Janvier, 2022

Moments de Grâce

jeu13jan(jan 13)14 h 00 minsam26mar(mar 26)19 h 00 minMoments de GrâceMarie-Paule Nègre & Luc ChoquerLa Galerie Rouge, 3 Rue Du Pont Louis-Philippe 75004 Paris

Détail de l'événement

La Galerie Rouge réunit pour la première fois dans une même exposition les oeuvres de Marie-Paule Nègre et Luc Choquer, couple emblématique de la photographie française documentaire et membres fondateurs de l’agence Métis en 1989.

Moments de Grâce fait référence à cette reconnaissance commune de leur travail photographique qui allie regard subjectif, témoignage social et heureux hasards. Marie-Paule Nègre parle ainsi du médium photographique : « L’image possède aussi ce hasard merveilleux : c’est formidable une photo où vous avez tout qui se met en place à un moment donné, c’est ce que j’appelle le moment de grâce. »

Bien que Luc Choquer et Marie-Paule Nègre s’inscrivent tous les deux dans la tradition de la photographie d’auteur, ils se sont toujours distingués par des choix esthétiques très marqués et parfois opposés. Luc Choquer est connu pour son utilisation de la couleur et du flash tandis que Marie-Paule Nègre est souvent présentée comme une photographe humaniste, travaillant au Leica, adepte de la photographie instantanée, sobre et en noir et blanc. Pour autant, les deux photographes partagent un goût commun pour raconter « l’histoire des gens », ils croient en une photographie « éveilleuse de consciences » et recherchent continuellement cet instant magique où tout se met en place dans le cadre.

La Galerie Rouge a choisi d’exposer plusieurs séries de chaque auteur.e afin de donner une vue d’ensemble de leurs oeuvres.

Marie-Paule Nègre présente quatre séries. Pour Le Jazz dans tous ses états, réalisé de 1976 à 1978 entre Paris et New York, la photographe a suivi de grands musiciens comme Miles Davis, Cameron Brown, Count Basie, Manu Dibango et Dee Dee Bridgewater. Marie-Paule Nègre nous permet d’entrer dans l’intimité de ces artistes et de connaître cette vie construite autour de la musique, de la scène et de moments « hors cadre » où les musicien.nes prennent une pause seul.e.s ou auprès de leurs proches.

Dans les années 1980, Marie-Paule Nègre commence sa série « Contes de la vie moderne ou la misère ordinaire ». Commande initiale du Secours Populaire, ce reportage engagé présente le quotidien de familles à qui l’association vient en aide. Ces « nouveaux pauvres », chômeurs, femmes au foyer, ouvriers qui peinent à gagner correctement leur vie, sont rendus invisibles dans la société française car ils sont peu représentés par les médias et donc « sans-images ». Marie-Paule Nègre porte alors l’espoir que ses photographies alertent sur leurs conditions de vie et réveillent les consciences d’un pays qui préfère détourner le regard. Dans ses images, il n’y a pas pourtant de misérabilisme. En s’appuyant sur la vie quotidienne de ces familles, en n’imposant rien à ses sujets, les compositions semblent naturelles et la joie, l’espoir, l’amour percent à travers la misère. « J’ai souhaité rendre visible la misère ordinaire dont la banalisation grandissante finit par voiler l’insupportable constat » explique-telle. « À première vue, aucun signe extérieur de pauvreté vraiment criant. Et puis on s’aperçoit des détails qui en disent long : une dent qui manque, un regard un peu trop vide, un rire trop proche de l’hystérie. »

La série « Contes de la vie moderne ou l’aisance ordinaire » raconte une autre histoire, celle de « l’autre côté », où l’abondance et la richesse débordent. Comme Marie-Paule Nègre l’explique : « J’avais envie de changer d’univers, envie de parler de Paris la nuit et de faire les fêtes brillantes, riches. Comme je n’ai absolument pas pu aller chez eux, j’ai choisi le biais des fêtes. […] il y en avait tous les soirs, ça passait sans cesse d’une fête à l’autre alors que ces gens travaillaient dans la journée. La plupart avaient une double vie. Je n’ai pas pu percer cet entre-soi, d’ailleurs on le voit sur ces images, le regard est plus lointain. »

Luc Choquer présente trois séries caractéristiques de son regard à la fois critique, facétieux et tendre. Avec Ruskaïa, pour lequel le photographe a reçu le prix Niépce en 1992, Luc Choquer a exploré la Russie de la Perestroïka entre 1988 et 1991. Il raconte un pays en transition à travers ses portraits de femmes russes, emblèmes d’une jeunesse avide de changement. Ce travail, présenté à la galerie avec des tirages argentiques couleur et des cibachromes d’époque, est un portrait de la Russie et de ses femmes autant qu’un portrait de Luc Choquer luimême, à la fois « poète, [le] photographe, mi-voyou mi-voyeur. » (Extrait du texte de Bernard Frédérik, paru dans le livre Ruskaïa, Jeunes femmes russes, Editions Marval, 1992).

Des années 1980 aux années 2000, Luc Choquer a documenté la France et Paris à travers ses séries « Planète France » et « Les Parisiens ». Son regard tendre et acide se porte sur ses contemporains, à la fois voisins et étrangers, rencontrés dans la rue, sur la plage, dans les soirées mondaines ou à l’usine et même parfois chez eux dans leur intimité. Ces portraits de la France nous rappellent celui ou celle que nous croisons au quotidien et que nous pensons connaître sans nous rendre compte de son incroyable particularité.

Dates

Janvier 13 (Jeudi) 1 h 00 min - Mars 26 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00)

La Galerie Rouge3 Rue Du Pont Louis-Philippe 75004 ParisLa galerie est ouverte du mercredi au samedi de 11h à 19h