Janvier, 2022

Gaston Paris, reporter

mer19jan(jan 19)11 h 00 minlun18avr(avr 18)20 h 00 minGaston Paris, reporterLa photographie en spectacleCentre Pompidou, Place Georges-Pompidou 75004 Paris

Détail de l'événement

Une coopération entre le Centre Pompidou, cabinet de la photographie, et la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Photographe talentueux, reporter fréquemment publié, notamment dans le magazine VU, Gaston Paris (1903 – 1964) demeure encore largement méconnu. Technicien virtuose et observateur ingénieux, il sert, aux côtés de ses pairs, l’appétit visuel des années 1930. L’exposition « Gaston Paris. La photographie en spectacle » invite à redécouvrir l’importance de ce photographe, indéniablement influencé par le surréalisme et le « fantastique social » de son époque. L’exposition est aussi une réflexion sur les différents supports de la photographie et les étapes de sa diffusion : elle présente une cinquantaine de tirages d’époque, vingt-cinq planches thématiques illustrées par des tirages contact, une cinquantaine de reproductions de magazines, plus de cent tirages tardifs réalisés dans les années 1960 et 1970 et la projection d’une centaine de négatifs numérisés.

Des « filles » des music-halls aux enfants des fameuses « zones » de Paris en passant par la soufflerie aérodynamique de Meudon, Gaston Paris documente les spectacles et la modernité des années 1930 avec aisance et professionnalisme. Il fait du format carré de son appareil Rolleiflex un répertoire riche de formes et de signes pour les rédactions des magazines illustrés. L’exposition offre en ce sens un éclairage sur la pratique naissante du photojournalisme, et en particulier sur quelques-uns des grands sujets alors privilégiés. Elle présente la carrière exemplaire d’un reporter, qui, parallèlement à VU, a contribué à des magazines aussi différents que La Rampe (sur le théâtre, le cinéma, la scène artistique), Paris Magazine (magazine à tendance érotique), Match (reportages consacrés de plus en plus à des sujets socio-politiques). En 1940, il contribue, comme d’autres photographes français, au magazine La Semaine, contrôlé par les autorités de Vichy, pour réapparaitre plus tard en témoin de la Libération de Paris puis de l’Allemagne détruite, où il accompagne les troupes françaises.

Gaston Paris n’a jamais publié d’ouvrage de son vivant. En 1952, il tente de faire paraître Les Mystères de Paris, une sélection de photographies réunit en un livre, mais le projet n’aboutira pas. L’époque n’était plus à l’image d’un Paris mystérieux et obscur, mais à celle d’une ville imprégnée d’une douce mélancolie existentielle. Cet échec incarne le tragique de la carrière artistique de Gaston Paris : arrivé trop tard par rapport à ses pairs reporters qui l’ont précédé avec leurs inventions formelles, mais trop tôt par rapport à une génération de l’après-guerre dont il ne partageait pas le vocabulaire humaniste.

Pendant plus de vingt ans, l’historien de la photographie Michel Frizot a collecté divers documents et oeuvres de Gaston Paris, dont un important corpus de photographies et une inestimable collection de magazines. La bibliothèque Kandinsky, qui a reçu en don de Michel Frizot sa collection d’imprimés et de périodiques, conserve désormais un grand nombre d’exemplaires de VU. Ce fonds d’originaux de l’époque est complété pour l’exposition par un exceptionnel prêt du fonds Gaston Paris des archives Roger-Viollet où sont entrés les quelques 15 000 négatifs du photographe après son décès en 1964. Ces ensembles réunis contribuent à une meilleure compréhension d’une époque partagée entre l’éclat des projecteurs des scènes de spectacles et celui des projecteurs-phares des couvre-feux des années 1940. La culture visuelle faisait tout autant partie de la modernité de ces années que la frénésie des spectacles, comme le souligne le titre de l’exposition et de son catalogue, « La photographie en spectacle ».

« Gaston Paris. La photographie en spectacle » s’inscrit dans une série d’expositions réalisées par le cabinet de la photographie du Centre Pompidou, offrant un nouveau regard sur la photographie des années 1930, permises en partie par l’acquisition sans précédent de plus de 7 000 tirages photographiques de la collection Christian Bouqueret en 2011. Parmi ces expositions, la grande rétrospective « Henri Cartier-Bresson » (2014) qui avait permis, entre autres, d’aborder son engagement politique, et l’exposition thématique « Photographie, arme de classe » (2018), et prochainement en automne 2022, l’exposition « Décadrage colonial ».

Michel Frizot, historien de la photographie, Florian Ebner, conservateur et chef de service du cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne, assistés de Katharina Täschner, boursière de la Fondation Krupp, Allemagne.

Dates

Janvier 19 (Mercredi) 22 h 00 min - Avril 18 (Lundi) 7 h 00 min(GMT-11:00)

Centre PompidouPlace Georges-Pompidou 75004 ParisOuvert tous les jours de 11h à 20h sauf le mardi. La Galerie des Photographies est en accès libre, gratuite !