Haikus d'argent

Photo : Monts Huangshan, étude 1, Anhui, Chine, 2008 © Michael Kenna

L’exposition Haikus d’argent, L’Asie photographiée par Michael Kenna constitue un événement majeur dans la riche programmation du musée Guimet consacrée à la photographie. S’inscrivant dans la lignée de plusieurs expositions marquantes, telle que la superbe monographie Marc Riboud. Histoires possibles, en 2021, ou bien Portrait éphémère du Japon. Photographies de Pierre-Élie de Pibrac en 2023, elle donne à voir la place éminente que tient l’Asie dans le travail de Michael Kenna depuis quarante ans, dévoilant la singularité, la sensibilité et la finesse de son regard sur les paysages de ce continent magnifique.

Cet art si généreux a été lui-même l’objet d’une générosité exceptionnelle, puisque le 10 novembre 2022, Michael Kenna faisait don à la France de l’intégralité de son oeuvre photographique. Depuis, 4 000 tirages originaux ont rejoint les fonds conservés par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. À terme, plus de 180 000 négatifs, accompagnés de leurs planches-contacts, près de 8 000 tirages de travail et toutes les archives liées à l’activité artistique de Michael Kenna depuis un demi-siècle viendront enrichir les collections nationales. Citoyen britannique et américain vivant aux États-Unis, Michael Kenna traduit de cette manière par un geste remarquable toute son affection pour notre pays, qu’il a si souvent arpenté et photographié, et sa confiance dans nos institutions patrimoniales.

La part de la photographie dans le paysage culturel français ne cesse de grandir au fil des ans et le musée Guimet y apporte une précieuse contribution par ses publications, ses expositions et ses acquisitions. Les fonds photographiques du musée constitués depuis sa fondation par Émile Guimet en 1879 continuent ainsi de s’enrichir : ils comptent près de 600 000 photographies réalisées en Asie depuis l’introduction de la technologie au milieu du 19e siècle jusqu’à la production contemporaine. La toute nouvelle Villa Guimet, centre de recherche international sur les arts d’Asie créé à la fin de 2024 par le musée Guimet, a vocation à poursuivre et à développer l’important travail d’inventaire, de catalogage, préservation, restauration et valorisation de ce patrimoine exceptionnel.

À l’approche du bicentenaire de la photographie, qui sera célébré officiellement en France de septembre 2026 à septembre 2027, je suis heureuse de pouvoir rendre ainsi hommage à la fois à l’immense talent de Michael Kenna et à ce fascinant continent qu’est l’Asie.

Yannick Lintz
Présidente de Guimet – musée national
des arts asiatiques

Né en 1953 à Widnes, une ville industrielle du nord-ouest de l’Angleterre, Michael Kenna grandit dans une famille de la classe ouvrière catholique irlandaise. Après sept années passées au séminaire, dans l’espoir de devenir prêtre, le jeune homme se découvre une passion pour l’art. Malgré la réticence de ses parents, il étudie la photographie à la Banbury School of Art puis au London College of Printing, dont il est diplômé en 1976. Il déménage aux États-Unis l’année suivante et rencontre à San Francisco la photographe Ruth Bernhard, dont il devient le tireur pendant huit ans. Le premier voyage de Michael Kenna au Japon en 1987 est un tournant dans sa carrière. Fasciné par l’archipel et ses paysages, il y retourne à plusieurs reprises avant d’élargir son horizon à d’autres pays de l’Asie. Référence incontournable de la photographie minimaliste contemporaine, le travail de Michael Kenna a fait l’objet de nombreux ouvrages et expositions monographiques. Il partage désormais son temps entre son studio de Seattle (États-Unis) et le reste du monde, comme si pour capturer la beauté il fallait sans cesse poursuivre l’émerveillement dans l’inconnu.