Carte blanche à Ivane Thieullent : Les Rencontres Photographiques Albert-Khan

Pour cette seconde carte blanche, notre invitée de la semaine, Ivane Thieullent, nous parle des Rencontres Photographiques Albert-Khan qui auront lieu les 9 et 10 novembre prochain avec l’organisation de lectures de portfolios. Elle évoque notamment la décision de rendre accès à ses lectures payantes (10€ pour une rencontre) à l’heure où les photographes souhaiteraient plus de gratuité dans les participations aux prix, bourses ou autres lectures…

Après une expérience de 6 ans d’organisation réussie de Rencontres Artistiques pour l’association Carré sur Seine , en 2017, Sylvie Jumentier, présidente de l’association des Amis du Musée Albert Kahn, et que je remercie pour sa confiance, m’a missionnée pour mettre en place des Rencontres Photographiques pour l’association sous forme de lectures de portfolio. L’ouverture sur le monde, le respect de l’autre, le dialogue des cultures par la découverte des territoires et des populations, sont les premières valeurs qui fondent notre engagement bénévole dans la mise en place de ces deux journées annuelles de rencontres organisées au mois de novembre pendant le temps fort de la photographie à Paris.

Des rendez-vous individuels entre experts du monde de la photographie et photographes sont proposés. Responsables d’institutions, directeurs de festivals, rédacteurs photos, iconographes, fondations, de galeristes, journalistes, critiques d’art, journalistes , collectionneurs, curateurs, centres d’art, reçoivent les photographes afin d’étudier leur travaux. Ces rencontres permettent avant tout de partager un moment d’échange photographique et humain dans notre contemporanéité faite de numérique et d’écrans. Contrairement à un concours qui résiderait en un stérile envoi de dossier soldé par une e annonce de résultat sans retour pour les exclus du prix. Cela permet aussi de donner de la visibilité au travail réalisé, de recueillir des avis et des conseils professionnels, de bénéficier d’un œil extérieur, d’une appréciation critique, de décrocher de nouvelles opportunités, comme une exposition, une acquisition, une sélection en galerie, en festival ou dans une collection, un article de presse, ou bien de trouver un financement pour un projet ou encore d’être sélectionné pour un prix ou une bourse.

En effet, à l’issue des lectures, le jury composé des experts, présidé cette année par Christian Caujolle, sélectionne 10 finalistes, parmi lesquels un lauréat qui sera récompensé par une dotation de 5000 euros, plus 1000 euros pour des interventions, conférences ou ateliers, auprès du public du Musée Albert-Kahn. Je salue au passage le travail de Pierre Faure notre lauréat de l’édition 2018 pour la force l’authenticité et l’engagement de son travail. Mais aussi celui des deux mentions spéciales du Jury, Rémi Chapeaublanc et Arthur Crestani que nous aurions bien aimé aussi doter d’un soutien financier largement mérité.

La Ministre de la Culture Françoise Nyssen oeuvre pour une meilleure rémunération des photographes et notamment une rémunération systématique quand leurs photographies sont exposées par des institutions ou lors de manifestations culturelles. Je suis fortement engagée pour la reconnaissance des photographes et de leur travail et à ce titre, je ne peux que me réjouir de ces avancées menées par le ministère.

Cependant, ces derniers temps une polémique est née sur la gratuité ou non de la participation à nos lectures de portfolio .

Ces rencontres donnent lieu à des lectures de portfolio et non à une exploitation d’un droit d’auteur dans une exposition, un festival…. Il s’agit bien d’un service rendu aux photographes qui se solde par un soutien financier apporté à l’un d’entre d’eux. Nous souhaitons à terme pouvoir offrir plusieurs soutiens financiers à plusieurs d’entre eux et ce à chaque session.

Après mûres réflexions et une tentative de gratuité, nous avons fixé à 10 euros de frais de participation pour une rencontre avec un expert. 

Nos rencontres sont organisées de manière désintéressée. Chaque photographe ayant participé se voit attribué en retour une carte de membre de l’association et à ce titre peut demander à consulter la publication de nos comptes. Il pourra donc voir que les recettes issues des paiements des séances de lectures par les photographes représentent 30 % de notre budget contre 70 % pour les apports en bénévolat.

Pour ma part, je suis galeriste et je gère également une banque d’images. Or, je fais venir des collectionneurs et des galeries, des éditeurs et des iconographes, donc je me prive de mon métier et des talents que je pourrais dénicher durant ce temps pendant lequel je permets à des photographes d’être en contact direct avec des acheteurs potentiels.

Par ailleurs, la qualité des experts qui font eux aussi gratuitement le déplacement pour deux jours est une opportunité rare et précieuse mise entièrement à la disposition des photographes. Notre centre d’intérêt est de placer l’humain au cœur des relations dans un système simple et solidaire où chacun met un peu du sien pour une belle réussite collective au service de la photographie.

La demande de frais de participation est aussi corrélée à la demande d’engagement de la part du photographe. En effet, lors de lectures gratuites, un certain nombre de photographes font faux bons à la dernière minute à des experts de renom, alors que leur temps est précieux et que ses places gâchées le sont aussi pour d’autres candidats qui les convoitaient. Nous sommes conscients que cette dépense de 10 euros par séance peut heurter certains candidats et nous espérons que les soutiens financiers de mécènes que nous recherchons nous aiderons à diminuer de moitié le montant de frais de participation. C’est notre objectif.

Les rencontres sont une mécanique bien huilée qui demandent de très nombreux jours et heures de travail que chaque personne donne en sus de son propre métier. Notre volonté est que ces rencontres soient toujours enrichissantes et récompensées par des retombées et des aides différentes, avis, conseils, sélection dans des festivals, exposition, acquisition dans des collections ; portfolio publiés, accompagnement personnalisé, etc.

Nous remettons une bourse, comme le faisait Albert Kahn, dans un esprit de soutien et non de compétition. Il ne s’agit pas d’un concours. Nous souhaiterions d’ailleurs multiplier les soutiens moraux et financiers pour accroître notre accompagnement aux photographes de 38 nationalités différentes que nous recevons.

Nous avons d’ores et déjà pris contact et rendez-vous avec de potentiels mécènes impliqués dans le soutien de l’engagement et espérons bientôt pouvoir avec leur aide multiplier le nombre de bourses à offrir au sein d’un même édition.

Comme dans tout projet il est important d’exister et de faire ses preuves avant de demander de solliciter des fonds afin de rassurer les entités susceptibles de nous soutenir financièrement. Cela ne pourra se faire qu’avec la participation des photographes garants de la qualité des travaux et engagés auprès de nous dans l’accomplissement de cette belle entreprise. C’est ensemble que nous pourrons donner une belle dimension à ces rencontres et faire naître de nouvelles sources de financement pour les photographes.

Photographes : il est encore temps de vous inscrire à ces rencontres jusqu’au 20 octobre, envoyez-nous vos dossiers à rencontresphotographiquesamak@gmail.com

Voir les modalités d’inscription

Sponsors et mécènes séduits par notre démarche , n’hésitez-plus ! Rejoignez-nous pour permettre le développement de la photographie humaniste, engagée et patrimoniale. Sauvegarder et mémoriser le patrimoine matériel et immatériel par l’art de la photographie est un challenge pour lequel nous avons besoin de tous les soutiens ! contact@amisdumuseealbertkahn.com

Illustrations photographies de Pierre Faure lauréat de la bourse des amis du Musée Albert Kahn 2018 – série : la France périphérique
Depuis 2015 il documente la montée de la pauvreté en France, en privilégiant les zones rurales et péri-urbaines. 

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