Septembre, 2025

Christopher Taylor

jeu11sep(sep 11)10 h 00 mindim26oct(oct 26)18 h 00 minChristopher TaylorSTEINHOLT + ILLUMINATIONSCRI des Lumières, Place de la deuxième division de cavalerie 54302 Luneville

Détail de l'événement

Série de photographies de Christopher Taylor, à travers laquelle il remonte l’histoire familiale de son épouse. L’occasion d’explorer les liens qui unissent les générations et la marque du temps sur les paysages.
Steinholt est la troisième série de photographies que Christopher Taylor consacre à l’Islande, pays de son épouse, Álfheiður. Une première série, Sous le Glacier (1996-1998), est inspirée par le livre d’Halldor Laxness : Kristnihald undir Jökli (1968) tandis qu’une seconde est réalisée aux îles Westman (Vestmannaeyjar, 2006-2010) d’où la mère d’Álfheiður est originaire.
« Ce projet photographique a vu le jour d’une façon imprévue. Ma femme, Álfheiður, a revisité Þórshöfn, le village de son père dans l’extrême nord-est de l’Islande. Elle avait l’intention de réparer la croix qui marque l’emplacement de la tombe de sa grand-mère dans le cimetière situé à sept kilomètres du village.
Après s’être occupée de la tombe, Álfheiður avait envie de revoir la maison où ses grands-parents avaient vécu. Le propriétaire, un célibataire âgé nommé Agnar, ouvrit la porte et l’invita à prendre un café. En fermant les yeux, elle imagine la cuisine comme celle d’il y a 40 ans, avec ses odeurs – un mélange de café, de poisson séché et de fumée – comme si rien n’avait bougé.
En 1929, les grands-parents de ma femme ont construit une petite maison près de la mer à Þórshöfn où ils ont vécu pendant 50 ans.
Ils la nomment Steinholt. Chaque été, lorsque Álfheiður était enfant, sa mère l’envoyait de Reykjavik chez ses grands-parents pour les vacances scolaires. Les souvenirs de ce temps passé à Þórshöfn en compagnie de sa grand-mère sont parmi les plus heureux de son enfance.
L’année après la visite d’Álfheiður, Agnar déménage à la maison de retraite du village. Se souvenant de ma femme enfant avec sa grand-mère, qui portaient toutes deux le nom Álfheiður, il jugea que Steinholt devait appartenir à ma femme et nous contacta à propos de la maison.
Le respect de la mémoire est le fil conducteur reliant les événements qui précédent ces photographies. En cinq ans, la série prend progressivement forme à la lumière des histoires des ancêtres de ma femme, qui ont sillonné la région à la recherche de travail ou d’un endroit pour vivre. J’ai retracé leurs mouvements, voyageant seul, souvent à pied dans le paysage.
Les photographies ne sont pas destinées à être documentaires. Le but est d’évoquer un point de vue personnel sur la valeur de la mémoire, l’esprit du lieu et de donner libre cours aux émotions que j’ai ressenties en explorant cette région austère et belle. » Christopher Taylor

Illuminations :
J’ai grandi à Skegness, une station balnéaire sur la côte est de l’Angleterre. Ma mère habite toujours la maison qui m’a vu naître il y a soixante-deux ans. Mon père est décédé́ l’an dernier. Mes parents avaient divers passe-temps ; ma mère était plongée dans les concours de compositions florales tandis que mon père, très mélomane, était membre actif d’un groupe de théâtre amateur et il s’immergeait dans la lecture. Ils ne jetaient rien. Au fil des années, la maison s’est remplie d’accessoires liés à leurs occupations respectives. Dans tous les recoins, bouquets, livres et magazines se sont empilés, ainsi que vinyles, CD, vidéos et beaucoup d’autres choses qui ont progressivement constitué comme des strates de mémoire. Lors de chaque visite, je tente de rationaliser ce désordre, mais je m’interromps souvent pour contempler un objet oublié, témoin de ce passé. Dans la maison l’air est épais et stagnant ; la poussière accumulée sur tous ces objets semble ralentir le passage du temps. Serait-ce un stratagème délibéré ? L’amour de ma mère pour les fleurs contredit pourtant cette idée quand on sait avec quelle rapidité elles se décomposent.
Je me rappelle que ma grand-mère disait : “toi aussi, tu seras frappé comique un jour”. Cette phrase était typique de son sens de l’humour laconique venu du Lancashire. Mon père a employé́ la même expression le jour où je nettoyais ses lunettes. Sans doute n’avait-il pas remarqué que ses verres fussent devenus presque opaques.
La maison est située près d’une réserve côtière que j’ai explorée fréquemment étant enfant. J’y retourne souvent pour de longues randonnées avec mon appareil photo, spectateur attentif aux changements de saison. Délaissant mon « noir et blanc » habituel, j’ai commencé à photographier chez mes parents en utilisant diverses pellicules couleur périmées qu’un ami journaliste était sur le point de jeter. J’ai ressenti le besoin de sauvegarder ce sanctuaire privé, et le recours à la couleur m’a semblé être un atout nécessaire.
La ville elle-même conserve un caractère bien particulier. Sa raison d’être était à l’origine de dispenser un air marin vivifiant aux ouvriers de l’industrie. Ils venaient en excursion pour la journée, et rentraient en bus ou en train dans la soirée. Les emplois saisonniers étaient faciles à trouver. Pendant les vacances scolaires, je travaillais dans une entreprise de photographie pour faire des clichés de cette foule de touristes. La seule compétence requise était la rapidité, et ma formation photographique se résume à cette expérience. Les instantanés familiaux que je tente de revisiter aujourd’hui dans un contexte plus intime sont également une tentative futile de préserver de tels moments et, par conséquent, d’en rappeler l’impermanence.
Au fil du temps, notre maison ressemble à une extension de nous-mêmes. Les objets accumulés au cours d’une vie reflètent les facettes de notre personnalité, même si les couples peuvent se sentir contraints de faire des compromis. Parfois, de tels conflits entraînent la colonisation de sections de la maison pour convenir à l’un ou l’autre des occupants, avec un décor assorti. En entrant dans la maison d’un étranger, nous observerons attentivement les indices visibles quant à la nature de la personne qui y vit. Le plus longtemps qu’on habite un foyer, le plus prononcé sont ces signes qui finissent par encadrer l’identité.

Dates

11 Septembre 2025 10 h 00 min - 26 Octobre 2025 18 h 00 min(GMT-11:00)

CRI des Lumières

Place de la deuxième division de cavalerie 54302 LunevilleHoraires d'ouverture de la galerie: 14h-18h / WE: 10h-12h & 14h-18h - Fermé mardi

CRI des Lumières

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