Juillet, 2021

Un monde dans la main

jeu01jul12 h 00 minsam25sep(sep 25)19 h 00 minUn monde dans la mainYamamoto MasaoGalerie Camera Obscura, 268 Boulevard Raspail 75014 Paris

Détail de l'événement

Nous avons le plaisir d’annoncer notre prochaine exposition de l’artiste japonais Yamamoto Masao. Exposition qui s’inscrit dans une riche actualité puisqu’au même moment son travail sera accueilli par le Musée Stéphane Mallarmé à Vulaines sur-Seine et par La Fabrique du pont d’Aleyrac à Saint Pierreville (Ardèche) qui publie en collaboration avec la galerie Camera Obscura le livre «Son album », (photographies de Yamamoto Masao, texte de Marie-Hélène Lafon, Filigranes éd.).

L’exposition présentée à la galerie Camera Obscura s’appuie principalement sur le récent travail de Yamamoto sur les bonsaïs, réunis dans un très beau livre publié en 2019 par T&M Projects (Tokyo). Son titre japonais, ⼿中⼀滴(Shuchû Itteki), littéralement «Une goutte d’eau dans la main », évoque la notion, commune à la philosophie occidentale (de l’Antiquité à la Renaissance) et à la pensée animisme japonaise, du microcosme et macrocosme. Pensée qui fait correspondre la totalité (macrocosme), à une infinité de modèles réduits (microcosme) qui lui répondent et d’une certaine façon, le contiennent. Ainsi la goutte d’eau dans la main contient le monde, autant qu’elle le reflète.

Le bonsaï, arbre de la taille d’une jeune pousse qui porte cependant tout les signes d’une antique existence, est une parfaite représentation de cette notion. Fruit d’une longue histoire, il est plus qu’une prouesse de culture : plutôt une image concentrée du temps et de la vie.

D’une certaine façon, la photographie de Yamamoto, depuis ses débuts, est à cette image. Concentrer dans un détail, fût-il d’apparence anodine, l’essence d’un regard, d’une présence au monde… Et réussir à la partager par le truchement d’un petit rectangle de papier sensible que l’on peut tenir dans la main.

Afin de réaliser ce projet sur les bonsaïs, Yamamoto s’est rapproché d’un grand maître de cette discipline, Akiyama Minoru, qui lui a permis d’emprunter et d’installer certaines de ses pièces les plus rares dans la nature ou dans son studio.
Le résultat est certes d’une beauté formelle qui rend hommage à ces magnifiques objets, mais, ainsi que l’écrit justement Masaki Fujihata (artiste contemporain, professeur à l’université des arts de Tokyo) dans un texte sur ce travail : Yamamoto a utilisé le Bonsaï comme motif non pas parce qu’il voulait photographier le Bonsaï. Le bonsaï (ou les racines d’un arbre, ou le chemin d’un animal, ou un verre vide) était là, et puis, avant qu’il ne s’en rende compte, il avait la photographie en main. Il semble que sa photographie si particulière soit née du fait qu’il accepte le monde et croit en lui, témoignant dans son travail à la fois de son admiration pour quelque chose qui le dépasse et du caractère absolu de la nature.
En d’autres termes, dans l’esprit de Yamamoto, l’acte de « photographier » fait partie de la vie quotidienne et une preuve de vie (ou 気«ki») s’imprime naturellement dans la photographie.

On ne doit donc pas regarder ces images uniquement comme une variation sur le bonsaï mais plutôt les considérer dans la continuité de l’oeuvre que Yamamoto construit depuis trente ans et dont il tentait de cerner l’essence dans la préface de son livre Small Things in Silence : «Quand je regarde en arrière, je me rends compte que le seul motif cohérent de mon travail est mon obsession pour les petites choses. Je ressens de la joie quand je découvre des choses apparemment insignifiantes et que l’on néglige facilement. »
Certes, les bonsaïs du Maître Akiyama Minoru sont des objets précieux, mais la continuité existe bien avec les séries Shizuka, Kawa et Nakazora : évolution cyclique qui se déploie autour du même axe, celui d’un émerveillement intime devant le monde, devant une goutte d’eau que l’on tient au creux de la main.
Microcosme et Macrocosme

(Fermeture annuelle au mois d’août)

Dates

Juillet 1 (Jeudi) 23 h 00 min - Septembre 25 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00)