Jean-Vincent Simonet

Le musée Nicéphore Niépce propose une résidence photographique hors les murs au Domaine Prosper Maufoux, qui soutient cette initiative par le biais d’un mécénat. Jean-Vincent Simonet, premier artiste sélectionné, présente ici au sein de la cuverie du château, les œuvres créées in situ.

Dans l’effervescence des vendanges du Château de Saint-Aubin, Jean-Vincent Simonet a mené une résidence artistique entre grappes et pressoirs. Hors du studio, dans un milieu qu’il connait peu, l’artiste a accordé sa pratique au rythme ritualisé du travail de la vigne.

Au château, s’il a d’abord documenté à la manière d’un photographe classique les étapes des vendanges, de la cueillette au tri, de l’éraflage au pressurage, de la macération à la fermentation, Jean-Vincent Simonet a produit un travail loin de l’image carte postale, du déjà-vu sur l’univers de la vigne et du vin. La prise de vue n’est pour lui qu’une première étape du processus, la matière brute pour ses créations.

Jean-Vincent Simonet entretient un rapport désacralisé à la photographie. Issu d’une famille d’imprimeurs depuis trois générations, il est parvenu de manière instinctive et par un procédé empirique à détourner l’outil et les matériaux d’impression industrielle. Habituellement normées, calibrées, les impressions photographiques jet d’encre ne sont pour lui qu’un support primaire. L’artiste utilise les machines d’une manière contraire à leur destination, choisi un papier inadapté et par d’innovantes interventions physiques et chimiques, séchage, rinçage, malmène la surface en post-production. Ces outils conçus pour le multiple deviennent alors les instruments de création de pièces uniques. La machine industrielle laisse place au geste artisanal.
Jean-Vincent Simonet repousse les limites du médium. Libérant la photographie de sa condition trop réelle, trop documentaire, l’artiste lui redonne toute sa dimension picturale. Dans ce travail, il illustre la matière vivante, liquide, mouvante où la transformation et la métamorphose du support photographique font écho à la vinification.

Né en 1991 à Bourgoin-Jallieu, Jean-Vincent Simonet est diplômé de l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne) en 2014. Il vit depuis entre Paris et Zurich, sans compter les multiples séjours dans sa ville natale pour mener à bien ses expérimentations. Il a exposé dans diverses institutions et galeries, tels le Centre de la photographie (Genève), le Fotomuseum (Winterthur), le FOAM (Amsterdam), la Webber Gallery (Londres), la Ravestijn Gallery (Amsterdam), le CentroCentro (Madrid), le Cabaret Voltaire (Zurich), ou encore le Centre Photographique Rouen Normandie.

Ses œuvres figurent dans plusieurs collections privées et publiques, notamment celles de la Vontobel Art Collection, du Photo Elysée, du FOAM, de la Poste Suisse, du Mirabaud Art Contemporain et de la Fondation LUMA.

Il collabore avec de nombreux magazines parmi lesquels Novembre, Aleï Journal, British Journal of Photography, FOAM Magazine, Vogue Singapore, Magazine Magazine et IMA. Il travaille également pour des maisons de mode comme Christian Louboutin, Louis Vuitton, Jean-Paul Gaultier, Adidas, Hermès et Loewe.

Proche de la photographie japonaise et de son rapport à l’objet imprimé, le livre est un support de choix pour son œuvre. Il est l’auteur de Maldoror (auto-édité, 2014), In Bloom (SPBH Editions, 2018), Whirling Coils (auto-édité, 2021), Waterworks (RVB Books, 2021), Kitengela (Mousse Publishing, 2024) et Fashion Eye : Osaka (Louis Vuitton, 2025).