Juin, 2025

Hervé Charles

sam07jui(jui 7)10 h 00 mindim31aou(aou 31)18 h 00 minHervé CharlesAlbedoBPS22 - Campus Charleroi Métropole, 22 Boulevard Solvay 6000 Charleroi

Détail de l'événement

Initialement prévue du 7 juin au 31 août 2025, l’exposition Democracia au BPS22 a été reportée. Le projet d’exposition avec le collectif a évolué d’une occupation d’une seule salle du musée à une occupation totale de ce dernier (avec notamment la production d’une nouvelle œuvre à Charleroi). Pour cette raison, Pierre-Olivier Rollin et Becky Haghpanah-Shirwan, la commissaire de l’exposition, ont décidé de repousser la programmation. En conséquence, l’exposition consacrée au photographe Hervé Charles occupera toutes les salles du BPS22 à ces dates.

Depuis ses premiers travaux au début des années 1990, Hervé Charles (1965, Nivelles) concentre son attention sur l’environnement terrestre et ses transformations, tout en restant sensible aux questionnements liés à son médium, la photographie, et aux enjeux de la production d’images. Cet été, l’artiste investit le BPS22 où il présente une exposition mettant en perspective les recherches qui alimentent aujourd’hui sa pratique avec ses œuvres antérieures, tout en soulignant la cohérence de son regard attentif porté sur l’état de la Terre et en mettant en lumière la précision répétée de ses formulations plastiques.

Dès le début de sa carrière, Hervé Charles se distingue par une série de photographies de nuages, un sujet pourtant exploré par d’autres artistes avant lui tels que Gustave Le Gray ou Alfred Stieglitz. Pour éprouver de manière tangible ces nuages, il réalise ses images au cœur même de la masse, depuis un petit avion, portière latérale ouverte. Cette première série témoigne déjà de sa faculté à saisir un monde en constante mutation par la seule force de la synecdoque : un cadrage habile isole un fragment qui évoque le tout, invitant le spectateur à un véritable effort d’observation pour en percevoir les subtilités visuelles. Poursuivant sa quête de « l’instant décisif », cher à Cartier-Bresson, en cherchant à saisir « LE » fragment d’un élément naturel en perpétuelle évolution, Hervé Charles s’oriente ensuite vers la glace, l’eau et la neige, qu’il considère comme les « conséquences du nuage », des liens entre ciel et terre.

Le dispositif de présentation de ces séries de photographies, d’abord tirées en noir et blanc puis en couleur, est particulier : l’image est apposée sur des supports transparents, circulaires ou rectangulaires, mis à distance de la cimaise qui les accueille. Ce dispositif permet à l’artiste d’assumer pleinement la dimension objectale, voire sculpturale, de ses travaux. En outre, l’impression de profondeur ainsi générée est enrichie par un jeu de lumière, l’éclairage tombant permettant aux images de se révéler de l’intérieur.

À la suite de ces premiers travaux évoqués par quelques pièces emblématiques dans l’exposition, Hervé Charles développe une nouvelle série qui prolonge sa réflexion sur les soubresauts de l’environnement : au tournant des années 2000, en Sicile et sur les Îles Éoliennes, il arpente les principaux volcans en éruption – l’Etna, le Stromboli, le Vulcano – pour en saisir les saignées rougeoyantes qui s’y forment. À l’instar du reportage scientifique ou journalistique, l’artiste s’approche dangereusement au plus près de ces phénomènes pour en tirer des photographies en gros plan. Face à l’absence de tout repère d’échelle, le spectateur se voit alors dans l’impossibilité d’identifier le référent : seule la teinte rougeâtre de la lave en fusion, mêlée à la roche solidifiée, permet de reconnaître le magma. Bien présente dans l’exposition, cette série double la synecdoque d’une métaphore : les saignées de lave sont autant de plaies douloureusement infligées à la Terre.

Les bulles de boue volcanique, en Islande, deviennent également un sujet pour le photographe qui les modélise ensuite sous forme de vidéos. Ces dernières sont créées par morphing à partir des photographies de l’artiste, générant donc des images artificielles. En Islande également, ainsi qu’en Norvège et au Canada, les paysages sont aussi capturés et leurs chutes d’eau – celles du Niagara entre autres – filmées ; des vidéos qu’Hervé Charles considère comme des « photographies qui durent dans le temps » et qu’il dévoile au ralenti et à rebours pour en explorer la matérialité et la perception.

À mesure que ses recherches évoluent, l’artiste s’oriente vers des phénomènes environnementaux et écologiques. Cette nouvelle phase témoigne d’une conscience plus aiguë de l’impact de l’être humain – bien que toujours absent de ses images – sur les milieux qu’il observe. Présentées dans l’exposition sous forme d’une vaste composition libre – puisque les formats et supports varient en fonction des thèmes observés –, de nouvelles séries font leur apparition. En bord de mer, il photographie Marée noire qui témoigne du désastre des naufrages des pétroliers Erika (1999) et Prestige (2002) sur les côtes françaises, espagnoles et portugaises, et Marée verte qui explore l’invasion d’algues résultant des pratiques d’élevage intensif. Ces deux séries soulignent l’esthétique formellement fascinante de ces phénomènes tout en révélant, a contrario, leur impact dévastateur sur la flore et la faune.

L’œuvre d’Hervé Charles se poursuit désormais sur la question du dérèglement climatique, avec un focus sur deux nouveaux éléments naturels : le vent et le feu. À l’aube de la nouvelle décennie, en 2009, il capture les dégâts occasionnés par la tempête Klaus ayant frappé la France, l’Espagne et l’Italie, ainsi que les incendies de forêts, en France et en Espagne mais aussi au Portugal ou encore en Corse. Les chutes d’eau, qui l’avaient séduit au Canada, reviennent dans son travail, cette fois quasiment asséchées en Zambie et au Zimbabwe avec les chutes Victoria, en écho à la problématique du stress hydrique. Toujours autour de la problématique de la pollution et en particulier celle émanant des dérives de l’extraction, l’ancienne exploitation minière espagnole de Rio Tinto permet à l’artiste de photographier l’eau rougeâtre des rivières, évoquant cette fois les marées rouges.

Aujourd’hui, Hervé Charles continue ses recherches à travers la photogrammétrie, en étudiant toujours le site de Rio Tinto, ainsi que le Lago di Piana degli Albanesi et le Lago Poma, deux réservoirs d’eau qui se tarissent près de Palerme. Il s’y est rendu, en ce début d’année encore, pour les scanner et les retranscrire ensuite en trois dimensions. Ces trois sites servent de matériau principal à une vaste installation vidéo qui clôture le parcours de l’exposition, reliant les préoccupations environnementales initiales de l’artiste à celles qui le guident aujourd’hui. 

Dates

7 Juin 2025 10 h 00 min - 31 Août 2025 18 h 00 min(GMT+00:00)

Lieu

BPS22 - Campus Charleroi Métropole

22 Boulevard Solvay 6000 Charleroi

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