Octobre, 2025

Quentin Guichard

jeu23oct(oct 23)14 h 00 minsam20déc(déc 20)19 h 00 minQuentin GuichardLe torrent du mondeSEE Galerie, 84 Rue du Temple, 75003 Paris

Détail de l'événement

Photo : Le torrent du monde n°4, Quentin Guichard. 120 x 187 cm, 2022-2024. Estampe numérique pigmentaire

Fasciné par les paysages où l’eau et la roche se confrontent, Quentin Guichard arpente le territoire islandais depuis dix ans. En quête de l’invisible dissimulé sous l’écorce du monde, il se place sur le seuil de toutes les métamorphoses pour mieux éprouver l’énergie et la puissance des éléments. L’artiste cherche à rendre sensible les forces originaires en créant des espaces imaginaires et intérieurs, ancrés dans une observation aussi précise qu’obstinée des phénomènes de la nature. Le torrent du monde est le point culminant de ce désir de déborder les frontières de nos représentations. Car dans les oeuvres hybrides de Quentin Guichard, l’oeil photographique se fait geste et pensée picturale, pour mieux interroger et troubler nos propres perceptions.

Quentin Guichard cherche à rendre sensibles les origines du monde et à comprendre la géomorphologie des milieux naturels, animé par une quête intérieure dans le sillage de peintres tels que Shitao, Gustave Courbet et Paul Cézanne. Suite à son invitation à résider et à exposer au Pôle Courbet d’Ornans, Quentin Guichard a exploré les paysages du peintre pour approfondir les correspondances qu’ils tissent naturellement avec son propre travail. Son processus photographique relève d’une imprégnation lente et sensible des lieux comme des toiles du peintre, à travers un minutieux travail de composition et de fusion d’innombrables matières photographiques.

« L’immensité,
le torrent du monde
dans un petit pouce de matière…
… Croyez-vous que cela soit impossible ? »
Paul Cézanne

Le torrent du monde nous transporte de l’obscurité vers la lumière. Les Préliminaires au torrent, ensemble d’études monochromes, retranscrivent les rafales et la force éruptive du basalte. Un mouvement de vague, une ondulation de la roche elle-même : une poussée tellurique nous incite à nous retirer. Le rendu est proche de la gravure, du dessin au fusain, de la calligraphie. Dans les oeuvres coloristes, notre attitude oscille entre le besoin de reculer pour apprécier ces espaces aux arêtes aussi découpées qu’érodées, et le désir de nous en approcher pour en observer toutes les textures. Les nuances de couleur invitent notre regard à circuler, à cheminer, à s’attarder. Parfois, un noir intense arrête notre regard : il indique l’entrée d’une béance, où s’aventurent les plus courageux. Cette impression d’être attirés, comme absorbés par les oeuvres, provoque une réelle sensation de vertige. En effet, les tirages de Quentin Guichard présentent des rythmes et des dynamiques d’une remarquable subtilité. Les oeuvres du Torrent du monde se chargent ainsi d’une tension sur le fil, toujours en équilibre entre la structure géométrique des roches et le trouble des couleurs. Approchons-nous : chaque fragment est délicatement travaillé par l’artiste, pour aligner ses impressions aux teintes observées dans le paysage. A la manière d’un peintre qui crée ses pigments et réalise ses mélanges, Quentin Guichard ponctue ses oeuvres de vert cobalt, de terre brûlée, d’oxyde de chrome et de gris de Payne essentiels à la palette de Gustave Courbet. Pour entrer en contact avec la roche, le geste de Quentin Guichard incite à privilégier l’observation aiguisée : avec prudence et grand respect pour sa force et sa fragilité. Son travail de l’image exige patience et précision, n’oubliant jamais la mémoire de ces lieux qui l’ont profondément pénétré. Les prélèvements photographiques, réalisés contre les falaises karstiques jurassiennes et les parois basaltiques islandaises, sont fusionnés avec minutie et grande finesse. Le temps profond de la roche calcaire se mêle à la fulgurance du basalte. Une nouvelle géomorphologie se donne à lire. Des lieux hétérotopiques se donnent à voir.

L’expérience temporelle que procurent ses images rejoint celle que nous pouvons vivre face à la sculpture. A la manière d’un tailleur de pierre, Quentin Guichard associe ses milliers de photographies minérales en multipliant les perspectives et les points de vue, évidant la matière pour mieux en faire ressurgir les saillances. L’artiste procède par incrustation d’effritements calcaires dans les volumes basaltiques, y suggérant l’impureté et l’humidité organique. Créée par ces strates de matières et de couleurs, la lumière surgit alors… Elle circule et caresse, révèle les failles et les anfractuosités. Elle dessine les lignes qui structurent ces espaces obscurs, marqués par les changements climatiques et l’érosion de l’eau. Ainsi, cette exposition invite à d’incessants va-et-vient. Entre la plongée dans les profondeurs et la promenade sensorielle, laissons libre cours à nos pensées, à nos souvenirs, à nos perceptions : aux émotions qui nous traversent.

Dates

23 Octobre 2025 14 h 00 min - 20 Décembre 2025 19 h 00 min(GMT+00:00)

Get Directions