu’à montrer, d’où également une forme d’émotion contenue dans l’ objectivation de ces visages, devenants aussi un peu plus étranges à eux mêmes, un peu plus extérieurs, pourrait-on écrire.

….Et c’est beau, esthétiquement, touchant en quelque point, de plus, une tentation anthropologique habite ces portraits qui se raccordent volontiers à toute une tradition de portraits ethnologiques. Il se dégage de chaque image un hommage discret à l humanité, à la communauté des hommes, de toutes races, de toutes couleurs, de toutes conditions. Les traits du sang ne mentent pas, et c’est selon, soit une force, soit une faiblesse.

Travail d’une grande pureté….peut être le sentiment du centrage systématique de la lumière reflétée au centre de chaque pupille, masque t il une lecture identique et identitaire top récurrente, le centre de l’œil et de l’iris ont disparu des yeux, ce qui est bien dommage, à moins qu’on ne l’interprète comme une signature cachée ou un marquage stylistique.
Quoique il en soit de ces portraits à la chromie neutre ,  les teintes et couleurs de peaux, couleurs des yeux, dessins des lèvres, tout signe marquant l’appartenance à une famille, un groupe ethnique, une nation, au delà des nombreuses antécédences et mariages, qui, au fil des siècles et de l’histoire ont marqué les générations et façonnés nos corps actuels, confirment le parti-pris du tout naturel. Martin Shoeller avance vainqueur en ces terres déjà conquises ..de quoi ne pas ternir une réputation largement acquise, bien au contraire…
INFORMATIONS PRATIQUES
Paris Photo
Grand Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
http://www.parisphoto.com
https://martinschoeller.com

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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