Véronique Fel

« J’ai choisi de faire ce pas de côté et de collaborer avec Véronique car ses photographies sont pour moi de véritables tableaux. J’aime la composition, la structure et la matière de ses oeuvres. Ses pinceaux sont ses yeux. Et pour couronner le tout, Véronique est une femme que j’apprécie humainement beaucoup. »
Axel Rondouin
Les Galeries Sarto, Paris

La Havane, Cuba, mai 2017. Je ne pouvais revenir sans avoir dans mes images, ces vieilles voitures américaines, incontournables et universelles. Elles sont l’emblème joyeux d’un pays pourtant écorché, sous embargo américain pendant plus de 50 ans, embargo partiellement levé en 2016. Je savais que l’exercice serait difficile car maintes fois traité. Un sujet « marronnier » comme l’on dit. Je réalise dès mon arrivée, qu’elles sont devenues des accessoires purement touristiques, trop maquillées par des couleurs « markétées » et gages de dollars faciles. Deux jours d’errance dans les rues et rien en venait. Aucune photographie ou presque. Ces Américaines perdaient leur romantisme à mes yeux et cela m’attristait. Comment les distinguer par respect pour leur histoire ? Le troisième jour, à seulement quelques mètres de ma chambre louée, au fond d’une rue, mon regard se pose, enfin, attiré par ces lignes vertes sur le Malecón. Pas à pas je me suis approchée de cette vision. Pas à pas je sentais la confiance revenir. Je venais de trouver le tableau, l’écrin où je photographierai mes « modèles roulants » au gré de leur passage. Dans une heure, il serait midi. Je m’assis en attendant que les ombres disparaissent. Le soleil de la Havane était sec et rude à la mijournée. Postée sur le trottoir à plusieurs mètres de leur route, campée en équilibre sur une modeste pierre pour voir et avoir ce trait bleu de la mer, indispensable au décor de leur portrait, je les ai photographiées comme personne ne l’avait fait. La série « Habana’s Old Cars » était née.