Pascal Amoyel

Bourse 50 cc Air de Normandie
L’exposition réunit Nord-Ouest de Pascal Amoyel et Soulever la poussière de Coline Jourdan, lauréats de la bourse 50 cc – Air de Normandie qui récompense des projets de photographes résidant en Normandie.

« Depuis cinq ans, je photographie Bellême, village de l’Orne où je vis, et ses alentours proches. Je photographie sur les routes départementales et les chemins communaux, dans les centres villes désertés et à la périphérie des sous-préfectures, le long des rivières et dans les skateparks, sur les parkings des centres commerciaux et ceux des fast-foods. Je photographie les abords, passages obligatoires pour ceux qui n’ont pas de voiture. Je photographie ces lieux et les visages qui s’en détachent. Dans un noir et blanc classique et atemporel, je travaille à l’encontre de la conception nostalgique d’une campagne française idéalisée, aux couleurs de l’iconographie typique des années soixante, toujours largement présente dans l’imaginaire contemporain. Cette campagne, où l’on pouvait vivre sans sortir de son village, n’existe plus. Dorénavant, l’expérience de ce territoire est celle d’une hybridation entre terrains agricoles, espaces naturels aménagés, villages et petites villes, zones commerciales et industrielles, ronds-points. Les hommes évoluent au sein de cet assemblage hétéroclite, entre des endroits très différents et pourtant étroitement liés par des effets de lisière, qui se fondent sans que l’on puisse toujours déterminer exactement où l’on se trouve. De cet espace morcelé, où les liens sociaux anciens se sont pour la plupart défaits, n’émerge le plus souvent qu’une image brouillée. À la recherche d’une représentation juste, Nord-Ouest est l’invention d’un lieu où se tenir le temps de sa traversée. Des relations se tissent entre des personnes et des lieux dissemblables, réunis par cet ensemble d’images. Des passages s’ouvrent. Des possibles se créent. Écho au sud-est américain dans l’histoire de la photographie, ainsi qu’au sud-est français où se sont rencontrés les exils de ma famille, ce travail est la forme donnée à la reconnaissance de cette double filiation. Travaillant dans l’entre-deux, je cherche avec la photographie à comprendre où me tenir dans ce lieu, et ainsi dans mon histoire : comment vivre ici aujourd’hui, comment y réaliser une inscription à la croisée de l’histoire familiale, de l’histoire nationale et de l’histoire de la photographie. »

Pascal Amoyel