Jean-François Camp

« Comme beaucoup j’ai reçu mon premier boitier photo à l’adolescence et j’ai immédiatement perçu son pouvoir magique. De nature timide mais trempé d’orgueil, j’adorais briser la glace grâce à ce petit Bronica noir qui me permettait de figer un sourire, d’arrêter le temps, de me construire un livre de souvenirs qui ne me quitteraient jamais plus.
Equipé de cette arme redoutable, me voilà donc parti à la conquête du monde, en France profonde tout d’abord, m’invitant chez les artisans d’Arts Breton pour documenter « La Maison des Métiers d’Arts » puis en l’Europe pour une organisation de Centres Linguistiques. Puis ce fut le grand saut vers l’Amérique pour affiner ma technique trois ans durant à la School of Visual Arts à New York.

Ne tenant pas en place à mon retour, et ayant été profondément marqué par le premier livre de Sabrina & Roland Michaux « Afghanistan », je partis en voiture vers l’Asie avec comme seul but d’arriver à Kaboul.

Après de nombreuses péripéties, je parvenais au mythique Hôtel Kaboul fin juillet 1971. La découverte de l’Afghanistan puis celle de l’Iran transforma radicalement le cours de ma vie puisque l’année suivante je m’installais à Téhéran pour dix ans jusqu’à ce que le régime Islamique oblige les étrangers à quitter cet immense pays. J’y suis néanmoins retourné tous les ans jusqu’en 1995.

Ces photos sont comme les traces oubliées d’un long vécu sous le soleil brûlant de la Perse antique ; elles témoignent d’une certaine recherche métaphysique quant à la fuite du temps, aux civilisations passées qui perdurent dans notre culture occidentale, à travers le vent du désert… »
Jean-François Camp