Juin, 2019

Eternelles Jérusalem / Rome

jeu06jui(jui 6)10 h 00 minven19jul(jul 19)19 h 00 minEternelles Jérusalem / RomeChantal StomanGalerie SIT DOWN, 4, rue Sainte Anastase 75003 Paris

Détail de l'événement

Le passé est éternel, c’est le présent qui passe, le présent qui fuit et qui s’efface.

La galerie Sit Down, pour son exposition de l’été 2019, a choisi de montrer deux projets distincts, réalisés sur deux périodes différentes, un regard croisé d’une même artiste, Chantal Stoman, sur deux villes Eternelles.

Qu’existe t’il d’Eternel ? L’Histoire, la trace. A Rome, puis à Jérusalem, la photographe a cherché durant plusieurs semaines à percevoir un semblant d’éternité.

A Jérusalem, c’est dans ses pierres millénaires, que l’Éternité est palpable. Cette pierre unique qui unifie la ville d’Est en Ouest, nous conte l’histoire de l’humanité. Une pensée du Lieu dans laquelle on perçoit les 3000 ans d’histoire qui lient ses murs. Souvent détruite mais néanmoins vivante, cette capitale de la survie possède deux visages, l’un, visible, l’autre, insaisissable. La ville trois fois sainte s’appuie sur ses écrits et à travers le texte, Jérusalem se lit comme un livre ouvert. Car dans ses pierres, l’histoire se raconte. Ici, tout se fantasme, rien ne s’expose et la parole laisse place à l’imaginaire.

Jérusalem a traversé les millénaires et aucune autre ville, ni Rome, ni Byzance, ni La Mecque n’ont ravi le privilège de la ville nommée sainte. Elle est la figure de la ville éternelle. Jérusalem, lieu du retour où ce qui a été perdu doit être retrouvé. Le texte donne alors accès au Lieu, la lettre à la vie. Passion de l’écriture, amour et endurance de la lettre dont on ne saurait dire si le sujet en est le Lieu ou la Lettre elle-même. Racine peut-être commune d’un peuple et de l’écriture. Mais peut-on définir l’écriture ? Ou alors est-on réduit, parlant de l’écriture, à décrire son mouvement, ou même simplement à suivre ce mouvement qui porte l’homme dans le Lieu? Le texte se contente de suivre un chemin, précisément le chemin de l’écriture qui est aussi, le chemin du Lieu et trace son sillon dans la ville de Jérusalem.

L’aventure du texte laisse place à l’imaginaire.

Conditionnée par l’écoute d’une Parole, j’ai souhaité inscrire mes images de Jérusalem dans une posture mi- poétique, mi- esthétique . A travers ce projet, j’ai voulu surtout en esquisser les contours de la ville.

A Rome, berceau du Christianisme, c’est l’image omniprésente qui est Eternité. Ce glissement du registre cultuel vers celui de l’art, et la portée édifiante de l’image ont guidé mon regard sur la ville dont le nom latin signifie ville éternelle. Le rapport à l’image que les confessions chrétiennes, précisément à Rome, ont développé au cours des siècles a forgé leur culture visuelle et les attitudes à l’égard des images tendent à se rejoindre. Quel que soit le statut assigné à l’image, celle-ci tient une grande place dans la ville.

Ainsi la représentation du sacré véhicule un message religieux. Il devient l’élément central du rite, l’incarnation d’un personnage. Ainsi, les miracles accomplis par l’intermédiaire des images saintes, les utilisations apotropaïques de celles-ci par l’intermédiaire de leur représentation figurée, ou les légendes qui courent à propos des pouvoirs exceptionnels de telle ou telle figure façonnent la foi romaine.

La prolifération quantitative des images saintes, ce qu’elles représentent, a généré un culte de l’image. Ainsi offerte à mon regard, l’image religieuse omniprésente dans la capitale italienne a guidé mes pas. J’ai souhaité mieux comprendre la manière dont l’image chrétienne a été traitée depuis la fin de l’Antiquité. J’ai voulu observer comment une idée assez simple a pu se développer : atteindre les réalités invisibles au moyen de choses sensibles, voire matérielles.

J’ai longuement regardé ces hommes, ces femmes qui adressent aux images des louanges et des marques de dévotion. J’ai cherché les significations des peintures et des statues offertes à la vénération des fidèles, sentant la présence directe du sacré ou la consolation dans la souffrance.

A travers cette exposition rassemblant deux villes symbolisant l’Eternité, deux projets, j’ai voulu, non pas confronter, mais associer deux visions.

Deux perceptions, si éloignées soient-elles, se rejoignent dans la photographie, l’image du présent.

Chantal Stoman

Chantal Stoman est une photographe française qui vit à Paris.

Son travail s’inscrit dans une démarche qui repose sur une observation approfondie des rapports entre l’Homme, son intimité, et la Ville.

Débuté avec A WOMAN’S OBSESSION, observation de la relation particulière que les femmes japonaises entretiennent avec le luxe et la mode, elle élargit ensuite sa focale avec LOST HIGHWAY, A PHOTO PROJECT. Réalisé sur les flyovers des grandes villes du monde c’est un voyage dans l’intimité furtive de l’humanité qui se cache au cœur des grandes villes. Depuis les autoroutes aériennes de Tokyo, Sao Paulo, Le Caire, Hong Kong, Bombay, LOST HIGHWAY raconte cette part commune à toutes les grandes citées, là où les frontières n’existent plus.

Sa passion pour le contemporain, et son incarnation la plus massive – la «ville monde», en extension continue de Tokyo jusqu’à Sao Paulo – n’ont pas entamé la sensibilité de son regard pour la ville verticale, celle qui se donne à voir et à vivre dans l’épaisseur du temps.

Le travail que Chantal Stoman a ensuite réalisé à Rome avec L’IMAGE CULTE puis à Jérusalem, avec le projet WALKING DISTANCE témoigne de son tropisme vers les «villes mythes».

Ces villes qui racontent, dans le profond, une histoire et qui font l’Histoire. L’attention au détail, – la traque d’un sens, logé parfois dans une boîte aux lettres – introduisent une interrogation, une réflexion, un suspens poétique, ajoutant à la photographie la promesse d’une suite.

En 2016, invitée en résidence au Cambodge Chantal Stoman travaille Le projet VIEWS, Phnom Penh , se plongeant dans l’intimité de la ville, la nuit. Le projet a fait l’objet d’une installation monumentale lors du Mois de la Photo du Grand Paris. Le livre VIEWS est publié par les éditions Rue du Bouquet. Depuis 2017, Chantal Stoman se consacre à OMECITTA, un projet ayant bénéficié du soutien du CNAP grâce au dispositif de l’aide à la photographie documentaire. Un documentaire filmé est également en cours.

 

Photo : Série Walking distance, Jérusalem , 2016 © Chantal Stoman courtesy galerie Sit Down

Dates

Juin 6 (Jeudi) 10 h 00 min - Juillet 19 (Vendredi) 19 h 00 min(GMT+00:00)

Galerie SIT DOWN4, rue Sainte Anastase 75003 ParisLa galerie est ouverte du mardi au vendredi de 14h à 19h et le samedi de 12h à 19h