Juin, 2024

Henri Cartier-Bresson

sam15jui(jui 15)13 h 00 min2025dim05jan(jan 5)18 h 00 minHenri Cartier-BressonPhotographiesFonds Hélène et Édouard Leclerc, 71 Rue de la Fontaine Blanche, Rue des Capucins, 29800 Landerneau

Détail de l'événement

Photo : Bruxelles, Belgique, 1932 Henri Cartier-Bresson © Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

« Henri Cartier-Bresson à Landerneau cet été, c’est une grande première : la première rétrospective de l’artiste en Bretagne et la première exposition dédiée à la photographie au Fonds Leclerc ! Il n’en fallait pas moins pour nous engager dans ce projet et vous donner rendez-vous avec celui qui fut surnommé “l’oeil du siècle”. À travers son regard, ce sont tous les continents et les sociétés qu’il a traversés qui se redonnent à voir. C’est historique et d’une actualité toujours saisissante !» Michel-Edouard leclerc

Il n’y a pas un seul, mais bien plusieurs Henri Cartier-Bresson. Le jeune homme, très influencé par le Surréalisme, qui voyage en Afrique, en Italie et au Mexique dans la première moitié des années 1930, n’est déjà plus le même à la fin de la décennie lorsqu’il s’engage en politique, auprès des communistes, pour faire barrage à la montée du fascisme en Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, c’est encore un autre tempérament qui s’exprime lorsqu’il fonde l’agence Magnum Photos et s’en va photographier à travers le monde. La plupart des ouvrages et des expositions monographiques consacrés au photographe se sont évertués à démontrer l’unité stylistique de son oeuvre. À rebours de cette approche unificatrice, et sans doute aussi un peu réductrice, le présent projet a pour ambition de mettre en évidence la diversité de son approche photographique dans ses différents moments. À travers l’histoire de cet oeil multifacette, cette grande rétrospective retrace aussi celle du XXe siècle. Cartier-Bresson refusait de se laisser filmer ou photographier. Il ne voulait pas être reconnu dans la rue afin de pouvoir continuer à travailler sereinement. Mais après son exposition au MoMA de New York en 1947, il est devenu, à son corps défendant, l’un des photographes les plus admirés de son époque, une véritable légende vivante. Beaucoup de professionnels ou d’amateurs qui le croisaient occasionnellement l’ont ainsi photographié, le plus souvent contre son gré. Il existe donc quantité de portraits de Cartier- Bresson en train d’opérer.

Commissariat Clément Chéroux, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson

1 – Le sel du surréalisme
Au milieu des années 1920, par l’intermédiaire du poète René Crevel, Cartier-Bresson commence à fréquenter le groupe surréaliste. De cette rencontre, il retient le goût pour le hasard, le jeu, la révolte, la déambulation urbaine ou les objets empaquetés. Cela aura un impact décisif sur son imaginaire et sa photographie.

2 – L’obsession géométrique
Entre 1926 et 1928, Henri Cartier-Bresson étudie la peinture dans l’atelier d’André Lhote à Montparnasse. Il en conservera un goût prononcé pour la géométrie, qui se retrouve dans ses photographies toujours extrêmement bien composées. Le livre de Matila Ghyka Le Nombre d’or est l’un de ses livres de chevet.

3 – Instants décisifs
Dans le monde en mouvement, il existe un moment où les choses s’organisent en un ordonnancement à la fois formel et signifiant. Selon Cartier-Bresson, c’est cet instant précis que le photographe doit saisir. Il s’inscrit ainsi dans une tradition selon laquelle le génie de l’artiste consiste à percevoir et à retranscrire l’apogée d’une situation.

4 – L’Espagne vivante
En 1933, Cartier-Bresson fait plusieurs voyages en Espagne. Il aime les pays méditerranéens, où la vie se déploie dans la rue comme sur une petite scène de théâtre. Il repère un décor, attend que des enfants ou des passants viennent trouver leur place dans cet agencement de formes, puis les saisit instantanément.

5 – Fou du Mexique
En 1934, au Mexique, Cartier-Bresson retrouve le plaisir de photographier la vie dans la rue. Jouant avec des lumières et des ombres tranchées, ses compositions sont aussi graphiques qu’inquiétantes. Dans ce pays surréaliste s’il en est, il multiplie les images de personnes endormies et d’outres de peau gonflées, comme autant d’énigmes.

6 – Le coeur à gauche
Comme beaucoup d’artistes de sa génération, Cartier-Bresson s’est engagé auprès des communistes pour faire barrage au fascisme. Il dénonce le colonialisme, les conditions de vie des plus pauvres, ou célèbre les congés payés. En 1937, lors du couronnement de George VI, il choisit de ne pas photographier le roi, mais le peuple qui le regarde passer.

7 – L’expérience de la guerre
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Cartier‑Bresson est prisonnier pendant trois ans dans un stalag en Allemagne. Il s’en évade et rejoint la Résistance, pour laquelle il est chargé de documenter la libération de Paris, celle de Strasbourg, le village martyr d’Oradour-sur-Glane et la fin de l’Allemagne nazie.

8 – Le Retour
Avant la guerre, Cartier-Bresson s’est aussi rêvé cinéaste : il a été l’assistant de Jean Renoir et a réalisé plusieurs films documentaires. En 1945, il est en Allemagne pour réaliser un film de montage, Le Retour, sur ce défi logistique que constitue le rapatriement de centaines de milliers de prisonniers à travers l’Europe dévastée.

