Juillet, 2021

Sète #21

sam03jul(jul 3)10 h 00 mindim05sep(sep 5)19 h 00 minSète #21Hugues de WurstembergerCentre photographique documentaire - ImageSingulières, 17 rue Lacan 34200 Sète

Détail de l'événement

ImageSingulières invite chaque année un ou une photographe en résidence à Sète et sur le pourtour du Bassin de Thau pour réaliser une carte blanche sur le territoire et ses habitants. Pour l’édition 2021, c’est le photographe suisse Hugues de Wurstemberger, qui a été choisi.
Les treize premiers résidents invités à donner leur vision de Sète étaient contraints à se limiter au territoire de la ville. Les contraintes sont bien souvent source d’inspiration et de structuration et les expositions et les livres qui en sont la mémoire en témoignent. Cette fois-ci le territoire s’est élargi, considérablement. Et Hugues de Wurstemberger (autrement dit H2W, c’est plus court) a largement mis à profit cette liberté, ce qui lui ressemble bien.
Il a donc arpenté – au vrai sens du terme – une immense zone incluant étangs aux noms chantants (Thau, Arnel, Vic, Ingrill), une lagune et ses eaux mais n’a pas été insensible à la minéralité des « Pierres blanches » ou du « Creux de Miège ». Arpenteur, il a marché – il en témoigne avec un clin d’œil en photographiant à plusieurs reprises ses pieds -, ce qui reste le meilleur moyen de s’approprier l’espace, de l’estimer, de le scruter. Car le marcheur a en permanence le regard en alerte, ce qui lui a permis, en été comme en hiver et sous des lumières intenses, de trouver la distance juste, la respiration ample, et de faire des découvertes. Attentif, concentré, il observe et capte en deux étapes les petits changements que subit un paysage dans le temps, que ce dernier soit long ou bref. Naissent alors, dans un rythme binaire qui correspond bien à la marche, des propositions, comme autant de questions, qui sont davantage des décompositions que des diptyques. Il suffit que le vent se lève et agite les feuillages, que la lumière tourne, que l’on revienne contempler un arbre à quelques mois de distance pour que s’impose, sobrement, cette interrogation sur la façon dont nous voyons et percevons les choses.
H2W a donc marché, réfléchi au sens de ses parcours, a regardé, de près souvent, des plantes sur lesquelles il s’est ensuite informé. Il a rencontré des gens, des hommes, des femmes, des jeunes, qui vivent loin de la ville, qui chassent pour certains, d’autres qui cultivent légumes et fruits, qui produisent du vin, tout cela en bio, en permaculture, ce qui correspond aux préoccupations et valeurs du photographe. De ces personnes rencontrées il a appris, parce qu’il est toujours curieux, désireux de savoir davantage sur la nature, ses enjeux, ses mutilations, ses encore et toujours possibles. Il s’est rapproché de ceux qui savent et les a photographiés sans s’interroger sur le genre
« portrait », il était dans une évidence de la rencontre, sachant là encore trouver la distance pertinente, comme il avait su le faire pour l’espace qu’il traversait en l’observant. À sa manière H2W a continué bien des approches commencées il y a longtemps ou plus récemment. Il a développé et creusé des pistes qui sont, profondément, les siennes. Le marcheur est le même, attentif déjà aux détails, qui explorait la montagne dans la région de Fribourg dans sa Suisse natale, taillant le paysage au carré, allant à la rencontre des paysans et des bestiaux qu’il finit par réunir dans un livre, le même qu’accompagnait son complice Michel vanden Eeckhoudt qui immortalisa un jour ses chaussures de randonnée en feu. C’était l’époque du format carré, du noir et blanc, qu’il a retrouvé, plus apaisé, en gammes légères de gris, accueillant les portées musicales d’un vol de flamants roses pour rythmer son parcours. Mais c’est aussi un nouveau photographe, qui n’a pas encore montré la couleur qu’il développe depuis une quinzaine d’années et qui s’est astreint à inventer une palette aquatique et florale en dialogue avec ses recherches les plus récentes. Enseignant au «  »75″ », à Bruxelles, depuis 2005, il a, en même temps qu’il abordait la couleur pour accompagner ses étudiants, cultivé son jardin. Aidé par des amis experts il l’a peu à peu enrichi et l’a photographié pour constituer un herbier qui évolue sans cesse, grossit, s’enrichit de nouvelles variétés, fruits et fleurs mêlés. Les deux activités, l’enseignement et le jardinage ont certainement à voir, en intensité en tout cas, et se sont concrétisées dans l’approche de la couleur. Une approche à la fois réaliste et sans aucun effet, subtile, vibrante, qui permet de rendre compte de la délicatesse des lumières caressant les étendues d’eau aussi bien que l’organisation, la matière, les formes des plantes et des rochers. Qui permet aussi de faire ressentir et partager les variations entre deux instants, entre deux saisons. De la photographie rapportée au temps par la couleur elle-même. Comme en écho aux travaux de Penone qu’il admire.
La contrainte est décidément une belle exigence de rigueur. Comme dans ce travail pour lequel H2W s’est obligé à travailler en format vertical, qu’il voit comme un avatar du carré. Même si, comme il le dit avec son humour ravageur « ce n’est pas évident de mettre un étang à la verticale ».

Christian Caujolle, conseiller artistique
La résidence est soutenue par le Fonds de dotation Art, Culture et Patrimoine.

Dates

Juillet 3 (Samedi) 21 h 00 min - Septembre 5 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00)

Centre photographique documentaire - ImageSingulières17 rue Lacan 34200 SèteHoraires des expositions Du mardi au dimanche de 14h à 18h