Septembre, 2025

5ème édition du Mentorat Photographique du Fonds Régnier pour la Création

jeu18sep(sep 18)12 h 30 minsam27(sep 27)18 h 30 min5ème édition du Mentorat Photographique du Fonds Régnier pour la CréationExposition collectiveGalerie VU', 60 Av. de Saxe, 75015 Paris

Détail de l'événement

Photo : © Pablo Gubitsch / Mentorat Fonds Régnier – VU’

Pour clore la cinquième édition du Mentorat Photographique du Fonds Régnier pour la Création avec l’Agence VU’, la Galerie VU’ est heureuse de présenter au public et aux professionnels une exposition des travaux réalisés par les cinq photographes émergents sélectionnés pour leur énergie, leur talent et la singularité de leur approche photographique.

Sous la supervision de l’équipe de VU’, Fiora Garenzi, Clément Gatimel, Pablo Gubitsch, Lucas Pialot et Alicia Salvador Ivorra ont bénéficié pendant neuf mois d’un dispositif personnalisé et transdisciplinaire alliant accompagnement de projet par des photographes-mentors, consultations d’experts, participation à des formations du programme VU’Education, rencontres professionnelles et ateliers collectifs.

Ainsi accompagnés dans le développement de leur pratique artistique et de leurs compétences professionnelles, ils ont pu mener à bien leur projet jusqu’à la restitution sous la forme d’une exposition à la Galerie VU’.

Fiora Garenzi — Nanna strana
Un jour, ma mère m’a assise sur la banquette arrière de la 206 bleue nuit que j’avais toujours connue, et on a quitté la banlieue parisienne pour tout recommencer quelque part dans la Méditerranée. J’ai grandi dans un village du nord de la Corse. Là-bas, savoir qui tu es — à quel endroit tu appartiens, à quelle histoire —, un peu plus fatalement qu’ailleurs je crois, est inhérent à ta construction. Quand j’étais adolescente, l’histoire familiale était un sujet douloureux. J’avais l’impression qu’en comprendre les raisons comblerait un vide en moi. Finalement, quand j’ai su, le vide était encore là. Alors, « chez moi », j’ai décidé que ce serait là-bas. Je n’avais pas de souvenirs d’avant, et après mon départ à dix-huit ans, je n’avais pas trouvé d’endroit où ma présence prenait plus de sens. De plus, il y avait sur l’île deux personnes qui comptaient. Ça suffisait.

Fiora Garenzi est une photographe documentaire née en 1998. Elle étudie la photographie, l’histoire du monde arabe et la géopolitique avant de commencer à aborder des projets personnels traitant principalement des questions communautaires, d’appartenance, de lien au groupe et au territoire. En parallèle, elle travaille pour la presse et différentes ONG. Ses documentaires lui ont permis de remporter le prix SAIF au festival Les femmes s’exposent en 2024 et la bourse Laurent Troude en 2025.

Clément Gatimel — Ni là, ni loin
En 1975 mon grand-père disparaît. En 2023, je pars en Espagne. Je reviens avec sa valise. Les fragments de l’histoire familiale se recollent. Quand mon amie Mariama découvre les photographies de ce voyage, nos histoires personnelles fusionnent dans une puissante empathie. À la suite du décès de son père dont elle était sans nouvelles depuis 2016, Mariama décide de se rendre au Sénégal pour la première fois, et me propose de l’accompagner. Au milieu de la confusion liée aux questions sans réponses s’entremêle la douceur de l’immersion dans sa famille paternelle, comme des retrouvailles avec des visages qu’elle n’avait pourtant jamais rencontrés. Ce travail ne prétend pas documenter l’intériorité de Mariama. Il propose une interprétation de son voyage, inspirée par l’écho de la rencontre entre nos histoires singulières, portée par la poésie de ce qui persiste quand tout semble passer.

Clément Gatimel est né en 1998. Passionné de photographie depuis l’enfance, il se forme à l’ETPA de Toulouse entre 2020 et 2023. Son regard se nourrit d’univers variés : l’esthétique baroque qu’il réinterprète dans un langage contemporain, l’émotion colorée des films d’Almodóvar, les clairs-obscurs du Caravage ou l’extravagance d’Ouka Leele. Son approche, mêlant enquête intime et reconstitution poétique, tisse des récits permettant au passé de dialoguer avec le présent.

