Octobre, 2020

Amanhã Hã De Ser Outro Dia

ven16oct(oct 16)14 h 30 minsam12déc(déc 12)19 h 00 minAmanhã Hã De Ser Outro DiaRodrigo BragaLe salon H, 6/8 rue de Savoie, 75006 Paris

Détail de l'événement

Cette première exposition de Rodrigo Braga au Salon H s’inscrit dans la continuation du processus créatif « point zéro » initié par l’artiste en 2018 à la Galerie Anita Schwartz à Rio de Janeiro. Ainsi le glissement sémantique de « os olhos cheios de terra » (« les yeux plein de terre ») titre de cette exposition, à «o vo que vê» (« l’oeuf qui voit ») pointe l’évolution des réflexions de l’artiste en ces temps de régressions, violences et incertitudes qui secouent le Brésil et le monde, le contraignant à une forme d’exil.

Au sentiment d’effondrement, et de perte, face au collapse généralisé, politique, écologique, humain, a fait place l’espoir fragile d’un renouveau possible, à travers cet « oeuf pierre omniscient » que Rodrigo Braga nous invite à saisir, et qui sert de fil conducteur à cette nouvelle exposition.

Car c’est à la question centrale du la lutte entre l’espèce humaine et son environnement naturel, que se confronte Braga depuis son entrée remarquée sur la scène artistique brésilienne.
Qu’est ce qui nous distingue en tant qu’être biologique ? Quelles relations entretenons-nous avec le monde animal, végétal, minéral ? Jusqu’où nos pulsions prédatrices peuvent-elles nous conduire ?

Autant de questions qui ont gagné en acuité au cours de la dernière décennie du fait de la multiplication des désordres engendrés par l’activité humaine, et le passage à cette nouvelle ère que certains scientifiques ont appelé ‘Anthropocène’, mettant au défi nos capacités d’anticipation, de contrôle et de résilience face aux écosystèmes existants.
Très marqué par la génération d’artistes brésilien signataires du Manifeste néo-concret, comme Lygia Clarck et ses « sensorial objects », ou Hélio Oiticica et ses expériences autour du corps, Braga s’inscrit dans le désir de porter une approche de l’art plus organique, émotionnelle et inclusive.

C’est donc vers une pratique performative, que l’artiste s’est naturellement tourné. En s’engageant dans un corps à corps physique avec un environnement naturel (animal, végétal, et minéral), Braga donne à voir et ressentir l’expérience de cette tension, avec une intensité toute particulière.

Pour l’artiste le corps est gage d’authenticité, il ne triche pas, ne provoque pas, ne transgresse pas, mais cherche le point de tension le plus juste avec son environnement, se faisant le médium d’une expérience primordiale.

Car en aucun cas ses actions sont gratuites. Elles reposent clairement sur un savoir intuitif et archaïque, une connaissance profonde de l’ordre des espèces, et de la psyché humaine.
Tour à tour biologiste, naturaliste, géologue, archéologue, anthropologue, chaman, Braga sait puiser dans ses origines, son histoire personnelle, et l’inconscient collectif, les symboles et archétypes qui vont conférer à la documentation de ses actions un impact puissant.

Quand on se penche sur le parcours rétrospectif de l’artiste on est frappé par la richesse de sa production, le nombre d’expositions et de prix dont il a fait l’objet, et la cohérence d’un parcours sans concession.
Ainsi dès 2004 Braga explore physiquement la frontière entre l’animal et l’humain à travers des expériences radicales d’hybridations : qu’il se couse la tête d’un chien sur le visage, se laisse pousser une langue de boeuf, se transforme en homme poisson, ou livre un combat à mort avec un crabe géant.

À partir de 2009 il intervient plus directement sur l’espace naturel qui l’entoure : il creuse, extrait, déplace, poussant ses limites physique et mentales jusqu’ à l’effondrement.
Il procède ensuite, à un inventaire des mimétismes entre monde végétal et animal, et esquisse les images inquiétantes du traité de botanique de notre futur déréglé.
Puis il se lance dans une série d’installations de grande envergure. Il fait chavirer l’ordre immuable des colonnes néoclassiques de la Casa França de Rio en les confrontant aux troncs morts de palmiers impériaux, et lauréat du SAM Art Projects en 2016, il remplit le bassin de l’esplanade du Palais de Tokyo d’immense bloc de pierre calcaire incrustées de fossiles marins, rappelant l’origine préhistorique et animale de notre environnement urbain.

L’exposition présentée au Salon H reprend en partie la structure formelle de la dernière exposition de l’artiste au Brésil. Conçue comme une installation incluant, photographies, dessins, vidéos, objets, elle invite à célébrer un rituel de renaissance païen.
Toute présence animale a disparu. La terre et les arbres calcinés devenus cendre, charbon, chaux, ont recouverts le corps de l’artiste. Les oppositions sont devenues binaires : noir/ blanc, pierre/vivant. Seule la présence de pierres blanches à la forme régulière ovoïdes, vient apporter une promesse de renaissance.

Saisies au creux de la main, et observées sous tous les angles, ces pierres révèlent ‘ à qui sait voir’ la présence d’un oeil, et deviennent talisman.
À travers la superposition de symboles universels : la pierre, l’oeuf, l’oeil, Braga touche intuitivement aux mystères de la création, et parvient à nous faire entrevoir la possibilité d’un passage du Chaos à un ordre nouveau, avec une très grande économie de moyen.

Dates

16 Octobre 2020 14 h 30 min - 12 Décembre 2020 19 h 00 min(GMT+00:00)

Le salon H

6/8 rue de Savoie, 75006 ParisOuvert du mardi au samedi de 14h30 à 19h et tous les jours sur rendez-vous

Le salon H

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