Juin, 2025

Oriane Zerah et Fatimah Hossaini

sam14jui(jui 14)10 h 30 mindim12oct(oct 12)18 h 30 minOriane Zerah et Fatimah HossainiFemmes dévoilées et hommes en fleurs, un autre visage de l’AfghanistanMusée Jean-Honoré Fragonard, 14 rue Jean Ossola 06130 Grasse

Détail de l'événement

Meurtri, ravagé, exploité de toutes parts et endeuillé sans discontinu depuis tant de décennies, l’Afghanistan est pourtant un pays de beautés… trop souvent cachées (la burqa est l’instrument le plus connu de cette occultation). Depuis que les talibans ont pris le pouvoir le 15 août 2021, ils n’ont eu de cesse de rendre invisibles les femmes, les privant de visage, de voix et d’éducation. L’exposition, qui réunit le travail de deux photographes – l’une afghane, l’autre française –, dévoile des femmes afghanes devant des hommes entourés de fleurs. L’ambition est d’honorer la beauté partout où elle se niche pour révéler un autre visage afghan.

HISTOIRE D’UN PAYS
entre bouleversements et richesses

Vingt ans presque jour pour jour après les attentats du 11 septembre 2001, les talibans reprennentKaboul aux Américains dans un État affaibli et corrompu. Avant eux, la guerre menée presque dix ans durant par les Soviétiques s’était soldée par un échec face aux moudjahidines. Au XIXe siècle, ce sont les Britanniques qui avaient tenté en vain de conquérir ce territoire. Ils s’opposaient aux Russes dans le “Grand Jeu” des puissances coloniales.

Pays de montagnes qui culminent à plus de 7 000 m pour certains sommets, situé entre l’Iran à l’ouest, le Pakistan au sud-est et les pays de l’ex-Union soviétique au nord (Turkménistan, Ouzbékistan etTadjikistan), l’Afghanistan est peuplé de nombreuses ethnies aux langues, culturese t religions diverses (Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Ouzbeks). Passage important de laRoute de la soie, le territoire a été foulé parles plus grands conquérants : Cyrus leGrand, Alexandre le Grand, Gengis Khan…et s’est trouvé au coeur des plus grands empires pré-islamiques. Disputé de tou sles côtés pour ses richesses connues depuis l’Antiquité, l’Afghanistan possède des gisements de toutes les pierres précieuses excepté le diamant, et la plus importante source de lapis-lazuli. Ses paysages et ses peuples ont fasciné les grands voyageurs des Temps modernes, façonnant une mythologie romantique introduite enFrance par Joseph Arthur de Gobineau (diplomate français, auteur notamment des Amants de Kandahar, 1876), puis nourrie par Joseph Kessel et ses Cavaliers, NicolasBouvier, Ella Maillart, Christophe de Ponfilly avec son film Massoud, l’Afghan.

FATIMAH HOSSAINI photographe afghane au service des femmes muselées

Afghane de naissance, Fatimah Hossaini a photographié des femmes débarrassées pour l’occasion de leur burqa, mais revêtues de leurs tenues traditionnelles. À travers l’habillement, c’est un hommage rendu aux multiples ethnies qui peuplent son pays : Pashtounes, Hazaras, Ouzbeks… ainsi qu’à la somptuosité d’un artisanat. Sensible aux couleurs chatoyantes et aux motifs brodés de ces véritables « bijoux textiles », la photographe les met en scène pour mieux révéler la puissance et la grâce de ses héroïnes. Son travail intitulé « La beauté au coeur de la guerre » dit la splendeur cachée de ces femmes que les guerres incessantes avaient comme effacées. « Je suis persuadée que la véritable paix naît de l’acceptation de la diversité, de la reconnaissance et du respect des différences. En célébrant ces distinctions, nous dévoilons un monde plus beau. » Formée en Iran (où ses parents vivent toujours), elle étudie la photographie à l’Université de Téhéran et, contre l’avis de sa mère (sa famille appartient à l’ethnie Hazara persécutée par les talibans), retourne vivre à Kaboul en 2015. Contrainte de quitter une deuxième fois son pays, Fatimah Hossaini vit en France depuis l’arrivée des talibans. À présent, elle parcourt le monde pour porter son message et faire entendre à travers ses images la voix des Afghanes muselées.

ORIANE ZÉRAH inconditionnelle amoureuse de l’Afghanistan

Française, Oriane Zérah vit à Kaboul depuis 2011. Après un bref exil de trois semaines en août 2021, elle décide de « rentrer chez elle ». Pari fou, insensé. Elle s’était pourtant jurée de ne pas vivre en régime taliban…Photographe (rappelons que la représentation de l’être humain est proscrite dans l’islam), femme, libre et indépendante, elle est au multiple tout ce que les talibans abhorrent. Formée aux arts dramatiques, Oriane Zéraha travaillé pour le Théâtre du Soleil avant de découvrir la photographie en 2010. Grande voyageuse, elle a séjourné en Inde, au Pakistan. Parallèlement à des reportages photographiques pour la presse internationale, elle aime, comme Fatimah Hossaini, photographier la beauté qui se cache, la plus insoupçonnée, mais qu’elle sait dénicher dans le moindre recoin du pays. En vivant sur place, elle a pris la mesure de l’amour des Afghans pour les fleurs, dont ils s’entourent dès le printemps venu. C’est le sujet et la matière de son livre Des roses sous les épines, publié en 2023 aux éditions Images Plurielles. Des portraits d’hommes, souriants et sensibles, posant devant l’objectif, fiers de tenir une rose ou de la porter à leur nez ou encore d’en décorer leur pakol, le chapeau en laine traditionnel. Nous aurions tort, en Occidentaux ignorants, de trouver ces hommes efféminés, car c’est là un raffinement très ordinaire en terre d’Orient.

Commissariat : Charlotte Urbain

Dates

14 Juin 2025 10 h 30 min - 12 Octobre 2025 18 h 30 min(GMT+00:00)

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