Février, 2021

Exposition des lauréats au Prix Résidence Fondation des Treilles

sam27fev(fev 27)10 h 00 minsam10avr(avr 10)18 h 00 minExposition des lauréats au Prix Résidence Fondation des Treillesinitial Labo, 62, avenue Jean-Baptiste Clément 92100 Boulogne Billancourt

Détail de l'événement

Initial Labo est heureux s’accueillir au sein de son espace photographique l’exposition du prix résidence photographique de la Fondation des Treilles. L’exposition est l’occasion de découvrir les travaux réalises par les lauréats durant leur résidence en 2020, Sylvie Hugues, M’Hammed Kilito et Jean François Spricigo, mais également d’annoncer les futurs résidents 2021.

Le projet de Sylvie Hugues : « El Pueblo »
A 12 ans, la vie de Sylvie Hugues bascule. Elle habite alors à Collera un village situé prés de Valencia, en Espagne. Au retour d’une sortie scolaire, on lui apprend que sa mère vient d’être assassinée par son deuxième mari, un policier de la Guardia Civil.
Elle doit alors quitter subitement l’Espagne, et le paradis de l’enfance, pour retrouver dans les cités de la banlieue parisienne un père qui ne sait pas l’aimer et une belle-mère agressive. A la douleur du deuil, s’ajoute celle de l’exil.
De cette période de sa vie, il ne lui reste qu’un album de famille, quelques papiers jaunis et le jugement du tribunal. Son beau-père n’avait écopé que de deux années de prison. Crime passionnel disait-on alors… Aujourd’hui on parlerait plutôt de féminicide. A 18 ans, elle coupe les ponts avec sa famille et se lance dans le cinéma, la photographie et l’écriture.
Le souvenir de sa mère et de ce drame continue de la hanter mais c’est, en 2014, avec une nouvelle violence, sociale cette fois, que cette plaie s’ouvre de nouveau. Un licenciement brutal et injuste la replonge dans son passé. Elle décide alors de retourner en Espagne, afin de retrouver les traces de son enfance, revoir ses copines de classe, saluer les religieuses qui l’ont recueillie à la mort de sa mère. Elle prévoit aussi de revoir le fils de l’assassin qu’elle considérait, enfant, comme son grand frère. Sur place elle prend des notes, fait des photos et décide de bâtir un récit autobiographique où vont se mêler ses propres mots, ses propres images avec ses photos de famille et les rares documents administratifs retrouvés.
Ainsi naît le projet « El Pueblo » qui sera réalisé grâce à la résidence des Treilles. Il va s’agir de construire un livre de textes et de photographies, un ouvrage ainsi qu’une exposition pour exorciser les démons du passé et proposer une oeuvre « autonome » où l’intime devient universel

Le projet de M’Hammed Kilito: « La jeunesse marocaine »
Ce projet est une enquête sur le choix d’une identité personnelle de la jeunesse marocaine à partir d’une sélection de portraits de jeunes qui prennent leurs destins en main avec le courage de choisir leurs propres réalités, repoussant souvent loin les limites de la société. Que ce soit à travers leurs activités créatives, leur apparence ou leur sexualité, ils véhiculent l’image d’un Maroc jeune, en éveil, changeant, revendiquant le droit à la différence et célébrant la diversité. Ces jeunes défient au quotidien les normes conservatrices et traditionnelles de la société marocaine. Ils cultivent leur oasis privée malgré les entraves qu’ils rencontrent dans un pays qui selon leurs dires ne progresse pas au même rythme qu’eux.

Le projet de Jean François Spricigo : « Le loup »
La nature et les animaux occupent chez lui une place aussi essentielle que l’Humain, à vrai dire il se trouve même que les premiers ont participé à le réconcilier avec le second. La réconciliation par la non-séparation est l’argument fondateur de cette candidature. La relation entre le naturel et le culturel s’inscrit depuis le début de son travail comme principal vecteur de discernement pour évoluer sereinement au sein de notre société si complexe.
Le loup, pour lui, cristallise une certaine dualité en l’Homme, entre sa part sauvage tile loup) et sa part casanière, domestique pourrions-nous dire tile chien). Pour prolonger la métaphore, le tempérament « suiveur » est qualifié de mouton. Quel troublant jeu sémantique alors de se rendre compte que le loup représente la menace de cet aveuglement, tandis que le chien protège – et donc empêche – le troupeau de rencontrer la lucidité de la liberté.
Deux facettes d’une même médaille. Une vision qui aspire au discernement engage forcément le paradoxe. Il aimerait à partir du réel et des légendes liés à la figure du loup, approfondir la relation avec eux, ce qu’ils symbolisent et ce qu’ils incarnent, ainsi humblement apporter une représentation plus apaisante sur la nécessaire cohabitation entre l’Homme et l’animal, par la photographie et le texte.

