Août, 2020

FREESTyLE = CLAQUEMENTs DE CUISSE

sam29aou(aou 29)10 h 00 minsam26sep(sep 26)19 h 00 minFREESTyLE = CLAQUEMENTs DE CUISSEHendrik Hegray Galerie Valeria Cetraro, 16, rue Caffarelli 75003 Paris

Détail de l'événement

UN TITRE ET SA JUSTE MYSTIFICATION.
D’abord il y a des images libres, des icônes photographiques en FREESTyLE, libre de droit, ensuite il y a ce qu’elles représentent, ou peuvent représenter, selon mon désir, selon mon bon plaisir : un claquement de cuisses.

VISIONS, SUEURS.
De ce fait, dans cette exposition, il y a les images tout autour de nous et en nous, alors ensuite seulement la contamination arrive avec son lot intempestif, le facteur humain : c’est la sueur de l’action de l’artiste. Comme la mince différence entre une chemise propre et une chemise portée, la sueur est passée par là. Une différence infra-mince mais de taille pour ceux qui savent.

LUNA-PARK, PARC À THÈMES ET SYSTÈME DU TRAITEMENT DES EAUX.
L’expo est comme une pleine lune à la Foire du Trône. Visions nocturnes dans un parc. Un parc composé de plusieurs activités : il y a la grande roue, the Wall; un ensemble de photographies format A4 en portraits disposées sur un grand mur. Il y a la femme à barbe dans l’arrière fond, ce sont les Collages; productions qui mettent en avant des corps dans une position d’exhibition. Plus loin, il y a un film-vidéo qui nous intime de nous souvenir; nous sommes voyeurs dans un flot de mémoire : le cinéma a commencé aussi dans une foire. On diffusera la vidéo depuis un moniteur devant 2 bons gros fauteuils. Et puis il y a quelques Catalogues, disposés ça et là, pour tenter de nous faire comprendre, attendre ce qui ne viendra pas. : le traitement systématique du flot des images.

BAD DRAWING ET BAD SHOOTING SONT SUR UN BATEAU…
HH : « — Plus aucun traitement a posteriori des images, elles valent pour ce qu’elles sont: des photos low-tech prises en 2011 / 2012 avec un Nokia primitif. » On pourrait tisser une ligne méridienne historique sur les interventions d’artistes utilisant leur vie pour sujet photographique : DUCHAMP-KLEIN-FICHLI&WEISS-GUIBERT-MESTE-SOBAC-HEGRAY

WELCOME TO PLEASUREDOME
Mais Regardons de plus près ces images prises avec ce vieux Nokia, juste pour voir entrons dans l’espace. Quelles sont ces photographies qu’a disposées Hendrik Hegray? On perçoit quelques personnages dont on imagine le partage avec l’auteur d’une intimité, et des espace de vie démontrant la collusion entre travail et vie privée. Il s’agit d’inscrire l’intime dans le contexte. La vie privée de vie privée.

UNHEIMLICH PLASTIC
HH:—« Les photos prises pendant cette période (2011/2012 nda) ne correspondent à aucune causalité ni préméditation. Elles correspondent seulement aux photos que je prends habituellement dans mon environnement du moment avec le matériel que je possède. Rétrospectivement ces photos constituent pour moi un corpus d’une grande valeur, à la fois document d’un segment de ma vie et par leur plasticité étrange. (…) »

DOUBLE B(L)IND ou LA DOUBLE OCCLUSION VISUELLE.
« (…) Double rupture : visuelle, le médium étant cette fois-ci uniquement la photographie; temporelle, elle renvoie directement à une époque révolue, figée dans le passé. Ma motivation de montrer ces images découle d’une volonté à nouveau (…) de manipuler des éléments de mon propre passé. Associé à des collages et d’autres oeuvres très récentes, cet ensemble accentue le désir de provoquer des allers-retours temporels. »

DES ALLERS-RETOURS TEMPORELS : DOWNGRADING DU TEMPS PRÉSENT.
HH n’est pas le premier et certainement pas le dernier, mais on constate la singularité de cette praxis, monstration d’éléments déjà utilisés, déjà montrés. Et dans ce principe d’alternance, de recyclage, le dispositif employé se stabilise de manière encore plus prégnante dans le temps présent.

