Octobre, 2025

Gabrielle Hébert

mar28oct(oct 28)9 h 30 min2026dim15fev(fev 15)18 h 00 minGabrielle HébertChronique d’un Amour fou à la Villa MédicisMusée d'Orsay, 1 Rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris

Détail de l'événement

Photo : La villa Médicis à Rome, photographiée par Gabrielle Hébert en 1891.

L’exposition Qui a peur des femmes photographes ? (1839-1945) présentée en 2015 aux musées d’Orsay et de l’Orangerie a fait date pour la reconnaissance des femmes artistes en France. Parmi les nombreuses photographes dévoilées figurait Gabrielle Hébert (1853, Dresde, Allemagne – 1934, La Tronche, France).
Née Gabriele von Uckermann, celle qui fut peintre amateure avant d’épouser en 1880 Ernest Hébert, artiste académique renommé et deux fois directeur de l’Académie de France à Rome, eut une pratique intensive et exaltée de la photographie, démarrée à la Villa Médicis en 1888 et terminée vingt ans plus tard à la Tronche (près de Grenoble) à la mort de l’homme qu’elle idolâtrait, son aîné de près de quarante ans, et dont elle a en grande partie assuré la postérité en favorisant la création de deux musées monographiques.

À la fin du xixe siècle, entre France et Italie, Gabrielle Hébert, comme plusieurs artistes et écrivains (Henri Rivière, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Émile Zola), qui s’emparent d’un boitier pour enregistrer leur quotidien et celui de leurs proches, Gabrielle Hébert a une pratique privée et sentimentale de la photographie, favorisée par la révolution technique et esthétique permise par l’instantané. À la Villa Médicis, épouse du directeur, elle organise les réceptions et reçoit le gotha. Rapidement, elle échappe aux assignations, s’achète un appareil photographique, prend quelques leçons auprès d’un professionnel romain et installe, avec un pensionnaire de son âge, une chambre noire pour développer, tirer et retoucher ses négatifs. C’est le début d’une volumineuse production qu’elle consigne dans ses agendas. Presque aucun jour sans prise de vue, souvent accompagnée de mentions telles que « Je photo… Je photographie… ».

Si Gabrielle Hébert partage son goût du portrait mondain et du tableau vivant avec les frères Primoli, pionniers de la photographie instantanée en Italie, elle explore seule à la Villa Médicis tous les genres photographiques : nu, reproduction d’oeuvres, paysage, nature morte, « récréations photographiques »… Offrant le point de vue d’une personne installée qui observe le palais, le site et ses habitants (pensionnaires, employés, modèles, animaux) à toutes les saisons, sa production révèle un aspect méconnu de la vie dans ce phalanstère artistique. Son journal en images est le premier proto-reportage sur le quotidien de l’institution, espace de résidence, formation et création des lauréats du Grand Prix de Rome (dont certaines oeuvres sont conservées au musée d’Orsay) et laboratoire d’une nouvelle relation politique entre la France et l’Italie, unifiée en 1861, avec Rome capitale en 1871. Il témoigne aussi de l’un des premiers couples de créateurs à la Villa Médicis. Gabrielle assiste Ernest dans ses activités d’artiste (posant, préparant, retouchant, copiant ses oeuvres) ; il est le point de mire de la photographe. Séances avec modèles, progression des peintures, moments conviviaux, promenades, baignades, solitude au bureau : toute la vie d’Ernest est documentée. Quand elle rentrera définitivement en France avec lui, Gabrielle cessera de cultiver cette passion photographique née en Italie et en exil, mais continuera à photographier Hébert pour l’immortaliser. Avant cela, quittant le huis-clos du Palais renaissance et de ses occupants excentriques, elle réalisera en 1898 son chant du cygne photographique lors d’un périple en Espagne, où elle pose un regard moderne, nourri par le cinéma naissant.

Cette exposition chrono-thématique, des débuts (1888) aux dernières images (1908), vise à montrer ce que Gabrielle a fait de la photographie et ce qu’elle lui a apporté. Par ses images, échangées avec ses proches, elle s’assure une place d’auteure et un statut social dans un milieu artistique masculin. Plus encore, la photographie la révèle à elle-même : dans le récit d’une géographie et d’une époque exceptionnelles, elle invente sa propre mythologie. Elle est ainsi la première chroniqueuse photographique de la Villa Médicis et une figure de l’histoire du médium.

Les oeuvres exposées seront majoritairement des tirages originaux (9×12 cm), ses albums photographiques, agendas, boîtes de plaques de verre et appareils utilisés. Des agrandissements réalisés à partir de négatifs non tirés par elle animeront la présentation. Dessins et peintures d’Ernest Hébert compléteront le parcours, ainsi que des reliques sentimentales (palette, médaillon, lettres), témoins d’une histoire d’amour pour un homme et un pays.

Dates

28 Octobre 2025 9 h 30 min - 15 Février 2026 18 h 00 min(GMT+00:00)

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