EvénementsL'ActuPhoto

Rencontre avec Olivier Sergent autour de l’exposition des Black Panthers de Stephen Shames

Temps de lecture estimé : 5mins

Aujourd’hui, nous partageons avec vous la suite de l’article de Pascal Therme publié hier, sur l’exposition « Power the People The Black Panthers » de Stephen Shames présentée à la Maison Folie Moulins de Lille. L’occasion également d’écouter la rencontre avec Olivier Sergent, directeur des Maisons Folie.

L’exposition et la puissance du travail de Stephen Shames atteint sa pleine compréhension, sa pleine puissance, dans le relais enthousiaste que sa photographie établit entre sa propre voix et celle de tout un peuple, de tout un mouvement et notamment, encore plus actuelle, dans la possible germination d’un retour à cette fureur politique noble, ayant soif de justice, d’équité, de liberté… Les Black Panthers sont bien des héros modernes, des militants révolutionnaires du Nouveau Monde, combattant au delà de toutes les injustices le système capitaliste qui en est la cause et qui dévoile sa sauvagerie, son indécence, sa bestialité dès que l’illusion démocratique, habilement orchestrée, cesse de fonctionner comme régulateur de l’exploitation et de la domination.

La Marchandise s’impose comme une dictature dans la réification et l’abolition de toute notion de sujet. L’américain, hors du premier acte politique qui l’établit en tant qu’américain, dans l’ordre « BUY », ne peut se saisir en tant qu’être pleinement libre; un simulacre de liberté lui est octroyée à travers le prisme du faux semblant démocratique, le consumérisme établissant l’Avoir sur l’Être… Cette liberté se renouvelle dans l’acte insurrectionnel où elle refonde toute la notion de Sujet, sujet de l‘Histoire et fiertés de  se sentir Homme Libre …

C’est au fond toute l’énergie révolutionnaire des Black Panthers, qui se consacrent totalement au projet de ne plus être les victimes du super White Power, mais les acteurs de leur propre liberté. C’est pourquoi Ils deviennent ces Héros du quotidien, que sublime et raconte la photographie de Stephen Shames. L’exposition montre beaucoup de manifestation pour la libération des différents membres du groupe incarcérés, sous de fausses dépositions. Ici Huey Newton, membre fondateur, accusé du meurtre d’un policier.

« La révolution a toujours été entre les mains des jeunes. Les jeunes seront toujours les héritiers de la révolution. » — Huey Newton

Stephen Shames Power to the people © Pascal Therme 2018

L’exposition est connue aussi, au delà de son manifeste politique, comme une propédeutique didactique sur tout ce que fit le BPP pour la communauté, que ce soit  Free Breakfast for school children program, ”le programme des petits déjeuners; “aucun enfant ne devrait aller à l’école la faim au ventre” Bobby Seale, les soins gratuits, l’éducation, la Justice, le droit.

L’exposition connaît donc cinq chapîtres , Diriger, Rassembler, lutter, communiquer, protéger. Elle se nourrit de toute situation, événement, photographié et raconte….dans cette transparence subjective, tout ce qui est entré dans le champ révolutionnaire de l’Histoire.

La clarté formelle des cadrages, la pertinence des points de vue, depuis l’intérieur des manifestations, la parfaite maitrise de  la lumière, libèrent la parole profonde du photographe, dont l’oeil est toujours pertinent pour ne pas s’imposer. Aucun effet, aucun signe parasite, aucun tic ne viennent troubler une photographie claire, offrant sa transparence à la portée des faits comme au relais de cette voix intérieure, noire, vibrante, conquérante, sensible, signes de toute l’adhésion et la portée de l’engagement du photographe. Cet oeil est le relais de l’Histoire, une Camara Clara, un regard clair, de ce que furent ces héros, ces symboles d’une révolte, ces artisans d’un contre-pouvoir juste, se heurtant sans cesse à la violence de classe du pouvoir blanc.

Les faits tragiques sont exposés ici pour que nous aussi, en soyons témoins. Un relais se fait au delà des tentatives de museler l’aspiration de se dresser contre les injustices: une libération de la parole est en cours. merci à Stephen Shames, à The Red Eye, à La Maison Folie Moulins… 

http://maisonsfolie.lille.fr/
http://the-red-eye.fr/
https://www.saveca-artandpaper.com/portfolio/power-to-the-people-black-panthers/

A LIRE :
Power to the People de Stephen Shames – L’exposition continue son itinérance à Lille
Stephen Shames, dans les coulisses des Black Panthers
Stephen Shames et Henri Dauman : Une saison américaine au Musée Nicéphore Niépce
Carte blanche à Audrey Hoareau : Immersion au coeur des Black Panthers

INFORMATIONS PRATIQUES

Missing Event Data
Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

    You may also like

    En voir plus dans Evénements