Olivier Joly Miðhálendið

Le cœur géographique de l’Islande, qui représente près de la moitié de sa surface, est constitué d’immensités désertiques et inhabitables. Aux portes du cercle Arctique, ces montagnes, vallées, canyons, cratères, glaciers, cascades, lacs et rivières… ont été forgés par des millénaires d’aléas telluriques et climatiques. Isolée du reste du pays neuf mois par an, abritant un minimum d’infrastructures humaines, cette région est appelée Miðhálendið (Hautes Terres centrales) par les Islandais. Ses paysages, à la fois spectaculaires et austères, paisibles et inquiétants, sont à nuls autres pareils. L’humain ne fait qu’y passer. La nature a le dernier mot.

Depuis quinze ans, Olivier Joly sillonne cet univers de roches et de mousses avec une prédilection pour l’automne, saison aux lumières sublimes et fugaces, suspendue entre un trop court été et un interminable hiver. Après avoir abordé le lien millénaire entre cette terre et ses habitants dans son livre-exposition SAGAS, il revient à la photographie en couleurs. Son choix d’un papier très texturé permet d’en faire ressentir la féérie brute. Entre brumes et éclaircies, entre sol et ciel, entre réel et imaginaire, émerge sous son objectif la Terre du Milieu, un entre-monde fantasmagorique, comme sorti d’un rêve de J.R. Tolkien.

Tout en témoignant de l’étrange beauté de ces lieux, ses images laissent parfois entr’apercevoir les cicatrices laissées par l’activité humaine. Une étude récente du Wildland Research Institute de Leeds (2022) a pourtant classé ces espaces de nature parmi les 1% les plus sauvages d’Europe. A l’image de la chanteuse Björk, les défenseurs de l’environnement luttent ardemment pour leur préservation.

Arpenteur de grands espaces géographiques et d’intimités humaines, ce photographe a vu au fil du temps sa boussole intime pointer vers les terres froides et venteuses du monde subpolaire: Terre de Feu, Antarctique, Spitzberg, Lofoten… En 2009, il trouve sa terre promise, l’Islande.

Il a publié deux livres sur la destination: Quatre saisons en Islande chez l’éditeur suisse Favre (2019) et SAGAS (Hemeria, 2021), au noir et blanc profond et poétique. Il expose désormais son travail artistique en galeries.