Désert Mauve

Dans Le Désert Mauve, l’autrice québécoise Nicole Brossard imagine une histoire dans laquelle son personnage, Maude Laures, traduit le roman d’une écrivaine fictive, Laure Angstelle. Trouvé par hasard, ce premier livre raconte les escapades nocturnes d’une adolescentes ur les étendues arides et sablonneuses du Nouveau-Mexique.

En regardant conjointement les photographies d’Isabelle Scotta et d’Ekaterine Kolesnikova, les paysages vides, tantôt violacés par la lune, tantôt d’un lilas éclatant, sont un premier élément qui rappelle le roman de Brossard. Mais on est aussi séduites par l’idée que l’union de ces deux univers esthétiques, harmonieuse sans être redondante, évoque la traduction d’une sensibilité par une autre- sans que l’on cherche à savoir qui interprète qui.

Entre les images de L’Archipel (2018-2019), où l’on aperçoit les îles du Frioul, « une sorte de microcosme, une entité vivante, minérale, où la présence humaine se fait rare », t Morning cames too soon (2020-2021), récit visuel d’une retraite enneigée au village natal, un curieux mélange entre inquiétude et sérénité, attention au détail et flottement apparaît. Ce sont comme les éléments d’un même conte équivoque -celui d’une langueur, parfois moite et parfois glaciale – qui s’organisent en deux langages, deux syntaxes fortes qui trouvent à se répondre.