« MY LIFE IS MY WORK » : DE L’ESTHÉTIQUE DE LA BANALITÉ.
Hegray reprend cette idée des années 1990, on se souvient de Georges Toni-Stoll ou Nan Goldin, voire Mark Morrisroe ou Philip-Lorca diCorcia pour la façon dont tous ont eu pour base antiesthétique du banal, la documentation du quotidien (les finalités sont bien sur différentes) pour photographier quelque chose de nouveau.

LE PARAPLUIE AVEC UNE MACHINE À COUDRE : LE CHAOS ET LE QUOTIDIEN.
chez Hegray, on dénote tout particulièrement dans l’utilisation du médium photographique une propension a inscrire le réel dans son geste quotidien vers une perspective de grande abstraction.
Ce dont certains ne perçoivent pas, c’est qu’elle est en mesure avec une dimension proprement cosmique. On pourrait surnommer cela le Chaotidien. Ce néologisme prend racine depuis longtemps dans son travail , autant que dans la présentation du dit travail.

PRAXIS VERSUS BIOGRAPHIE : PROUST CONTRE SAINTE-BEUVE
Plusieurs gestes se réfèrent à la production qui nous est montrée : l’assemblage de photographies.
D’abord il y a les images qui vont constituer la matière première de ce qui sera portée à notre connaissance, ensuite le régime dans lesquelles elles peuvent être présentées : Wall, collage, film.
On se dit que l’ordre de succession des images peut paraître aléatoire, HH pourrai très probablement proposer un autre agencement d’ailleurs, puisque la signification des images prend sens, plus de la façon dont elles sont assemblées que de leur signification intrinsèque. Même si on peut reconnaître des compagnons de route sur ces portraits, d’un seul coup l’aspect personnel de la vie de l’artiste, sa biographie, prend une importance délétère. Proust contre Sainte-Beuve. On ne peut justifier le geste de l’artiste par cette seule inscription biographique et ici, dans cette matière, la beauté prévaut lorsque ces images personnelles rejoignent l’ensemble.

LA BEAUTÉ COMME INJONCTION D’ÉLOIGNEMENT.
Sortie de la provocation de ce titre, on se trouve cerné dans la tentative de concevoir esthétiquement ces images dans cette exposition. On semble contraint de fuir au principe traditionnel de la beauté. Avec évidence, ces images face à nous heurte le dit bon gout.

CIRCULEZ IL Y A RIEN À VOIR.
Ces images provenant du Wall, des collages ou bien du montage vidéo n’ont rien à vendre, affirmerait un spécialiste en visuel de pub. Il y a une propension chez Hegray, à remiser les canons classiques dans des endroits reculés, hors d’atteinte du tout commun. Il transforme, transmute l’ acte de photographier low-tech en un acte supérieur. C’est presque une attitude de dandy qu’on pourrait subodorer dans le mouvement humoristique à désigner la banalité, mais surtout on pressent une détermination à produire des images totalement irrécupérables, en cautionnant l’adage du principe de délicatesse.

FAUT-IL BRÛLER HENDRIK HEGRAY?.
UNCANNY RATED « R ».
ses conceptions en matière de bon goût peuvent surprendre, tant il se plait à ravir vers d’étranges limites ce qui constituent nos propres repères. Il a un amour invétéré pour l’informe, et pour l’obscénité de ses images dont l’obsolescence programmée est intégrée; on peut la croire fortuite et superficielle, mais la recherche de l’obscène relève en fait d’une véritable ascèse et d’une réflexion sur notre monde spectaculaire, éprouvée paradoxalement par sa pratique instinctive de la sélection.

HONKY-TONK LIGHT MAN.
C’est dans cette logique toute apparente qu’il se méfie de tous schémas narratifs qui viendrait faire sens, nous délivrer d’un message, il laisse cela à la fascination des parcs à thèmes, Luna-Park qu’il ne dénigre pas, bien au contraire. Sous le bordel apparent de la glorification de l’authentique sous-culture répugnante —à l’instar d’un « claquement de cuisses » qui le confirme—, l’esprit scandaleux d’Hendrik Hegray veille et cache des trésors d’une lumière éblouissante.

