Structure

À l’occasion de la sortie du livre Structure, photographies d’Isabelle Boccon-Gibod et texte de Daniel Mendelsohn, paru aux Editions Hemeria, le salon H expose les oeuvres de l’artiste, et organise une série de rencontres et débats du 12 juin au 17 juillet 2021.

« Quels liens entretiennent les membres d’une même famille, et comment l’image que nous renvoyons aux autres révèle-t-elle – ou occulte-elle – ces structures relationnelles ? En quoi les rôles que nous leur supposons trahissent-ils les réalités affectives et les complexités des vies vécues ? (…)

À travers ces portraits de famille, Isabelle Boccon-Gibod réfute la nécessité même de cataloguer ou d’identifier les individus que l’on regarde. Au lieu de céder aux satisfactions narratives (…) elle apporte une esthétique austère, qui, à l’examen, confère peu à peu à chacun de ces portraits un sens profond et unique, dévoile sa propre identité forte ». Daniel Mendelsohn

Il semble en effet au premier regard que les photographies de l’artiste s’inscrivent dans une tradition bien balisée. Chaque famille conviée s’étant soumise au même protocole strict, qui semble déterminer qui sera assis, où viendront se placer les enfants, les postures autorisées, tout cela afin de laisser une trace à la postérité, célébrer un même air de famille, l’appartenance à un même clan, la pérennité d’archétypes.

Mais la répétition d’un même cadre, d’une gestuelle minimale, d’expressions volontairement neutres, que seule la combinatoire induite par le nombre d’individus composant la famille présentée vient briser, conduit à la fois à s’interroger sur chacun des membres de cette famille, et plus largement sur ce qui fait lien.

« Le fait est qu’en contraignant le spectateur à bâtir un récit sur les postures, les couleurs, les agencements de groupe qu’il contemple, cette oeuvre nous renvoie aux structures auxquelles nous recourrons inévitablement pour décrire ce que sont les familles : génétiques, affectives, narratives ». Daniel Mendelsohn Le travail de l’artiste repose donc sur une déconstruction subtile des modèles auxquelles nous recourrons intuitivement pour penser ce qui fait famille : ressemblances, héritage, transmission, place assignée, lien de sang… Pères, mères, enfants ? Qui sont-ils en réalité ? Quels sont leurs liens, leurs rangs, leurs rôles ? Comment les réponses qu’ils vont apporter à ces questions vont impacter leurs comportements, leurs rapports au monde, leurs manières de penser, et déterminer la quête qui sera la leur, ou non ?
Et nous, que croyons-nous et que voyons-nous ? Autant de questions qui vont déterminer la construction d’un récit familial prétendument naturel, et forcément fictionnel, que l’intensité des photographies d’Isabelle Boccon-Gibod explore avec acuité.

Fidèle à sa vocation d’ouverture, le salon H a souhaité que ces « portraits de famille » soient l’occasion d’une réflexion critique sur la représentation photographique, et l’histoire du portrait de famille, et plus largement, le déclencheur d’un questionnement transversal sur ce qui fait famille.
Nous avons donc décidé d’inviter à dialoguer écrivains, philosophes, historiens, critiques d’art, juristes, psychanalystes et médecins.
Durant cinq semaines tables rondes, débats et rencontres auront lieux dans la galerie en écho aux photographies exposées.

Nathalie Azoulai, Bélinda Cannone, Camille Laurens, Eric Marty, Arnold Munnich, Bruno Perreau, Pierre Zaoui, et bien d’autres, seront parmi nous, avec leur point de vue et leur expertise, pour donner des éléments de réponse aux questions soulevées par Isabelle Boccon-Gibod et Daniel Mendelsohn.