Septembre, 2020

Buried Intentions

ven04sep(sep 4)15 h 00 mindim27déc(déc 27)19 h 00 minBuried IntentionsRebecca HorneGalerie Confluence, 45 rue de Richebourg 44000 Nantes

Détail de l'événement

Souffler, plier, couper, tracer, laisser flotter ou fuir, équilibrer, ombrager, passer, découvrir, nager, glisser, répandre, faire disparaître, insérer, révéler. Comment enregistrer le quotidien ? Jusqu’où déplacer le regard dans les heures creuses ? Ces questions articulent la démarche de Rebecca Horne dont les photographies tentent de fouiller les surfaces et les moments de la vie quotidienne, comme une archéologie d’intentions enfouies. Rebecca Horne est capable de regarder une feuille de papier comme un lieu de potentiel jamais finalisé. Ses mises en scènes improvisées d’objets et de matériaux utilisent des techniques de prise de vue à huis clos basées sur le temps long pour créer des images à mi-chemin entre le rêve et le quotidien.

Rebecca Horne regarde la photographie comme outil chirurgical pour détecter l’inframince. À première vue, rien ne se passe, le silence prend l’espace et la magie opère.
Une magie qui pourrait s’apparenter à une expérience non-scientifique où les objets du quotidien deviennent aplats de couleurs, tensions de gestes, surgissement de lignes. Dans Manifeste Jaune, Victor Vasarely rappelait doucement que la ligne en peinture n’est qu’une pure fiction découlant avant tout de la rencontre de deux masses colorées. Dans les photographies de Rebecca Horne, la fiction prend ses aises et circule librement à la surface des images. Ainsi une feuille de papier sera tour à tour une carafe, une fente, une lune. Rien n’arrête le récit et les mains, nues ou gantées de latex bleu, manipulant tous ces possibles, se transforment en monsieur loyal d’un cirque merveilleux. Car il y a du merveilleux à bousculer le banal.

Cette figure d’une femme faiseuse qui transforme un espace intime en un espace d’expériences plastiques a été maintes fois décrite et théorisée. La photographie, précisément, a ouvert ces questions, qu’on pense aux objets installés de la surréaliste Meret Oppenheim ou aux mises en scène surimpressionnées, contretypées ou magnifiées par le pinceau lumineux d’Alix Cléo Roubaud. Plus que toute autre pratique plastique, la photographie semble engluée dans le réel alors que, comme toute pratique artistique, la photographie n’enregistre pas, elle déplace. Elle crée ces espaces parfaitement autres, petites hétérotopies fulgurantes, qui remettent en question patiemment des situations du réel.

À la manière des films de Chantal Akerman, les objets du quotidien ainsi photographiés dans leur suspension deviennent des moyens d’échapper à l’engluement programmé de leur fonctionnalité. On retrouve alors dans la photographie de Rebecca Horne les équilibres de Fishli et Weiss ou les détournements tranquilles et militants d’Elina Brotherus.
Texte: Emilie Houssa

Dates

Septembre 4 (Vendredi) 15 h 00 min - Décembre 27 (Dimanche) 19 h 00 min(GMT+00:00)

Galerie Confluence45 rue de Richebourg 44000 NantesOuvert du mercredi au samedi, de 15H à 19H et sur RDV