Décembre, 2019

Frondaisons, la Fabrique de l’image d'un maquis de l'Argoat

dim15déc10 h 00 min2020dim15mar18 h 00 minFrondaisons, la Fabrique de l’image d'un maquis de l'ArgoatSophie ZénonMusée de la Résistance en Argoat, L’Etang Neuf - 22480 Saint-Connan

Détail de l'événement

Sophie Zénon a arpenté le bois de Coat-Mallouen où, en juillet 1944, 250 jeunes épris de liberté ont vécu dans la clandestinité. Tourné en 1945 à la Libération, un film exceptionnel réalisé par le photographe Anselme Delattre et son fils Guy alors âgé de 14 ans, reconstitue la vie de ce maquis et fait rejouer aux maquisards leur propre rôle. S’appuyant sur ces archives inédites, l’artiste s’interroge sur les images véhiculées par la Résistance en 1945. Pourquoi ce film ? Pourquoi en 1945 ? Quels sont les enjeux d’une telle reconstitution ?

Cette exposition est la restitution d’une résidence de création menée à l’invitation du Pôle et du Musée de la Résistance en Argoat (Côtes d’Armor), en partenariat avec la galerie L’Imagerie (Lannion) – membre du réseau ACB – et la Cinémathèque de Bretagne.
Elle est soutenue financièrement par la Région et la DRAC Bretagne, la CCKB, le Département et l’association AGPAMEN / Pôle de l’Etang Neuf.
Merci à l’Abbaye de Coat-Mallouen, à Rolland Savidan, à Fabrice Grenard, directeur historique de la Fondation de la Résistance (Paris) et à l’association Diaphane (Clermont-de-l’Oise) pour leur aimable collaboration.

LE CONTEXTE
L’Etang Neuf se situe au coeur de l’Argoat, sur la commune de Saint Connan dans les Côtes d’Armor, aux sources du Trieux.
En 1143, des moines cisterciens bâtissent une abbaye dans le bois de Coat-Mallouen jouxtant la berge sud de l’étang et dont il subsiste aujourd’hui des ruines. Ce site est choisi en 1944 par la résistance guingampaise pour établir un maquis, véritable camp retranché sous le nom de maquis de Plésidy-Saint Connan.
Le maquis est constitué de plus de 300 hommes dont la moyenne d’âge est de 22 ans, et dont beaucoup sont des lycéens venus de Guingamp. Il est organisé militairement par les dirigeants locaux de l’Armée secrète, G. Lecun et M. Branchoux. Il connaît une vie comparable à celle menée à la caserne : lever des couleurs, sport, instructions, corvée, aménagement des emplacements de combat. Le camp de base installé dans la forêt est idéal pour mener des embuscades contre l’occupant.
Le maquis affronte les troupes d’occupation lors des combats du 27 juillet 1944 puis participe à la Libération de Guingamp et de sa région.
Aujourd’hui, au bord de l’Etang de Saint Connan, un musée raconte cette histoire restée longtemps méconnue au niveau national. L’occupation, les résistances, les maquis et leurs alliés, le maquis de Plésidy à Saint-Connan, la Libération, sont autant de thèmes abordés au sein d’un parcours de visite laissant une large place à l’audiovisuel.

DES ARCHIVES EXCEPTIONNELLES
Au musée, parmi les nombreuses archives photographiques, objets et témoignages, on peut voir un extrait d’un film datant de 1945. Ce film, longtemps resté dans les archives familiales et aujourd’hui déposé à la Cinémathèque de Bretagne (Brest), est le fruit du photographe Anselme et de son fils Guy Delattre, âgé de 14 ans en 1945 et qui fera par la suite une prestigieuse carrière dans le cinéma.
Le 7 août 1944, muni de l’appareil photo et de la caméra de son père, il photographie la Libération de Guingamps. Il a alors 13 ans. En août 1945, père et fils font reconstituer aux maquisards les combats de la Libération. Dans le bois de Coat-Mallouen les maquisards jouent leur propre rôle, d’autres celui des Allemands. On y voit la vie quotidienne à Coat-Mallouen – scènes de repas, de bains dans la cascade – et une reconstitution du désormais célèbre combat du 27 juillet 1944 où plus de 150 Allemands ont été anéantis par les maquisards.
Les reconstitutions après-guerre ont été nombreuses, organisées pour la plupart par les institutions, les cadres militaires.
Ce qui est unique ici, ce sont ces images tournées par des civils, un photographe, Anselme Delattre, assisté de son fils Guy, un adolescent de 14 ans. On lit sur les visages une joie, un enthousiasme qui contrastent avec la réalité des conditions de vie dans le maquis vécues une année auparavant. Dans ces visages, on peut lire ce qui animera toute une génération : le désir d’une vie autre, d’une liberté, une forme d’utopie, un « mai 68 de la résistance ».

UNE EXPOSITION PHOTOGRAPHIES ET VIDEOS
Suite à son récent travail sur le Hartmannswillerkopf (HWK), site vosgien de la première guerre mondiale «(« Pour vivre ici », livre d’artiste publié aux éditions LOCO en avril 2019), et à son intervention à un colloque au musée de l’Armée en décembre 2017 sur le thème «Les lieux de mémoire face aux enjeux de la société contemporaine », le Musée de la Résistance en Argoat a invité Sophie Zénon à réaliser une recherche artistique et à mener un atelier pédagogique sur ce haut lieu de la résistance bretonne.
A mi-chemin entre recherches documentaires et esthétiques, ce travail propose une interprétation plastique du lieu à partir de sa forêt et une exploration des archives Delattre.
Par couches successives, dans des images mêlant prises de vues en forêt, photogrammes et projections, Sophie Zénon fabrique et scénographie un paysage mémoriel dans lequel les corps sont des spectres, porteurs d’enjeux historiques et politiques. De ses évocations puissantes naissent des archives poétiques d’une histoire contemporaine.

Dans une vidéo de création, Sophie Zénon opère à une vertigineuse plongée dans le film Delattre. Recadrages au plus près des visages, solarisations, superpositions, elle se livre à un montage expérimental où dans des séquences d’apparition et de disparition des visages, elle fouille au plus près de ce que l’image peut nous révéler.
Dans une seconde vidéo, Fabrice Grenard, directeur historique de la Fondation de la Résistance à Paris, décrypte le film Delattre et offre, à partir de morceaux choisis, quelques clefs pour sa compréhension.

Dates

Décembre 15 (Dimanche) 10 h 00 min - Mars 15 (Dimanche) 18 h 00 min(GMT+00:00)