Pablo Gubitsch — Se souvenir du soleil gris
J’ai quitté Forbach, une petite ville du bassin minier lorrain, en 2017. Je suis parti dans la précipitation, après une dernière année passée à errer dans cette cité qui m’avait vu grandir. J’étais déscolarisé. Ma copine de l’époque venait tout juste de me quitter. Je passais mes journées alité entre quatre murs, mes soirées sur des parkings et mes nuits à boire et à fumer. Je suis parti avec cette douleur : laisser derrière moi les personnes qui peuplaient mon adolescence et les lieux qui en abritaient les souvenirs. Je refusais de voir ce passé enfoui ou dispersé dans le flot discontinu de la vie d’adulte qui m’attendait. J’ai voulu honorer la promesse que je m’étais faite un jour – un soir probablement –, arrachée sur un terrain vague avec ma bande de copains : celle de ne jamais oublier qui l’on était, de laisser cette version de nous perdurer quelque part.

Pablo Gubitsch, né en 1998, est un photographe et écrivain basé à Paris. Formé à l’ETPA de Toulouse, il y obtient le Grand Prix en 2024. D’abord tourné vers le documentaire, son travail évolue vers une introspection puisant aux liens entre texte et image. Il développe une œuvre intime nourrie de souvenirs d’adolescence, dont est issu son premier roman, à paraître en 2026 aux éditions Les Impressions Nouvelles.

Lucas Pialot — Zones inondables
Un jour, on ne pourra peut-être plus habiter là. En 2023-2024, près de 540 000 habitants du Pas-de-Calais, déjà fragilisé par la précarité, ont été touchés par des inondations historiques. Ici, depuis les années 1970, on a urbanisé le lit majeur des fleuves et développé l’agriculture intensive. Les sols n’absorbent plus l’eau. Les protections sont insuffisantes, le risque mal géré. Par cette rupture dans l’usage du territoire, la mémoire du risque a cédé la place à une culture du temps court. Certains ont tout perdu. D’autres vivent dans des logements insalubres. Les assurances se dérobent. Les pauvres sont devenus plus pauvres, les isolés plus isolés. Plusieurs mois après ces inondations, je suis allé à la rencontre des habitants pour sentir comment, entre déni, courage et résistance, une catastrophe sur laquelle nous avons désormais peu de prise peut faire vaciller nos vies.

Issu du cinéma où il a travaillé comme cadreur, Lucas Pialot est passé à l’image fixe mu par la nécessité de ralentir et de creuser. Formé à l’EMI-Cfd en 2023-2024, il développe aujourd’hui une pratique photographique documentaire nourrie par une démarche introspective, construite dans le temps et l’écoute. Il photographie des lieux et des récits rarement regardés, avec une attirance aiguë pour la disparition et l’impermanence : des espaces, des communautés, des liens.

Alicia Salvador Ivorra — Pluie métallique
Pourquoi vivre dans un camping ? Certain·es ne trouvent pas les mots exacts et se contentent de hausser les épaules : « je sais pas, c’était une question d’argent, on m’a parlé de ce camping et me voilà… » Dès que la conversation devient plus intime, les accidents biographiques donnent un début de réponse. On y trouve quelques familles, des retraité·es, ou des jeunes cherchant à prendre leur envol. Cependant, la plupart des résident·es à l’année sont des personnes seules, pour qui une rupture a ébranlé une vie jusque-là conventionnelle. J’ai fréquenté trois campings ouverts à l’année en France : Les Trois Sources (Val d’Oise), Les Tendières (Ille-et-Vilaine), fermé en novembre 2024, et Le Perroquet (Nord). L’instabilité propre au camping s’entremêle aux histoires des personnes qui lui donnent vie.

Alicia Salvador Ivorra étudie la traduction en Espagne puis, en 2022, suit un master en études hispaniques et un atelier d’initiation à la photographie à la Sorbonne. Elle découvre alors le champ documentaire. Afin d’approfondir sa pratique, elle entame la formation en photographie documentaire et photojournalisme à l’EMI-Cfd à Paris. Son travail se concentre sur la relation humaine au territoire et questionne l’habitabilité des espaces.

Dates

18 Septembre 2025 12 h 30 min - 27 Septembre 2025 18 h 30 min(GMT+00:00)

Galerie VU'

60 Av. de Saxe, 75015 ParisOuverte au public du mercredi au vendredi de 12h30 à 18h30. Sur rendez-vous les autres jours.

Galerie VU'

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