Floriane de Lassée

H GALLERY est heureuse de présenter la première exposition personnelle de FLORIANE DE LASSÉE à la galerie, intitulée 20 YEARS LATER…

Il en est parfois des rencontres artistiques comme des histoires d’amour : des êtres se croisent, se plaisent, se ratent puis la vie les réunit par hasard…
Nous aurions pu intituler cette exposition Serendipity…

Alors curator et galeriste à New York, j’ai découvert le travail de Floriane de Lassée, jeune photographe en résidence à New York en 2004. J’ai eu un coup de foudre et je l’ai contactée pour lui proposer immédiatement une exposition. À l’époque, sa boite mail avait explosé et elle n’a jamais reçu mon message lui proposant de réaliser un projet ensemble. N’ayant pas de réponse de sa part, nos vies ont continué jusqu’à ce que nos chemins se croisent il y a six mois, par l’entremise d’abord de mes amies de Carré sur Seine, lors de leur exposition à Poush, puis par celle d’un collectionneur qui se reconnaitra ici.

Nous avons alors décidé de ne plus attendre.
Il nous aura fallu vingt ans pour réaliser enfin cette exposition.

20 YEARS LATER… — FLORIANE DE LASSEÉ

En vingt ans, Floriane a eu le temps de parcourir le monde, de New York à Shanghai, capturant la poésie cachée des lieux et des êtres. Ses photographies, construites comme des scènes de cinéma, suspendent le temps et invitent à une contemplation poétique de nos vies modernes. À travers ses voyages, elle nous invite à voir autrement ce qui nous entoure. Nous exposons des œuvres appartenant à plusieurs séries.

Série Inside Views
Floriane de Lassée a construit une série baptisée Inside Views, qui confronte, dans une troublante fusion des plans, l’immensité des villes à l’intimité de ses habitants. Depuis les premières images de New York en 2004, Floriane a promené sa chambre grand format dans d’autres mégalopoles du XXIe siècle durant 20 ans : Shanghai, Tokyo, Las Vegas ou Istanbul… Ses mises en scènes nous entraînent du général à l’intime, du global à l’infime, de l’infiniment grand à l’infiniment petit : à première vue, de vastes paysages urbains restituent froidement l’inhumanité des grandes mégalopoles. Un regard plus attentif révèle pourtant la présence de femmes que l’on épie à leur insu dans l’intimité de leur espace privé. Prisonnières de leurs jolies cages de verre, elles semblent ne plus se soucier du monde extérieur, se laissant aller à la rêverie ou à leurs tâches domestiques. Sous notre regard de voyeur, ces personnages mystérieux se montrent en total décalage avec le monde qui les entoure, jouant leur saynète de manière autonome. Ce travail a fait l’objet de deux livres monographiques (Nazraeli Press 2004 et Hemeria 2022).

Série When Water Rises
La mystérieuse Île de Tanna au Vanuatu est marquée par la permanence, où que nous nous trouvions, de la mer et d’un sable cendré noir qui nous rappele que le volcan Yasur n’est pas loin. C’est un être vivant à part entière puisque, chaque jour, remontent des profondeurs terrestres, des tonnes de laves et de poussières volcaniques. L’idée de When Water Rises a jailli ici, entre mers et volcans. Elle fait référence aux éléments fondateurs de l’île. À travers ces vagues, parfois dévastatrices, elle nous rappelle qu’ici, nous ne sommes jamais à l’abri et que la montée des eaux est réelle.

Série Pour Autrui
Floriane de Lassée compose des images métaphoriques qui mettent en exergue les questionnements et enjeux qu’implique la volonté de créer une famille, au temps des nouvelles technologies de reproduction. Elle invite spectatrices et spectateurs à décaler leur regard et réfléchir au désir d’enfant et aux moyens de l’accomplir lorsque la nature boude. Alors que le répertoire artistique pour ressentir et penser cette évolution de la société contemporaine est pauvre, ce travail photographique au long cours, nourri par de solides recherches, nous ouvre les portes d’un imaginaire plein de grâce et de subtilité, loin des préjugés infertiles. Ce travail a fait l’objet d’un podcast et a participé à la publication du livre Collage : Women of Prix Pictet.

Série L’Éveil
Hommage au film Indochine, cette nouvelle série photographique autour du monde raconte l’éveil ou le retour à la nature de deux enfants dans un âge bientôt transitoire.

Série Bâoli
En Inde, les bâolis sont des puits à escaliers permettant les ablutions et bains rituels ; ce sont aussi des sources d’approvisionnement en eau potable pour tout un quartier ou tout un village. Le bâoli est la source de vie à tous les niveaux depuis des millénaires. Pour les hindous comme pour les sikhs, il est sacré et de nombreuses fêtes religieuses y sont célébrées car il n’y a pas de séparation entre le sacré et le profane. Des points communs existent avec les grandes religions monothéistes : ainsi y a toujours de l’eau dans les temples hindouistes pour les ablutions, qui sont avant tout des purifications spirituelles dépassant toute matérialité. Aujourd’hui, le niveau de l’eau a drastiquement baissé en Inde du Nord. Les nappes phréatiques se réduisent jusqu’à s’assécher. Avec l’accès à l’électricité, le puits est malmené, abandonné au profit de pompes. Les joyaux d’architecture que sont les bâolis servent même souvent de décharges à ordures. Floriane a voulu rendre la superbe de certains d’entre eux en les isolant de leur contexte premier, pour les transformer en des objets mystérieux, en hommage à M.C. Escher.
Cette série réalisée en 2017 est une invitation à prendre conscience de l’urgence de préserver à la fois ces sources d’eau traditionnelles et l’écrin qui les reçoit : le bâoli, ce temple dédié à l’eau.