Queen of nowhere

Qui est vraiment Kourtney Roy ?

Tour à tour femme rebelle, beauté fatale ou ménagère surmenée, la photographe se joue des stéréotypes et se plait à endosser différents rôles pour brouiller les pistes dans des autoportraits aux couleurs franches.
Née au Canada, en Ontario, son père était cow-boy… pas étonnant qu’elle conçoive le monde comme un vaste plateau de cinéma prêt à accueillir sa fantaisie. Paysages urbains ou étendues désertiques deviennent un décor qui n’attend que l’entrée de l’artiste.

Sacrée artiste… Capable d’assumer tous les postes : du storyboard qu’elle imagine au stylisme, en passant par le cadrage, la mise en lumière, le maquillage, la direction d’acteur… Kourtney Roy est définitivement une véritable femme-orchestre.

Si l’idée de poser devant l’objectif en se transformant n’est pas nouvelle – certains la comparent à Cindy Sherman – rares sont les photographes qui parviennent à un tel degré de perfection dans la mise en scène.
Sans oublier ce qui fait le sel de ses réalisations, l’humour toujours présent dans ses créations.

L’exposition Queen of Nowhere présentée à la galerie Esther Woerdehoff nous le rappelle habilement en mêlant plusieurs séries réalisées sur une dizaine d’années. Enter as fiction, ma préférée que j’ai choisi d’exposer au Festival du Regard à Cergy-Pontoise dans le cadre du thème «Intime et Autofiction», mais aussi Sorry, No Vacancy et celle ayant fait l’objet de son dernier livre The Tourist, sans doute la plus mature…

Le passage de la quarantaine aurait eu raison de l’enfant terrible ?
Au contraire la voici plus glamour que jamais, affublée de bellâtres à la musculature boursouflée ; Sue Ellen pas encore décatie mais déjà grande amatrice de cocktails, délaissant les ambiances des films noirs pour les superproductions en technicolor. Vous l’aurez compris chez Kourtney l’autodérision règne en maître, logique pour une Reine de Nulle part…

© Kourtney Roy, The Tourist, Yellow Boat, Pigment inkjet print on archival paper 60 × 90 cm