Lara Gasparotto

Photo : Lara Gasparotto, L’arbre oiseau, Anthisnes, 2023 / courtesy in camera galerie

A la rentrée, la galerie in camera met à l’honneur la photographe Lara Gasparotto pour son premier solo show en France. À travers une quinzaine de tirages, l’artiste belge dévoile un univers intime et poétique, où photographie et interventions picturales, réalité et fiction, se mêlent.

La dépense, la perte, l’oubli, l’inversion. C’est d’abord ça. Les brumes des lendemains de voyage ou de fête. Mais au fil des images quelque chose d’autre se dessine. Des questions pointent. Qui prend soin de nous ? Quels sont les gestes, les matières ou les ombres qui nous protègent ? Comme à la recherche d’une nouvelle éthique, avec ses propres moyens, son appareil, ses craies, ses feuilles, ses calques, Lara trace des voies, des lignes, fait des choix. Dans les plis des draps, les épis de blé, les rideaux de pluie. La nature dans toutes ses formes. Peau, poil, pierre. Lara joue avec la frontière, mêle l’humain à son Autre, fait voir le soin qui s’esquisse de part en part. Loin des injonctions, des leçons, elle raconte. Elle dessine, elle surligne les liens invisibles qui se tissent d’un bout à l’autre de nos mondes. À la craie, sur les visages, les bras de ceux qu’elle aime, elle rajoute des ombres d’arbres qui n’existeront bientôt plus, des lumières de soleils qui ne rayonnent peut-être pas encore. Elle crée des échos, elle nous parle de nous, de nos mondes qui disparaissent, mais aussi de la possibilité d’en créer des nouveaux. Et surtout de la beauté qui vit ou survit au milieu des décombres.
Éva Mancuso

Lara Gasparotto (née à Liège, Belgique) développe depuis plus de dix ans une oeuvre photographique profondément personnelle et poétique, oscillant entre réalité et fiction. Elle est diplômée de l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège.
Son travail, intime et contemplatif, capture des instants fugaces de la vie quotidienne, des paysages naturels et des portraits empreints de douceur et de mélancolie. Elle privilégie l’argentique, qu’elle considère comme un rituel, et intègre parfois des éléments picturaux tels que la gouache ou le pastel pour enrichir ses images, créant ainsi une atmosphère unique où la lumière, la texture et l’émotion se rencontrent. À travers son oeuvre, Lara Gasparotto invite le spectateur à une immersion dans un univers où le quotidien se transforme en poésie visuelle, offrant une réflexion subtile sur l’identité, la mémoire et la beauté du monde qui nous entoure.
Son travail a souvent été exposé en Belgique, notamment au Musée de la Photographie de Charleroi et à la Biennale de la Photographie de Liège mais également au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Allemagne ou encore en Chine, au Guangzhou festival de Pékin. En 2020, elle a gagné le prix de la Création de la ville de Liège. Elle a publié cinq monographies et travaille également comme commissaire d’exposition.
Lara Gasparotto a également participé au projet collaboratif African Vox en 2019 avec la muséologue Basika Paola, qui vise à encourager la création artistique contemporaine en invitant de jeunes artistes belges et congolais à se réapproprier leur histoire coloniale.