Shy Bride presents : The Wedding Album

Photo : Just friends, tirage argentique sur papier baryté, A et A lors de leur cérémonie de Nikkah dans un parc du Naval Housing Scheme, décembre 2024, Karachi, Pakistan.

Shy Bride Video Services est une intervention artistique permanente entre Paris et Karachi, dirigée par les artistes Zahra Mansoor et Juliet Lazek. Le nom se moque de l’idée d’une mariée traditionnellement « timide », qui est ironiquement la pièce maîtresse du spectacle. Les mariages mettent l’accent sur les jeunes mariés à travers toutes les fioritures de la production. Ces célébrations sont-elles destinées à la consommation de la société ou à l’enrichissement romantique et personnel de deux individus ? Le mariage est une industrie, la mariée timide en est la mascotte. Conçue comme une société de vidéographie de mariage performative et non fonctionnelle, Shy Bride se préoccupe moins de documenter les mariages que d’utiliser cette forme pour interroger cette institution en Asie du Sud. En tournant la caméra vers le spectacle de la culture du mariage, le projet réimagine la vidéographie de mariage comme une méthode de recherche d’avant-garde – une méthode qui se déroule en temps réel, à travers les continents, par le biais de rituels vécus. L’hiver dernier, à Karachi, le projet a documenté cinq mariages, reproduisant et critiquant simultanément le langage visuel de la vidéographie d’archives de mariages sud-asiatiques. Les couples ont reçu le « service » de Shy Bride gratuitement, en échange d’une utilisation créative du matériel. L’œuvre copie et critique à la fois l’esthétique de la vidéographie de mariage sud-asiatique, en prenant des notes stylistiques sur le kitsch des images d’archives, saturées du passé romantique tout en perturbant son contrôle narratif. Dans ce renversement, la performance devient méthode : l’équipe joue le rôle de vidéographes pour décortiquer ses significations superposées ; l’intersection du consumérisme, du romantisme, du patriarcat.

« Ce qui est le plus respectable dans le projet Shy Bride, c’est la façon dont il se situe dans le domaine de l’« art de la performance », confrontant frontalement la question du « spectacle » et de la « performance » dans notre vie quotidienne. Shy Bride crée et dissout perpétuellement son propre cadre. Elle met en scène une situation déjà existante dans la vie réelle de nombreuses personnes, en tant qu’œuvre d’art. Elle est à la fois absurde et critique, réelle et fausse, ludique et sérieuse. » Abi Tariq, curateur de l’exposition

The Wedding Album est le dernier chapitre de cette intervention, présentant un moment de réflexion à travers les photographies prises au cours de la première étape du projet Shy Bride. L’exposition déconstruit le mariage non pas à travers des personnes mais à travers des fragments – objets, esthétique et rituels – satirisant à la fois l’album de mariage traditionnel et l’institution du mariage elle-même.

Zahra Mansoor (@zahramansoors) est une artiste pakistanaise et une productrice culturelle basée à Paris. Elle est titulaire d’un BFA de Parsons Paris et est actuellement inscrite au programme « Filière Artistes & Métiers de l’exposition » aux Beaux-Arts de Paris. Les travaux de Mansoor portent sur la liminalité, à la fois métaphysique et physique, et étudient les résonances entre le soufisme, la métaphysique occidentale et la théorie jungienne. Oscillant entre la peinture, la photo, le film et la performance, elle explore l’hybridité à travers des moments de repos et des tensions créées par des actes de révélation et de dissimulation. Mansoor s’engage dans des actes d’intervention publique en tant qu’enquête de première main sur les espaces tiers et la politique du plaisir et de la tradition. Elle a travaillé avec différentes structures allant du Silencio club au musée d’Orsay, et a exposé à Naranjo 141, Mexico, Art & Charlie, Mumbai, avec ModA Curations NYC, la Fondation Fiminco, Paris, et Chawkandi Gallery, Karachi, entre autres.

Juliet Lazek (@julietlazek) est une artiste multimédia spécialisée dans les médias basés sur l’objectif, notamment la réalisation de films et la photographie moyen format, 35 mm et numérique. Elle est titulaire d’un BFA de Parsons Paris et travaille actuellement comme productrice de contenu créatif à Londres. Avec une formation complémentaire en réalisation de documentaires et des diplômes en histoire du Moyen-Orient, elle concilie travail commercial et projets passionns pour des ONG telles que le Pet Refuge Project et la Palestine Solidarity Campaign. Sa pratique consiste à faire la synthèse entre l’histoire et les arts visuels, en utilisant le film et la photographie pour documenter des événements critiques et explorer les intersections entre la mémoire, l’activisme et la narration.

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Abi Tariq (@abitariqmind) est un artiste et travailleur culturel né à Karachi et basé à Paris. La pratique conceptuelle d’Abi confronte les questions de pouvoir, de privilèges, de vulnérabilité et d’attentes sociales à travers l’art de la performance. Abi est également directeur des programmes de l’organisation artistique AFIELD, un réseau d’acteur.ices culturel.les ancré dans la conviction fondamentale que les artistes, en tant que penseurs et visionnaires, sont essentiels au tissu social. En leur fournissant des ressources, AFIELD les aide à conduire des changements transformationnels dans leurs communautés et dans la société dans son ensemble.​ Abi est aussi l’auteur d’un essai intitulé Developing A Queer Lens Through The Work Of Apnavi Makanji (2024) pour l’exposition Psychopompe à TARQ Mumbai.