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Usual Heroes de Denis Bourges bientôt aux éditions de Juillet

Temps de lecture estimé : 4mins

Usual Heroes est un projet de livre, un de ces livres qui allient photographies et textes, une rencontre entre la photographie de Denis Bourges et l’écriture de Monica Ratazzi, une de ces expériences textuelles et photographiques réussies et nécessaires, une forme d’agir sur Los Angeles, cette ville cinéma, où chacun peut prétendre à s’emparer du champ social et à y jouer un rôle, ou, plus évidemment jouer la partition de l’intimité amoureuse.

Acteurs donc, quand la vie des passants dans la rue est un scénario en herbe, où l’oeil de Denis Bourges, toujours alerte, capte cet interstice entre la fiction, issue d’un rêve éveillé et la présence du flux des passants, ces acteurs probables dans le chant du réel, acteurs nés de cette vie sous le soleil des passions, des ambitions. Que manque t-il  au quotidien pour faire de cette journée de cinéma un petit plus excitant…?

Encore faudrait il imaginer ce que cette improbable fictionnalisation occasionne de silences, de secrets, d’invisible, Denis Bourges se propose, de l’imager, de la retenir, au souffle de la ville, dans l’interrogation des silhouettes traversant son champ visuel… Captant des situations assez fortes pour dire que ce lien n’est pas une hallucination ou même un fantasme, mais qu’il porte en lui l’occasion d’être singulier. Ainsi tout au long de cette journée particulière ces héros si communs sont ils à la recherche d’une invitation, d’un amant, d’une entrée  dans les grands studios, d’un souvenir d’enfance, une rançon ou un tribut payés contre la banalité des vies au quotidien. Banalités? pas si sur, c ‘est là que l’écriture de  Monica Ratazzi prend en charge les contenus fictionnels dans de petits textes assez immédiats, issus de la vie.

Il y va d’un secret et d’une trace, secretée par les lieux, la lumière, l’écoute de la légende du cinéma, aux sources des sensations, des senteurs, de la puissance des soleils, des corps qui filent, tels des météorites vers d’improbables rendez-vous, et qui passent là, devant lui, dans le secret avoué et ouvert de ces vies inconnues, mais respirées, entre-vues, entre-aperçues, laissant le photographe en alerte, ému, en éveil au poudroiement que laissent ces anges inconnus dans le sillage de leur passage. Et le texte vient merveilleusement allumer ces feux de paille qui soudain éclaire cette nuit en plein jour, en projetant dialogues et récits, mus par l’horloge ou s’inscrivent les heures, chronomètre  nécessaire afin de ponctuer ce temps fluide, presque liquide, lumières des météores, étoiles filant vers d’autres cieux. A chaque récit est porté cette heure, sorte de signature du temps, un décompte à rebours se fait contre et pour une mémoire qui délie la fiction du fantasme pour en inscrire la pleine puissance, la lente déclivité, la portée certaine. Car au fond, que voulons nous croire?    Quand un  ange passe…

Ces corps qui filent vers on ne sait quoi, passants happés par le soleil, à la dérive, possiblement agents de change, starlette, producteur, livreurs, secrétaires, en pleine course ou assis à la terrasse d’un “diner,” sous le bleu du ciel californien, théâtre et studio à ciel ouvert… Il se joue là, dans la ville des Anges, un rappel lointain des Chandler, Hammett, Elroy, Fante, Fitzgerald, écrivains de l’amour et de la haine, fauchés, désespérés ou plein de vie et d’entrain, faisant la fête, clochards célestes à la Kerouac, héros sortis des films noirs, barons des studios, étendant leurs emprises sur les peuples de jeunes comédiens, scénaristes, acteurs borderline, serveuses et personnels techniques, décorateurs, journalistes, chauffeurs … Scandales à répétitions éclatants dans les pages du Los Angeles Times, où un big Boss est soudain accusé de viols…

Et pourtant dans la rue tout est clair, en plein jour, ce en quoi le texte habite ces passantes en leur donnant une vie, en plongeant le lecteur, plus que jamais complice, en plein “dream”, en plein texte. La ville cinéma est en quelques sortes ce personnage central présent dans ce flux tangible ou cohabitent le quotidien et ce qui le traverse, une ville suscitant l’imaginaire, la fiction, le cinéma.

Le Crowfunding se termine demain, mercredi 22 Novembre et nos héros ont atteint l’objectif souhaité, mais vous pouvez encore devenir les parrains attentifs à la naissance du livre.

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Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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