Juin, 2023

Dissonances visuelles

ven09jui(jui 9)12 h 00 mindim27aou(aou 27)18 h 00 minDissonances visuellesUn choix d’œuvres dans la collection de ContretypeContretype - Centre pour la photographie contemporaine à Bruxelles, Cité Fontainas, 4 A - 1060 Bruxelles

Détail de l'événement

Marie-Noëlle BOUTIN, Elina BROTHERUS, Dirk BRAEKMAN, Sébastien CAMBOULIVE, André CEPEDA, Julien COULOMMIER, Gilbert DE KEYSER, Vicente de MELLO, Sari EMBER, Monica ENGLUND, JH ENGSTRÖM, Gilbert FASTENAEKENS, Joan FONTCUBERTA, Jean-Louis GODEFROID, Istvan HALAS, Dency KANE, Angel MARCOS, Alain PAIEMENT, Bernard PLOSSU, Sébastien REUZE, Serge VANDERCAM, Andreas WEINAND…

Les missions comme les résidences sont nées d’un dialogue avec plusieurs photographes qui souhaitaient travailler sur Bruxelles. Il y avait donc une nécessité réelle d’instaurer ces projets, puisque les artistes le souhaitaient. Jean-Louis Godefroid

Du 9 juin au 27 août 2023, Contretype présente l’exposition Dissonances visuelles, une sélection de photographies issue de sa collection. A priori, un centre d’art ou un lieu d’exposition ne possède pas de collection. La constitution et la conservation d’une collection relèvent plutôt des missions d’un musée. Contretype fait néanmoins exception à la règle et peut s’enorgueillir d’avoir pu constituer depuis sa création en 1978 une collection riche aujourd’hui de près de 250 œuvres. L’objectif de cette exposition est de remettre en lumière un patrimoine mal connu, témoin d’une histoire de près de 50 ans, et de le placer au centre des nouvelles directions de travail de Contretype. Il s’agit avant tout de rendre compte d’un projet au service des artistes depuis près de 50 ans. Premier lieu historique à présenter publiquement de la photographie en Belgique, Contretype s’est vite affirmé comme un espace incontournable pour l’image. Ardent défenseur de la photo pensée comme mode d’expression artistique plutôt que comme outil technique de documentation du réel, son fondateur Jean-Louis Godefroid a su inviter à exposer des photographes importants, pour l’histoire de la photographie en Belgique comme au niveau international. À cette époque, les échelles de valeur et de renommée n’étaient certainement pas les mêmes qu’aujourd’hui, de même qu’elles n’étaient certainement pas aussi clivantes, et Contretype a ainsi pu faire voisiner sur ses cimaises les œuvres d’artistes tels que Peter Downsbrough, Alain Géronnez, Robert Rauschenberg, Daniel Brunemer, Robert Mapplethorpe ou encore Jacques Vilet. Esprit éclairé, Jean-Louis Godefroid a également su mettre en valeur le regard photographique d’Edouard Hannon, ingénieur et homme de progrès comme pouvaient l’être à l’époque les bourgeois cultivés, pionnier du pictorialisme en Belgique et membre fondateur en 1874 de l’Association belge de photographie, dans l’hôtel particulier duquel, à Saint-Gilles, Contretype était installé. Au fil des expositions, en remerciement, des artistes ont laissé à Contretype des œuvres qui ont constitué la base de sa collection.

La présence d’œuvres de Gilbert Fastenaekens, Stefan De Jaeger ou encore Dirk Braekman, datant de cette époque, traduit certainement le climat d’innovation et d’échange qui devait motiver les choix de Jean-Louis Godefroid, tel un relent de l’esprit militant et d’émulation qui avait caractérisé les salons artistiques officiels de la fin du XIXème siècle. En 1998, après 20 ans d’activité, Jean-Louis Godefroid décide de structurer son action en créant un programme de résidence artistique. À l’origine, en 1991, répondant à un désir exprimé par des artistes de « mettre leur regard à l’épreuve de la ville », il s’agit d’une simple commande, une mission comme on les appelle, intitulée 04°50°. Daniel Desmedt, Gilbert Fastenaekens, Marc Deneyer, Christian Meynen et Jacques Vilet sont invités à mener un travail sur la ville de Bruxelles. Sept ans plus tard, une seconde mission rassemblant cette fois des photographes belges et étranger.ère.s vient constituer la base du programme de résidences qui allait se développer et intitulé L’image de Bruxelles. Deux objectifs ont clairement présidé à ces résidences : constituer des archives contemporaines de Bruxelles tout en concevant Bruxelles non pas comme un cadre imposé de représentation mais comme l’un des paramètres du travail propre à chacun.e des artistes invité.e.s : Nous ne mettons pas le créateur au service des idées utilitaires. Il s’agit au contraire de fixer aux photographes des objectifs adéquats à leur pratique artistique et de favoriser les découvertes et les expériences menant à une réflexion sur le paysage urbain tant humain que bâti. (Jean-Louis Godefroid et Denis Stokkink, respectivement Directeur et Président de Contretype en 1998). Artistes d’ici et d’ailleurs, fameu.x.ses ou moins, figurent parmi les invité.e.s de Contretype au fil des années. Accueilli.e.s et hébergé.e.s à Bruxelles, ils/elles reçoivent chacun un budget pour la production de nouvelles œuvres, dont ils/elles cèdent à chaque fois un exemplaire, ou plus, à la collection de Contretype.

« Dissonances visuelles », l’expression est utilisée en 2014 par le critique et historien de la photographie Michel Poivert pour définir la grande diversité des styles et des écritures photographiques qui caractérise toutes ces œuvres. Cet éclectisme est aussi le révélateur de tous les imaginaires qu’un même lieu, Bruxelles, a permis de déployer : l’affirmation d’une arythmie dans la lecture du réel. La collection de Contretype n’a pas souvent fait l’objet d’expositions. Il y a eu celle organisée en 2018 au CRP/ (Centre régional de la photographie), à Douchy-les-Mines dans le nord de la France, autre centre d’art à posséder une collection de photographies. Plus proche de nous, on se souvient de la grande exposition Brussels Unlimited, résidences d’artistes à Bruxelles, présentée à la Centrale d’art contemporain à Bruxelles en 2014. Chargée du commissariat, Danielle Leenaerts avait suivi parmi les œuvres le fil des différentes approches artistiques, des différentes conceptions de la résidence, des différents visages de Bruxelles. Cette exposition avait permis de mesurer ce qu’auront produit d’artistique et de patrimonial toutes ces années de résidences. Les résidences se poursuivent toujours à Contretype, la collection continue de s’enrichir et « l’image de Bruxelles » continue de s’étoffer.

Les artistes belges ou bruxellois.es y ont leur part, car c’est du terreau bruxellois que se nourrit leur travail, même s’il n’est pas directement orienté vers la représentation de la ville. D’une certaine manière, ils ou elles construisent aussi l’image de Bruxelles. Concevoir en 2023 une exposition à partir de la collection de Contretype ne fera pas l’économie des représentations des réalités urbaines, sociales et humaines de Bruxelles. Mais il s’agira de tenter des hypothèses esthétiques, de dessiner des narrations, d’opérer des rencontres inattendues… d’agencer des dissonances !

Olivier Grasser

© Bernard Plossu

Dates

Juin 9 (Vendredi) 23 h 00 min - Août 27 (Dimanche) 5 h 00 min(GMT-11:00)