Juin, 2025

Leitmotive

sam28jui(jui 28)13 h 00 minsam20sep(sep 20)19 h 00 minLeitmotiveExposition collectiveGalerie Binome, 19 rue Charlemagne 75004 Paris

Détail de l'événement

Photo : Thibault Brunet, N23-C13, série 3600 secondes de lumière, 2024 tirage jet d’encre sur papier Epson ultra smooth contre col lage sur Dibond, enca dre ment, verre anti re flet pièce unique (+1EA) – 100 x 100 cm

Ferme­ture esti­vale du 29/​07 au 25/​08

AurelK — philippe durand — guénaëlle de carbonnières — anaïs boudot — baptiste rabichon — thibault brunet — marie clerel — laurent lafolie — laurent millet — lisa sartorio

L’histoire de la photographie et des expositions a familiarisé le spectateur avec les œuvres en série. La sélection pousse le curseur en s’intéressant à des entités plus systématiques, dont le fondement repose sur une intention de reprise. Filant la métaphore musicale, Leitmotive joue de la répétition d’un même motif, de la variation sur un même thème. Planètes, nuages, pierres, vagues, visages, suaires, mais aussi armes, révoltes. D’une chronique des jours jusque dans les sphères du Cosmos, les murs de la galerie résonnent des itérations visuelles des dix artistes conviés dans l’exposition collective de l’année.

Séduisants de loin, les paysages de L’écrit de l’histoire révèlent de près le vertige de l’envahissement, le choc des ravages de la guerre. Par la multiplication obsessionnelle de photographies d’armes de guerre ayant joué un rôle majeur dans les conflits mondiaux, Lisa Sartorio donne forme à des simulacres de paysages. À l’instar de M14-ebr, du champ de blé au champ de bataille, chaque œuvre oscille entre photographie et dessin, paysage contemplé et documenté. Ces images hybrides racontent moins les conflits que notre présence au monde dans un processus de ré-éveil des esprits.
Collection du musée des armées, M14-Ebr clôturait récemment l’exposition Le trompe-l’œil au Musée Marmottan Monet.

3600 secondes de lumière capture la beauté éphémère des nuages à l’intérieur de l’espace virtuel d’un jeu vidéo crée par l’artiste. Thibault Brunet observe l’effet du passage du temps sur les couleurs des cieux en créant un cycle de lever et de coucher de soleil virtuel. Ces portraits de nuages modélisés en 3D, prennent des teintes différentes en fonction de l’heure de la journée. L’artiste dresse ainsi un catalogue de nuages selon un immense champ des possibles : le titre 3600 secondes de lumière renvoie à autant de potentiels, soit 60 états de lumière jouant sur 60 modèles de nuage dans un laps de 12 heures (12 minutes dans la temporalité accélérée du jeu). L’obsession contemporaine de l’enregistrement total(itaire) du monde, de l’omniscience, est transformée en un geste poétique aussi dérisoire que magnifique.

Notre expérience face aux images de Philippe Durand est celle d’une perception phénoménologique. Elle engage l’idée de toucher avec les yeux. Ainsi les Gour de Tazenat projètent l’image photographique hors de sa planéité traditionnelle. Le regard est absorbé dans un va-et-vient entre la surface calme et miroitante de l’eau du lac, dont on perçoit la profondeur, et la volumétrie de la roche volcanique, émergeant physiquement au-delà du support photographique. De cette tension surgit la sensation d’un trompe-l’œil plus que réel. Ce fascinant effet de relief est reproduit grâce à une technologie innovante d’impression en 3D que l’artiste a pu réaliser en collaboration avec une société japonaise dans le cadre de la Commande photographique nationale IMAGE 3.0 dont il est lauréat en 2021.
Collection du Centre national des Arts plastiques.

Artiste repérée dans une pratique expé ri men tale du médium, sans appareil, Marie Clerel réactive des proces sus historiques de production d’images, dont celle du cyanotype. Correspondances redistribue sa collection compulsive de cartes postales anciennes. Évidée de ses formes figuratives pour ne garder que le bleu du ciel et de la mer, chaque carte devient la matrice d’une abstraction photographique dont la durée d’insolation dépend de la rapidité des agent·es de La Poste. Héritage d’un art épistolaire, Correspondances (2024) témoigne du minima lisme poétique de son écriture photo graphique.
Acquisition 2025 du Fonds d’art contemporain – Paris collections.

