Mai, 2019

Retenir la Nuit

jeu09mai(mai 9)14 h 00 minsam08jui(jui 8)19 h 30 minRetenir la NuitExposition CollectiveGalerie Insula, 24 rue des Grands Augustins 75006 Paris

Détail de l'événement

La Galerie INSULA est heureuse de présenter du 9 mai au 8 juin 2019 le travail photographique de trois femmes pour RETENIR LA NUIT.
Que peut la photographie, art de la vue et de la lumière, au moment de nous donner à voir l’obscurité ? Comment traduire en image ce que l’oeil parvient à peine à appréhender ? C’est précisément ce qui fascine ces trois artistes, se confronter à l’inconnaissable, à l’insaisissable, aller au-delà du sensible pour accéder à une autre dimension où la frontière entre visible et invisible est abolie.
Les trois artistes présentées partagent la même approche poétique de la photographie et sont chacune à leur façon des exploratrices de la matière photographique, chacune la manipule grâce à de multiples outils, comme pour mettre l’image à distance pour mieux la déréaliser et laisser entrevoir le mystère.

La ‘Noctambule’ de Caroline Polikar est une promenade intérieure entre sommeil et éveil, un cheminement de l’intime où les images surgissent à la lisière du rêve et du souvenir. Réalisées en noir et blanc et en pose longue, ses photographies s’inspirent à la fois de la graphie des songes et de la persistance rétinienne, cette capacité de l’oeil à superposer une image déjà vue aux images que l’on est en train de voir. Sous les pas de la narratrice, les images de la Noctambule traversent des pièces solitaires éclairées par la lueur de la lune et s’ouvrent sur les paysages énigmatiques d’un petit matin. Tout semble flotter dans un bain d’irréalité et l’unique présence humaine nous apparaît derrière le filtre d’un miroir ancien qui vient troubler encore la perception de l’espace et du temps.
À travers cette déambulation onirique dans les méandres de la nuit, Caroline Polikar interroge avec délicatesse notre mystérieuse présence au monde.

Anaïs Boudot travaille aussi au coeur du secret. De retour de résidence à la Casa de Velázquez à Madrid en 2017, elle inaugure avec ‘La Noche Oscura’ un nouveau corpus d’oeuvres. De denses tirages noir et blanc traquent la lumière dans la nuit la plus obscure.
Sur les traces de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, elle traverse les paysages et les villes d’Espagne à la recherche de visions, de lieux de passages, d’architectures oubliées.
Des escaliers qui n’aboutissent nulle part, des colonnes qui émergent du noir et réverbèrent une lumière irréelle. La nuit d’Anaïs Boudot est noircie artificiellement et absolument, pour lui rendre une puissance nouvelle, celle de la nuit mystique où toute image ne peut-être qu’image intérieure. . « Ses photographies — en des manipulations et étapes successives, numériques et argentiques, leur accordant un grain et une indéniable picturalité — portent en elles une densité baroque qui les constitue, créant des zones de flou, des noirs d’encre, des nuances de gris, et des apparitions […] »
Sur ces mêmes chemins empruntés par Thérèse d’Avila, Anaïs Boudot propose avec la série La Noche Oscura de faire l’expérience du secret des lieux de passage vers une vérité inaccessible.

Avec ‘Les Nocturnes’, Juliette Agnel nous confronte à la vision de l’infiniment grand et c’est une nuit cosmique, entre réalité et fiction qu’elle nous donne à contempler lorsqu’elle photographie le désert espagnol des Bárdenas et les hauteurs des Pyrénées. Délaissant pour la première fois sa camera obscura numérique, l’artiste s’installe un été dans ces parages solitaires, photographiant les étoiles la nuit, puis des espaces vides pouvant les accueillir. Elle s’autorise ensuite à assembler les deux images.
Les paysages sont presque irrationnels dans leur dénuement absolu, « des lieux devenant des non-lieux, à la fois chaos et cosmos, transcendant la réalité, chargés d’une symbolique cosmique et mystique » explique l’artiste. « La découpe des montagnes dans le ciel bleuté, la rugosité des sols, l’absence d’humanité, les rares lunes nues et les étoiles par milliers, concourent à créer une inquiétante étrangeté […] Cela est renforcé par la présentation, dans des caissons lumineux, de ces lucioles brillants dans la nuit.[…] Il ne s’agit pas ici de simples paysages, mais de la création d’une immersion. »
Les images de Juliette Agnel nous plongent dans une nuit immense et sublime qui par une magistrale épure formelle confine au vertige métaphysique.

Dates

Mai 9 (Jeudi) 14 h 00 min - Juin 8 (Samedi) 19 h 30 min(GMT+00:00)

Galerie Insula24 rue des Grands Augustins 75006 ParisDu mercredi au samedi de 14h à 19h30