Octobre, 2025

Marc-Antoine Garnier

sam04oct(oct 4)14 h 00 mindim02nov(nov 2)19 h 00 minMarc-Antoine GarnierLe déplacement des choses infiniesGalerie Duchamp - centre d’art contemporain d’intérêt national, 7 rue Percée 76190 Yvetot

Détail de l'événement

Photo : Torsades – Agapanthe, Tirage pigmentaire sur papier Etching 310g, Cadre érable laqué blanc, 100 x 70 cm, 2023

Il y a d’abord des photographies. C’est l’acte premier.

Ce sont des prises de vues frontales qui ne donneraient à voir que le bleu du ciel, les anfractuosités de la roche, la sinuosité du vent à la surface des déserts, l’émeraude allègre et contrastée des feuilles d’agapanthe. Nulle présence humaine, aucune mise en scène, pas plus de symbolisme ou autre maniérisme. Nulle construction, ni même d’organisation volontaire ou d’intervention — rien qui ne ferait passer ces photographies pour autre chose que l’idyllisme d’une nature qui ne serait pas inféodée à l’Humanité. Une Nature, primitive, sans autre contrainte apparente que celles édictées par les lois qui la régissent. Marc-Antoine Garnier est, semble-t-il, d’abord un paysagiste.

Des cieux en colonnades pareils à des élancements ; un horizon nocturne à l’obscurité éparpillée ; ici des fleurs grattées à la manière de quelques souillures obsessionnelles, altérant la surface du papier pour laisser entrevoir la couche cotonneuse ; des confettis d’arbres tentant de reconstituer un réel qui n’est plus — un réel perforé… Par ce geste, Marc-Antoine Garnier pointe l’instabilité de l’objet, du récit, et par extension, de notre perception ; comme si tout était affaire de reconstruction, de récit réinventé. De paysage renouvelé. Perforation appliquée, grattage de précision, découpage minutieux, torsadages du papier et autres épissures de motifs, accrochage non frontal ou posément éclaté… Avec cette suite de gestes et de protocoles mesurés, le travail de Marc-Antoine Garnier emprunte sa rigueur à l’art minimal, positionnant son oeuvre dans un autre champ que celui de la seule photographie.

Accrochées avec une grande exigence à la manière de poétiques constellations, d’une facture irréprochable, travaillées avec une minutie qui donne à contempler des oeuvres d’une grande tenue, d’une beauté que l’on pourrait dire saisissante, ces images sont pleines d’antagonismes. En leur donnant du volume, présentant ses photographies autrement que sur les murs, il incite le regardeur à envisager autrement ce qui est donné à contempler, d’en ressentir la présence, d’en éprouver la physicalité. L’historien et critique Michel Poivert range d’ailleurs le travail de Marc-Antoine Garnier dans celui de la photographie amplifiée. Un travail qui nous invite à repenser ce réel qui nous apparaît toujours torve, assujetti à notre vision du paysage qui jamais ne cesse d’être déformée, ou plutôt enrichie des temps et de l’histoire stratifiés qui s’accumulent à sa surface — taupes que nous sommes.

Alexandre Mare, extrait du Petit Format accompagnant l’exposition de Marc-Antoine Garnier – Le Déplacement des Choses Infinies

Dates

4 Octobre 2025 14 h 00 min - 2 Novembre 2025 19 h 00 min(GMT+00:00)

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