Rien qu’une vague qui avance et se retire, tendant parfois à l’abstraction. Autour d’un même rocher, les vagues se répètent sans jamais se ressembler. Clin d’œil à la séquence chronophotographique La vague d’Etienne Jules Marey (1891), Le reste des vagues d’Anaïs Boudot est un ensemble de photogrammes. Le flux de la mer est évoqué à la fois dans la séquence des images mais encore par les gris changeants et les variations de luminosité dans les projections de gouttes argentées. Capter l’écume dans l’évidence de sa perpétuelle inconstance, garder un fragment de cette prose hypnotique.

Si la littérature et la musique font naître en nous de nombreuses images sans qu’il soit besoin de les solliciter, la photographie est tenue quant à elle d’exprimer l’indicible par le visible. Laurent Lafolie se tient à la lisière de cette contradiction en construisant des images dont la matérialité ténue – elles tiennent littéralement sur un fil – prend forme et figure à mesure que le visiteur les approche. C’est structurellement par l’absence de matière que Lafolie explore le point d’apparition d’une image dans le regard de celui qui la contemple. L’identité de chaque visage se perd alors dans la somme des images pour recomposer autant de portraits-fiction permis par les variations optiques et des effets d’hologramme. Une expérience qui traduit la quête paradoxale de l’artiste: atteindre l’universalité du visage en le diffractant dans une infinité d’autres possibilités. Une ambition pareillement atteinte dans Capture porcelaine, cumul de plus de 180 visages tirés de la collection de portraits que l’artiste réalise selon un même protocole depuis près de 20 ans. Laurent Lafolie est lauréat de la commande nationale « Réinventer la photographie » en 2025, en vue des célébrations du bicentenaire de la photographie.

Dans Suaire (saint ?), AurelK révèle le sacré dans le quotidien en photographiant des pièces de tissu dans des lieux qui lui sont chers. Initiée en 2023, la série développe une forme de journal intime où chaque suaire deviendrait la page d’un carnet. Si le traitement de la lumière et des drapés puise sa source dans l’art religieux occidental, entre affliction et extase, l’artiste introduit un détournement, une déviation qui ouvre une surface libre de révélation. AurelK est le dernier artiste à rejoindre la galerie Binome en 2025.

À l’heure où le télescope James Webb nous fait parvenir de bouleversantes images des étoiles dans une définition jusque-là inédite, Baptiste Rabichon fait des allers-retours entre sa table à dessin lumineuse et le noir absolu de son labo photo, d’où il nous ramène ses propres visions du Cosmos. Vues d’artiste – titre en hommage aux illustrations de phénomènes dont on ne dispose pas de représentations dans les articles de vulgarisation scientifique – est une promenade dans un univers fantasmé, peuplé d’astres et de paysages insolites. Par la rencontre du dessin et du photogramme naissent ces petits univers, que Baptiste Rabichon fabrique autant qu’il les regarde apparaître, se rappelant sans cesse qu’image est l’anagramme de magie. Baptiste Rabichon est lauréat de la commande nationale « Réinventer la photographie » en 2025, en vue des célébrations du bicentenaire de la photographie.

Depuis plus de 10 ans, à la fin de chaque session de travail en chambre noire, Guénaëlle de Carbonnières réalise un photogramme de smartphone dont l’écran allumé présente une image d’actualité ou de manifestation diffusée sur Instagram. Les gestes et les mouvements contestataires, partout dans le monde, des Printemps arabes aux récentes émeutes, sont ainsi fossilisés comme des reliques d’instants T, constituant chacun des revendications de liberté. En mode sauvegarde, Empreintes mobiles constitue l’archive de ces images-réseaux (400 œuvres à ce jour) qui tombent rapidement dans l’oubli.
Acquisition 2025 de l’Artothèque de Lyon, Empreintes mobiles sera exposé au MAD à Paris cet automne.

Inspirée d’un instrument inventé par Saussure au 18e siècle afin de mesurer le bleu du ciel, l’œuvre de Laurent Millet associe à cet instrument ancien la chimie du cyanotype, dont les conditions d’apparition des nuances de bleu sont liées à l’intensité de la lumière du Soleil. Une impression numérique en noir et blanc accompagne chacune des douze stations de ce nuancier. On y voit les mains de l’artiste traçant des ellipses, en référence à la courbe du déplacement des astres faisant varier la lumière. Ces variations sont l’expression de l’impossible représentation de ce phénomène atmosphérique et changeant, insaisissable dans son infinité. Laurent Millet est lauréat de la commande nationale « Réinventer la photographie » en 2025, en vue des célébrations du bicentenaire de la photographie.

Dates

28 Juin 2025 13 h 00 min - 20 Septembre 2025 19 h 00 min(GMT+00:00)

Galerie Binome

19 rue Charlemagne 75004 ParisOuvert du mardi au samedi, de 13h à 19h & sur rendez-vous

Galerie Binome

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