Richard Petit

Sur les traces de Pytheas qui, il y a 2300 ans, avait navigué depuis Marseille jusqu’à Thulé, je vins photographier Halsnøy. Je tombai en arrêt devant ces gigantesques rochers sur Strondavegen. Extraordinaires, ils incarnent la définition même du pittoresque : ce qui mérite d’être représenté.
Ce que je fis avec mon instrument préféré : la chambre 4×5’’. À la façon des photographes du XIXe siècle qui plaçaient leur assistant pour donner l’échelle du sujet, je me jetai dans l’image.
J’en fis réaliser un très grand tirage, auquel j’ajoutai des vues du négatif, des images inversées telles qu’elles apparaissent à la prise de vue sur le dépoli, et également quelques vues évoquant le lointain voyage de Pytheas, que j’avais accompli moi aussi pour revenir d’entre les morts à la suite d’une longue maladie.

“Je fus mécanicien avant d’étudier la philosophie. Cette double formation m’amènera à m’interroger sur le paradigme du progrès technologique autant que sur la transcendance et le sacré.
Étant venu habiter à Arles, j’y découvris l’intérêt de la photographie, et d’amateur d’art je devins photographe amateur ; j’eus par la suite la chance d’étudier à l’École Nationale Supérieure de la Photographie. J’ai depuis développé plusieurs projets photographiques et vidéo, exposé dans onze pays différents.
Je photographie à la chambre. Ma pratique emprunte autant à l’école de Düsseldorf qu’à la peinture romantique.”