Le projet de Bernard Descamp :
La France méditerranéenne est une région que je connais assez mal, en tout cas que j’ai peu photographiée.
Plus qu’un « sujet » à traiter, j’aimerais suivre un itinéraire, celui du littoral, là, juste où la mer rejoint la terre, que cette ligne soit naturelle ou fortement urbanisée… Cette démarche a souvent été la mienne: à Madagascar en 2013, au Vietnam dans les années 2000, au Japon en 1993 en France sur les côtes du Nord ou de Bretagne…
Au cours de ce « voyage », les photographie seront des rencontres, rencontres avec un lieu, une ou des personnes, un évènement, mais surtout des rencontres avec soi même, des instants de soi, projetés.
Dans son autobiographie « Chroniques », Bob Dylan explique qu’une chanson ressemble à un rêve qu’on essaie de réaliser… Je pense que c’est un peu la même chose pour une photographie. Il y a pas mal d’analogies entre chanson et photographie.
Suivre le littoral et photographier, tailler dans l’espace et le temps, projeter ses rêves et ses désirs, J’ai toujours espéré que, derrière l’aspect visible des choses, se cachait, un esprit. Une sorte d’animisme où la photographie pourrait révéler un peu de cet au delà… Suffirait il d’arrêter le temps pour voir au delà des apparences?
Attraper un peu de cet invisible dont parle Pascal Quignard: » Le visible ne suffit pas à comprendre ce qui est vu. Le visible ne s’interprète qu’en référence à l’invisible ».

Le projet de Sophie Hatier :
La Camargue, de Salin de Giraud aux Saintes Maries de la mer.
Mon travail, comme vous pourrez le constater dans la sélection d’images, est tourné vers la nature et tout ce qui procède du vivant et de sa diversité. Une approche sans à priori où je m’attache à regarder avec la même attention une personne, un animal, un végétal…sans échelle de valeur. Photographier une personne comme une montagne et inversement.
« Je reste en plein air à cause du minéral, du végétal, de l’animal qui sont en moi  » Henri David Thoreau Pour votre résidence je vous propose une recherche en Camargue, région que je connais pour y avoir vécu une courte période, mais que je n’avais jusqu’alors jamais photographié.
J’ai commencé dernièrement a aborder ce territoire par un début de série sur l’eau qui domine et régit une grande partie de la Camargue. On y trouve tous les types d’eaux : Méditerranées, Rhône, étangs, marais, salins… Eau salée, douce, saumâtre…chacune avec sa couleur, sa composition et sa matière.
Ce paysage qui parait si sauvage est en fait complètement géré par l’homme par de savants transferts de ces eaux.
Je voudrais poursuivre cette recherche en y introduisant les humains qui vivent et travaillent dans cette nature ainsi que les végétaux et les animaux particuliers qui s ‘adaptent en fonction de la composition sodique de l’eau et des sols.
Un travail qui pourrait être accompagné et nourri tout aussi bien de données scientifiques que de poésies.

Le projet de Yusuf Sevinçli : CEASE FIRE (titre provisoire du projet)
Le but de mon projet «Cease Fire» est d’explorer l’empreinte de l’histoire récente et des conflits sur le paysage de Chypre. Troisième plus grande île de la Méditerranée, Chypre se situe à un carrefour culturel, linguistique et historique entre l’Europe et l’Asie. Pendant des siècles, elle a été le point de fusion des civilisations et des générations de pèlerins, de croisés et de voyageurs.
Mon projet «Cease Fire» n’aspire pas à «écrire» de l’Histoire, mais plutôt à offrir une réponse viscérale subjective à la façon dont ces ambivalences s’impriment sur le paysage et les habitants d’une île littéralement coupée au couteau en deux.
Lors de mes séjours à Chypre, j’essaierai de retracer des arrangements spatiaux de partition et de conflit mais en même temps des traces d’unification, de paix et d’intégration. J’essaierai aussi de décoder le silence et l’absence dans un paysage où rien ne se passe apparemment comme une porte vers des réalités passées toujours en cours dans le présent. Le projet me mettra au défi de confronter, de jouer et de comprendre, à travers la photographie, les effets perturbateurs de la politique sur la vie des individus et des communautés
Je suis particulièrement intéressé à enregistrer la militarisation latente mais extrême du paysage dans une si petite île et en tant que sujet aux nuances politiques et historiques infinies, Chypre a été jusqu’à présent négligée dans le domaine de la photographie. Et pourtant, compte tenu de la polarisation actuelle et des tensions croissantes dans le bassin méditerranéen oriental, il fournit des sujets très pertinents pour aujourd’hui.
Je prévois de développer «Cease Fire» comme un récit de voyage non linéaire à travers une série de voyages dans les deux parties de l’île. Je me concentrerai sur deux domaines: la photographie de paysage et les portraits des habitants. La dualité sera la clé de ma démarche: la dualité du paysage mais aussi de ses caractères humains.

Dates

Février 27 (Samedi) 10 h 00 min - Avril 10 (Samedi) 18 h 00 min(GMT+00:00)