Bouts du monde

Photo : Richard Pak, « Alderney I », série Le voleur d’îles, 2024

Après la fleur, l’oiseau et l’arbre voici que l’exposition d’été au Château de Flamanville est dédiée à l’île. Partant de la proximité des îles anglo-normandes perçues à l’horizon, l’exposition Bouts du monde réunit six artistes dont les travaux – photographies, film d’animation, sculptures sur papier, peintures – explorent ce vaste territoire de projection que constitue l’île.

L’île de notre enfance est volontiers déserte, vierge, habitée d’espèces animales fascinantes et parfois un peu effrayantes. Adulte, on la découvre territoire convoité, traversé d’histoires humaines de domination et d’exploitation. C’est cette dualité que propose de restituer l’exposition Bouts du monde, en un parcours reliant terres imaginaires et réalités géographiques.

Accostez dans un premier temps sur les îles refuges de la peintre Morgane Fourey, peuplées de présences surréalistes. Les dépassant, découvrez les sculptures sur papier d’Agnès Frégé dont les contours déchiquetés et les géographies bleutées rappellent ces îles anglo-normandes le long desquelles elle naviguait enfant. C’est encore cette île lointaine, sujet de projection et objet de fantasme, que collectionne le photographe Richard Pak se muant en « voleur d’îles ». C’est à l’abordage de l’île, terre de conte et de fable, que part l’artiste néerlandaise Josephina van de Water dans un film d’animation mettant en scène quelques animaux, habitants pionniers sur une île de papier, rapidement aux prises avec des conflits de territoire et de pouvoir. Ce sont ces mêmes enjeux que polarise Rockall, petit bout de rocher situé dans l’Atlantique Nord que l’Irlandais Garry Loughlin réinvente. La traversée se poursuit avec celle de Richard Pak vers l’île Tristan da Cunha, son utopie première et ses réalités contemporaines, pour finir le voyage vers cette terre du bout du monde où nous emmène Elliott Verdier, aux confins du Détroit de Béring.

Une exposition conçue par le Centre photographique Rouen Normandie.

En écho à l’exposition, un voyage cartographique insulaire et subjectif à travers les collections de la Bibliothèque nationale de France et d’Internet Archive est proposé dans le parc du Château.