Octobre, 2019

Désidération : Prologue

sam26oct11 h 00 minmar26nov18 h 30 minDésidération : PrologueSMITH x Cellule Cosmiel x DIPLOMATESGalerie Les filles du calvaire, 17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris

Détail de l'événement

Photographe, cinéaste, plasticien, SMITH explore la pensée et la pratique de la transition, de la mutation, de l’hybridation, de l’entre-deux dans son travail plastique et théorique. Transition de genre et d’état, plasticité, métamorphoses atomiques et biotechnologiques, travail du rêve, fréquentations de l’au-delà, promenades cosmiques, transmutations… jalonnent son travail et ses recherches depuis presque dix ans. Conçu, pensé, imaginé avec la Cellule Cosmiel et le studio DIPLOMATES, son nouveau projet « Désidération » compose la possibilité d’une autre histoire, d’un autre destin de l’espèce humaine, à la frontière du réel et de la fiction, de l’art, de la philosophie et de la science. Le prologue de ce projet au long cours sera présenté à la galerie les Filles du Calvaire à l’automne 2019.

En 2015, SMITH fait la rencontre de l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan (CNRS, Institut d’Astrophysique de Paris). De leurs conversations et observations du monde, naîtra le néologisme « Désidération ». Forgé sur l’étymologie du mot « désir », ce mot désigne le manque d’un objet céleste ayant disparu.
Rejoints par l’écrivain Lucien Raphmaj, ils créent la Cellule Cosmiel, consacrée à l’étude des phénomènes de la désidération, puis s’associent au studio DIPLOMATES (design, architecture, scénographie) pour mettre en espace la première étape de cette réflexion.

Genèse

Selon l’hypothèse scientifique la plus probable aujourd’hui, les briques de vie nécessaires à la genèse de l’humanité furent importées par des météorites sur notre planète, il y a plusieurs millions d’années. La modernité nous a désidentifié.es, désapproprié.es de cette origine céleste, évacuée de nos mythologies et politiques contemporaines, nous condamnant à une irrépressible mélancolie des étoiles que le projet « désidération » entend identifier, explorer, raconter, et peut-être soigner.
« Désidération » se conçoit comme un hub connectant recherche artistique, enquête scientifique, et spéculation théorique. Oeuvre polymorphe, collaborative, évolutive, elle compose de nouvelles formes et de nouveaux outils pour explorer notre rapport contemporain au cosmos, en faisant jouer les interstices, les intermondes, les passerelles critiques et multidimensionnelles. Reprendre, repriser la toile du monde, comme si les étoiles étaient comme des trous d’épingles. Recommencer la tradition moderne et scientifique, romantique, science-fictionnelle, botanique, philosophique, chamanique pour en proposer une nouvelle lecture, divergente, une bifurcation des possibles.
Quelle légende proposer au « désastre » dans un sens qui ne soit pas à entendre comme la ruine de tout possible, comme l’effondrement tant promis, mais un autre « désastre » – dans le sens d’un rapport à l’étoile chue en nous, dont nous venons, et qui pourtant nous manque ? La désidération n’est pas la recherche d’une origine perdue (nécessairement raturée : nous ne sommes plus des poussières d’étoiles), c’est un autre rapport aux étoiles qu’il nous faut réinventer, avec cette part manquante, inconsolable. La désidération est un état où l’on renoue autrement avec la mélancolie de la perte.
« L’absence de futur a commencé », annonçait le penseur autrichien Günther Anders après l’usage du feu nucléaire. Il s’agit d’un tournant métaphysique ; ce qui arrive avec fracas, c’est l’urgence – non seulement climatique, mais celle de reconsidérer les agencements de notre métaphysique. De Haraway à Descola, de Coccia jusqu’à Tsing, en passant par Stengers, Preciado, ou Viveros de Castro, un discours philosophique contemporain cherche les refondations d’un mouvement global et local, d’une pensée complexe à même d’étreindre le changement qui nous fait muter. Peut-être serait-il temps de se tourner vers les étoiles, les deux pieds sur terre. « Désidération » ne parle pas de la fin du monde, mais des terminaisons du monde. C’est un appel à conjuguer différemment, à nous relier à d’autres temps, à d’autres espaces, à distinguer, dans cette fin, de nouveaux possibles. Se faire des terminaisons nerveuses, psychologiques, métaphysiques, allant du ciel à la terre.
(Lucien Raphmaj)

Dates

Octobre 26 (Samedi) 11 h 00 min - Novembre 26 (Mardi) 18 h 30 min(GMT+00:00)

Galerie Les filles du calvaire17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 ParisLa galerie Les Filles du Calvaire, fondée en 1996 à Paris, a pour vocation de montrer et de défendre la création contemporaine. Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h30