UNCANNY RATED « X ».
le principe de délicatesse, cité plus haut, se constate aisément dans la nature de ses collages. On devine par déchirements, décadrements, attaches, le jeu subtil du perçu et du non-perçu la force érotique de la suggestion. On peut même convenir ici à disposer des éléments de rapports de domination placé comme pouvoir parallèle de production.

RAPPORTS DE CLASSE ÉROTIQUE : MISE À L’ÉPREUVE.
On retrouve dans les collages, disposés en double non frontalement les signes d’une présence/ absence du désir lié au corps. Ainsi la casquette en cuir dans « Entrée dans l’artiste », ainsi la disposition en éventail des magazines BDSM dans « Gonzo Panini ». On se joue de nous, tout est bon quand il est excessif disait un vieux : on nous montre de l’immontrable, sans pour autant le montrer! Pratique du Waxplay dans « Purple Wax », ou bien encore le masque en cuir dans « Bonny Tylerfish » qu’on devine seulement car le sujet est shooté en profil perdu. Alors les non-initiés à la pratique du masque ou du face-sitting, peuvent passer aisément leur chemin sans avoir vu ce qui devait être vu, attardant le regard sur autre chose, de plus obscène, de plus évident : une sardine érectile venant narguer la chevelure blonde, on imagine l’odeur s’en imprégner.

ÉROTISME ANESTHÉSIQUE ≠ ÉRÉTHISME
C’est le parcours de la violence des images et de son double jeu, classique autant que caduque. Soit les images perçues dans cet espace nous anesthésient, répondant à l’excès, contre cette irritation sollicitée , soit elles nous suscitent, aussi la correspondance est donc établie tout autant.

HARDCORE CLASSIC
on a compris que Hendrik Hegray peut fait faire feu de tout bois. Ce qui importe pour lui c’est le geste, de celui qui choisit, déplace, sélectionne. L’art se retrouve dans sa fonction la plus stricte, la plus restreinte. L’origine, la référence, la conséquence, bref tout ce qui fait Culture, tout ce qui est bordé de nouilles n’est même pas rejeté, il est juste désactivé, dévitalisé, offert en guenilles, ruine des images devant notre regard. Au final, cela nous enjoint à nous questionner :

QUI EST-IL? D’OÙ VIENT-IL? FORMI-DABLE ARTISTE DES TEMPS NOUVEAUX!
Il possède encore l’allure et l’énergie tenace, révoltante et révoltée d’un jeune homme. Faire sa rencontre suscite des sentiments contradictoires, mais ne laisse jamais indifférent. Sous son flegme, un humour corrosif et hâbleur. HH s’avère d’une franchise déconcertante.

BRUTALE ÉCHAPPÉE DE L’ASILE DES CATÉGORIES
Hendrik Hegray dessine, voyage, joue du piano debout, enregistre sous des pseudonymes divers le son caractéristique du rouleau de scotch qui se dévide, fait des collages à partir de photos perdues, des flyers à partir de rien et des pochettes comiques de disques. Il rature, peint, biffe et expose, s’occupe d’un label de vinyls noise, rock abrasif expérimental ou technoïde, et il a co-fondé (avec Jonas Delaborde) NAZI KNIFE et FALSE FLAG, deux graphzines collectif international — USA, Italie, UK, Finlande, Japon, Jamaïque, France…— dont l’importance historique se confirme quant à incarner les conséquences d’un art dégénéré, bref on ne peut se résoudre à classer Hendrik Hegray dans une quelconque catégorie isolée. Cela fait d’ailleurs presque 15ans qu’il évite soigneusement toute étiquette liée à ses activités. Gardons en mémoire son style et le mouvement de cet évitement car ce sont des éléments fondateurs qui font que la politique de sa production soit irrécupérable, tant sur un plan esthétique, théorique que médiatique.

PES*

Dates

Août 29 (Samedi) 10 h 00 min - Septembre 26 (Samedi) 19 h 00 min(GMT+00:00)