Octobre, 2025

Yana Kononova

ven03oct(oct 3)14 h 00 min2026sam10jan(jan 10)18 h 30 minYana KononovaThe BasiliskSTIMULTANIA Pôle de photographie, 33 rue Kageneck, 67000 Strasbourg

Détail de l'événement

Photo : Deperation of landcape, 2023 © Yana Kononova

“Dans la montée Saint Gérald, il faut penser aux jardins japonais. Il faut écraser les orties et s’arrêter exactement à l’endroit où l’on aperçoit le filet d’eau, les pierres, les feuilles épaisses et palmées, la branche qui vient de la droite. Là, tous les jours – avant parce que maintenant je n’y suis plus – je pense : c’est beau. Ici, c’est beau.

Depuis le début des combats aériens, Yana Kononova raconte que la contemplation est devenue impossible car le passé grésille avec le présent. L’avant de maintenant n’est pas l’avant d’avant. Les choses ont changé de place. Dans ce nouveau théâtre il n’y a sans doute plus de quatrième mur alors ce que Yana contemple est déjà au-delà. Au-delà du ciel et au-delà de la branche moussue.

La photographe était à Strasbourg en mai 2022, pour l’exposition Parle-leur de batailles, de météores et de caviar d’aubergines. À ce moment-là, je pensais que nous devions faire travailler les artistes, présenter leurs sujets d’avant l’invasion, les interroger – le temps d’un vernissage – sur leur savoir-faire photographique, leurs thématiques personnelles, la représentation du corps masculin, de la maternité, des résidences universitaires et du caviar d’aubergines. Yana était venue en bus, je me souviens très bien du moment où je l’ai quittée.

Aujourd’hui, Yana montre les impacts visibles et invisibles de la guerre. Elle nous parle de l’eau et de la terre, du fleuve Dniepr et des dislocations de Kaniv, les ravins les plus profonds d’Europe. L’artiste part sur les traces des sangliers qui forgent déjà la géologie post-humaine. Elle prépare ses fils de laine et tisse des buffles géants endormis sur le Danube. Nous sommes sur l’île Yermakov et dans les nouvelles îles de Kakhovka, le basilic traverse le ciel entre les feuilles épaisses et palmées. Sur le bord droit de la tapisserie, une branche.”

– Céline Duval

Yana Kononova est l’une des 7 photographes ukrainiens exposés dans « Parle-leur de batailles, de météores et de caviar d’aubergines » en 2022.

Le travail de Yana Kononova se situe à la croisée de l’art, du documentaire et de la recherche visuelle sur les traces laissées par la guerre et les catastrophes écologiques. Depuis le début de l’invasion russe en 2022, elle développe une œuvre marquée par une attention constante aux formes visibles et invisibles du traumatisme — qu’il soit humain, territorial ou environnemental. Dans plusieurs de ses séries récentes (Radiations of War, Desperation of Landscape, Boar Gardening), Yana Kononova interroge l’empreinte de la violence sur les paysages, jusqu’à faire émerger une lecture critique et poétique de l’écocide.

Le terme d’écocide, aujourd’hui au cœur des discussions juridiques et éthiques contemporaines, désigne la destruction massive et intentionnelle d’un écosystème. En Ukraine, des événements comme la rupture du barrage de Kakhovka en 2023 — provoquant des inondations à grande échelle, la mort d’espèces animales et la contamination de vastes zones agricoles — s’inscrivent dans cette dynamique. Yana Kononova, à travers ses images, capte les conséquences tangibles et diffuses de ces transformations. Desperation of Landscape, par exemple, montre les berges asséchées du Dniepr et les îles qui émergent et combine des scènes d’excursions collectives avec les ruines imposantes du barrage.

Dans Radiations of War, la série qui jalonne le parcours de l’exposition, Yana Kononova traduit ce qu’elle appelle les « radiations » de la guerre — non pas seulement la contamination chimique, mais l’onde invisible du traumatisme, qui persiste dans les corps, les sols, les objets. La terre devient alors à la fois archive, blessure et organe sensible. On assiste à une forme de fusion entre nature, matière et mémoire, dans une « techno-géographie » où infrastructures détruites, ruines, forêts et canaux se croisent dans un même récit sensoriel.

Yana Kononova est une artiste ukrainienne dont la pratique mêle photographie, écriture et techniques d’impression expérimentales. À travers son travail, elle explore le paysage comme un processus historique, en dialogue avec ses sensibilités, tout en adoptant des approches écocritiques et spéculatives. Son œuvre interroge la matérialité de l’image photographique, oscillant entre le geste technique et la représentation visuelle.

Elle est titulaire d’un doctorat en sociologie et d’un diplôme en art et en pratiques curatoriales du New Center for Research & Practice. Yana Kononova a reçu le Bird in Flight Prize for Emerging Photography (2019) et le Hariban Award, décerné par Benrido (2022). Elle a également été nommée par FOTODOK au réseau de talents FUTURES (2023).

Son travail a bénéficié du soutien de bourses et financements de la Fondation Andy Warhol pour les arts visuels (2023), de l’Institut für die Wissenschaften vom Menschen (IWM, 2024), et de Faktura10, une initiative majeure de Ribbon International (2025). Son œuvre a été largement exposée à l’international, notamment au Museum of Fine Arts de Boston (États-Unis), au Museum für Kommunikation de Berlin (Allemagne), à FOTODOK à Utrecht (Pays-Bas), à la Penumbra Foundation de New York (États-Unis), au Mystetskyi Arsenal de Kyiv (Ukraine), à la Jam Factory de Lviv (Ukraine).

Dates

3 Octobre 2025 14 h 00 min - 10 Janvier 2026 18 h 30 min(GMT-11:00)

STIMULTANIA Pôle de photographie

33 rue Kageneck, 67000 StrasbourgOuvert du mercredi au dimanche de 14h à 18h30

STIMULTANIA Pôle de photographie

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