Robert Doisneau, l’esprit de Résistance

« Face à la peur et au dégoût absolu de la guerre, les photographies de notre père racontent au quotidien un esprit de Résistance » Annette Doisneau et Francine Deroudille, filles de Robert Doisneau

Depuis l’inauguration de ses nouveaux locaux en février 2020, le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne a proposé deux expositions temporaires à ses visiteurs : « La lumière de l’ombre : Michael Kenna. Photographie des camps nazis, 1988-2000 », ayant eu lieu du 23 octobre 2021 au 15 avril 2022, puis « Vous n’irez plus danser ! Les bals clandestins, 1939-1945 », qui s’est déroulée du 16 septembre 2022 au 2 avril 2023. Dans le cadre des hommages que notre établissement rend à ses fondateurs et aux milliers de donateurs à l’origine de sa collection, nous avons souhaité dédier cette nouvelle exposition à Robert Doisneau.
Notre institution partage en effet, depuis son inauguration en 1985, des liens étroits avec Robert Doisneau et ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille.
Dépositaire de plusieurs ensembles de tirages argentiques et numériques de clichés réalisés par le célèbre photographe entre 1940 et 1945, notre musée travaille étroitement avec l’Atelier Robert Doisneau pour faire connaître les liens de l’artiste avec la Résistance. En 1994, année de son décès, nous avons publié l’album Robert Doisneau. De la Résistance à la Libération aux Éditions Hoëbeke, avec le soutien du Conseil général du Val-de-Marne, de la DRAC et du CDDP (actuel atelier Canopé du Val-de-Marne). En 2005 et 2013, nous avons consacré deux expositions au reportage sur les imprimeurs clandestins que Robert Doisneau avait réalisé pour la revue Le Point en 1945.
Par cette nouvelle exposition, qui présentera plus d’une centaine de photographies et d’objets personnels de l’artiste, nous rendons hommage à l’esprit de Résistance qui l’anima durant toute sa vie. Nous avons également pour objectif de transmettre aux jeunes générations les techniques de la photographie argentique.
La notion de mémoire apparaît en filigrane de ce projet, qu’il s’agisse de celle de la Résistance en elle-même, de la production du photographe, mais aussi et surtout de l’homme qu’il était : un père, un ami, un camarade, un collègue. À ce titre, nous tenons à remercier tout particulièrement le travail de mémoire et de diffusion de son oeuvre effectué par ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui animent l’Atelier Robert Doisneau.
Nous vous invitons à venir nombreux au musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne pour découvrir la façon dont Robert Doisneau a contribué, avec humanisme et engagement, à cet esprit de Résistance.
Nous vous souhaitons d’avance une excellente visite.

Georges Duffau-Epstein
Président des Amis du Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne

Si Robert Doisneau est mondialement célébré en tant que photographe de talent, son activité de faussaire est encore méconnue. Ce dernier a pourtant réalisé des faux papiers pour la Résistance : mettant à profit ses compétences de photographe et de graveur, il a contribué à protéger de nombreuses personnes persécutées par le régime de Vichy et par l’occupant. Pendant toute la guerre, il a oeuvré dans l’ombre de façon isolée. Ce n’est qu’au soir de la Libération qu’il a rencontré les travailleurs anonymes de la Résistance et qu’il a découvert par là même qu’il avait oeuvré pour le réseau auquel appartenait aussi Roger Vailland.
Témoin de la vie sous l’Occupation et de la Libération de Paris, Robert Doisneau a contribué, par ses clichés, à former les images de la Résistance dans notre imaginaire collectif. Après la Libération, il a révélé l’engagement des imprimeurs clandestins dans une série réalisée en 1944-1945 pour la revue Le Point. À l’instar de ce reportage, l’exposition rendra hommage aux « petites mains » qui ont permis la diffusion des idées de la Résistance, dont Robert Doisneau a reconstitué les gestes. L’enjeu mémoriel est de taille : pour ce photographe humaniste, attaché au lien entre le sujet et son environnement, il s’agissait de témoigner du quotidien des Parisiens pendant et après cette funeste période.
À travers les clichés et les objets personnels de Robert Doisneau, le visiteur découvrira (ou redécouvrira) les techniques de la photographie argentique. Les possibilités qu’offraient des appareils comme le Rolleiflex, avec lequel le photographe a réalisé son célèbre autoportrait en 1947, lui ont permis de faire des reportages saisissants de vérité.
Enfin, l’exposition mettra en lumière la contribution de Robert Doisneau à la reconnaissance de la photographie comme pratique professionnelle mais aussi artistique aux côtés des photographes du courant dit « humaniste ». S’il a dû, toute sa carrière durant, répondre à des impératifs de commande, il a toutefois pu réaliser des clichés plus personnels, au gré de ses pérégrinations dans les rues parisiennes, circulant obstinément « là où il n’y a rien à voir », accumulant les images qui feront son succès.
L’exposition « Robert Doisneau, l’esprit de Résistance » rend hommage à la mémoire du photographe, du « résistant », mais aussi et surtout de l’homme qu’il était : simple et modeste, plein d’humour, humaniste et engagé. Spectateur ou participant, Robert Doisneau a immortalisé, toujours en accord avec sa personnalité et ses convictions, la Résistance face à l’Occupation et lors de la Libération. L’esprit de Résistance qui jalonne son oeuvre et son parcours se perpétue aujourd’hui à travers ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui animent l’Atelier Robert Doisneau.

COMMISSAIRE D’EXPOSITION :
Audrey Madec

Photo: Harambat, automne 1944-printemps 1945
| collection AAMRN, musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne, © Atelier Robert Doisneau