Mai, 2025

Marie Docher

jeu15mai10 h 00 mindim15jui19 h 00 minMarie DocherEt l'amour aussiGalerie de l'ancienne Poste, 98 Grande Rue, 25000 Besançon

Détail de l'événement

Photo : Sophie (à gauche), 47 ans, est enseignante – chercheuse et autrice. Sarah, 34 ans, est chercheuse en sociologie. Montreuil (Seine-Saint- Denis), février 2022. A propos de cette photo Marie Docher écrit : « Si “un baiser lesbien est une révolution”, il se pratique encore peu en public, et encore moins face à un appareil photo. Avec Sarah et Sophie, nous sommes amies. Les images réalisées ce jour-là n’auraient pas été possibles autrement. Il fallait qu’elles se sentent en confiance. » © Marie Docher / Grande commande photojournalisme

Il y a 10 ans, en 2012, la séquence politique dite « du mariage pour tous » nous a montré le manque de représentations des lesbiennes aussi bien dans le débat public que dans l’imaginaire collectif. Alors que nos corps, nos droits reproductifs étaient un enjeu central de la loi, nous étions quasi absentes des plateaux télés, radios et journaux. Etaient invi- tés des hommes, majoritairement, et des femmes opposées à la loi. Ce travail photographique veut créer les représentations qui manquent, faire des portraits, parler d’amour, de solidarités, d’engage- ment, de ce que 2012 a pu changer ou pas dans nos vies.
J’ai souhaité rendre compte de la grande diversité de celles qui se disent lesbiennes, homos ou goui- nes, qui « aiment quelqu’un », qui se taisent, qui ont migré vers de plus grandes villes où qui sont restées en régions, de celles qui se sont mariées ou pas, de celles qui sont arrivées par la mer et qui, violées, accouchent ici, soutenues par d’autres les- biennes,…Tout est politique dans l’être au monde minoritaire, consciemment ou pas, et « l’amour » lesbien en terres hétéronormées est toujours une expérience complexe malgré de plus nombreuses représentations.
Pour commencer ce projet, des femmes s’impo- saient, militantes, engagées. Elles sont des réfé- rences incontournables, pour l’histoire, pour les solidarités. Il y a 10 ans je n’aurais jamais participé à ce projet et me tenais loin des lesbiennes parce que je voulais rester tranquille, ne pas être «identi- fiée», «étiquetée». Mais la violence des débats m’a fait, comme beaucoup d’autres, sortir du bois, de l’ombre.
Alors pour aller rencontrer toutes les autres femmes de ce projet je suis passée par les hétérosexuel·les car ce sont eux et elles qui connaissent des «les- biennes invisibles», une sœur, une tante, une voisi- ne. Il manque bien sûr celles que je ne rencontrerai jamais, qui ont refusé par peur, par rejet d’un projet mené dans un cadre institutionnel. Les lesbiennes se méfient souvent des institutions, comme tout groupe minoritaire. Nous avons parlé de ce que ces débats et le vote de la loi a changé dans leurs trajectoires, leurs manières de se penser, les mots pour se nommer. Être hors cadre, minoritaire et vivre dans un monde hétéronormé nécessite des mots pour se dire, des mots qui disent des épo- ques, des milieux et des parcours de vie. Les fem- mes qui ont participé à ce travail ne se réduisent pas au fait d’aimer les femmes, d’être lesbiennes, homos ou gouines. Elles sont bien plus, leurs iden- tités sont multiples. Mais elles ne sont surtout pas moins.
Chaque image est une aventure construite ensem- ble, dans un lieu qu’elles choisissent. Il y a des couples, des familles, des célibataires, des poly- amoureuses, des enfants, des êtres dont j’admire le courage qui se racontent, qui pensent et imagi- nent l’amour.
Marie DOCHER

Commissaire d’exposition : Catherine Merdy

Ces photographies ont été produites dans le cadre de la grande com- mande nationale « Radioscopie de la France : regards sur un pays tra- versé par la crise sanitaire » financée par le Ministère de la culture et pilotée par la BnF.

Dates

15 Mai 2025 10 h 00 min - 15 Juin 2025 19 h 00 min(GMT+00:00)

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