9 – Le voyage américain
En avril 1947, tandis que son exposition personnelle au Musée d’Art Moderne de New York s’achève, Cartier-Bresson entame un long road trip de près de 20 000 km à travers les États-Unis. Rêvant de faire un livre mêlant textes et photographies, il dresse un portrait sans concession du pays, bien loin de l’American Dream.

10 – Partition de l’Inde
À la création de Magnum en 1947, les fondateurs se répartissent les zones géographiques à couvrir. Cartier-Bresson choisit l’Asie. Il arrive à Bombay en septembre 1947, à un moment où la partition entre l’Inde et le Pakistan exacerbe les tensions intercommunautaires. Il rencontre Gandhi quelques heures avant son assassinat et photographie ses funérailles.

11 – La Chine de Mao
En novembre 1948, Life demande à Cartier-Bresson d’aller en Chine photographier la prise de pouvoir par les communistes de Mao Zedong. Aux abords d’une banque, il photographie la panique de ceux qui essayent d’échanger leurs billets dévalués contre de l’or. L’image est publiée peu après dans le tout premier numéro de Paris Match.

12 – Le Paris de l’après-guerre
Dans les années 1950, entre deux reportages internationaux, Cartier-Bresson est souvent à Paris. Il photographie la vie dans la rue, les passants, les petits métiers, et la fameuse course cycliste des Six Jours du Vélodrome d’Hiver. La capitale continue à entretenir l’esprit et le bon vivre de l’avant-guerre, repoussant encore un peu la modernisation des Trente Glorieuses.

13 – En Allemagne
Au cours des années 1950, Cartier-Bresson a déjà parcouru le monde dans tous les sens. Il n’en délaisse pas pour autant une actualité moins lointaine. Dans le contexte de construction européenne, il s’intéresse en particulier aux modes de vie européens, notamment en Allemagne où il réalise une série d’enquêtes photographiques.

14 – La Russie du dégel
Pendant tout le règne de Staline, la Russie est restée imperméable aux regards étrangers. Profitant de la période dite du « dégel » qui suit sa mort en 1953, Cartier-Bresson est l’un des tout premiers reporters occidentaux à obtenir un visa. Pendant trois mois, de juillet à septembre 1954, il photographie le peuple russe dans son quotidien.

15 – La danse du photographe
Moins par coquetterie que pour conserver son anonymat, Cartier-Bresson refusait de se faire photographier ou filmer. Il l’a pourtant beaucoup été, le plus souvent à son insu. Sur les rares films le montrant en train d’opérer, il est possible de voir combien la photographie était pour lui une forme de danse, un pas de deux avec son sujet.

16 – L’Amérique à nouveau
Dans les années 1960, Cartier-Bresson est régulièrement aux États-Unis pour ses reportages. Ses images documentent les changements politiques, la culture du divertissement, des voitures et des armes. Il est particulièrement attentif à la lutte des Afro-Américains pour l’égalité des droits, contre la discrimination et la ségrégation.

17 – À Cuba
En 1963, Cartier-Bresson est à Cuba pour Life, juste après la « crise des missiles » qui a failli déclencher une troisième guerre mondiale. Dans les rues de La Havane, il photographie l’omniprésence du politique – militaires en armes, slogans propagandistes et effigies communistes –, qui se mélange étrangement avec la sensualité affirmée des Cubaines.

18 – Japon, 1965
Dès les années 1960, et notamment lors d’un long séjour au Japon où il travaille pour le quotidien Asahi Shimbun, Cartier-Bresson commence à photographier plus posément. Ses photographies sont plus calmes et méditatives. Elles ne relèvent plus systématiquement de l’instant décisif. Elles auraient pu être prises quelques secondes avant ou même après.

19 – La machine à tête humaine
Cartier-Bresson était très intéressé par la représentation du travail. Dans le contexte de profonde restructuration du secteur industriel de l’après-guerre, il multiplie les images de ses semblables dans leur environnement professionnel, au bureau ou à l’usine. Ce qui l’intéresse, c’est la relation que l’humain entretient avec son outil de travail.

20 – Mai 68
En mai 1968, Cartier-Bresson est dans la rue. Il aime photographier ces moments de manifestation où le peuple reprend symboliquement le pouvoir. Par-delà sa conscience politique, c’est aussi pour lui un exercice de composition particulièrement stimulant, qu’il continuera à pratiquer bien après avoir officiellement arrêté la photographie.

21 – La société de consommation
À partir des années 1960, Cartier-Bresson s’intéresse à la reconfiguration du monde autour de la consommation. Il photographie caché derrière la vitrine d’un petit commerçant, dans les supermarchés ou les foires internationales. Quoi de plus abstrait que la convoitise ? Il a l’idée de la représenter à travers le regard avide des consommateurs face à la marchandise.

22 – Vive la France
Après les événements de Mai 68, ayant constaté la profonde mutation de la société française, Cartier-Bresson entreprend de dresser le portrait de ses contemporains. Pendant plus d’un an, il sillonne l’Hexagone en voiture et photographie tout ce qui, dans le paysage de France, lui paraît inédit ou, au contraire, éternel.

23 – Points d’interrogation
Cartier-Bresson explique volontiers que faire un portrait, c’est pour lui comme poser « un point d’interrogation sur quelqu’un ». Sa méthode de travail est restée la même. Il cherche à se faire oublier, opère à distance et sans flash, jouant essentiellement de la relation du modèle avec son environnement, dans un exercice de composition toujours magistral.

Dates

15 Juin 2024 13 h 00 min - 5 Janvier 2025 18 h 00 min(GMT-11:00)

Lieu

Fonds Hélène et Édouard Leclerc

71 Rue de la Fontaine Blanche, Rue des Capucins, 29800 Landerneau

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