Emmanuel Béhier-Migeon

Belle Rive est un espace entouré d’eau sur le port de plaisance de Ouistreham Riva-Bella.

En réouverture de sa 5e saison, Belle Rive propose pour la première fois une installation mixte vidéographique et photographique. Conçue sur le thème de l’eau, cette installation fait écho au travail que mène actuellement Karine Saporta pour sa création prévue dans le cadre du millénaire de Caen à Ouistreham (week-end maritime) : « B-EAU ». Du 17 avril au 15 mai 2025 donc BELLE RIVE promet d’être un espace multimédia et multisensoriel avec des atmosphères sonores aquatiques, des projections vidéo murales, des impressions singulières sur toile et métal couvertes d’époxy, sur papier photo… De l’artiste québécois Emmanuel Béhier-Migeon. Une invitation à voyager… à plonger.

« Belle Rive est entourée d’eau, avec le Canal de Caen d’un côté, le port de plaisance de l’autre et la mer à 500 mètres. C’est un lieu idéal pour faire briller la source de mes inspirations, soit les cours d’eau du Québec. De plus, ce site à une valeur particulière car plus jeune j’empruntais régulièrement le canal entre le port de Caen et la mer, pour de nombreuses sorties avec le voilier du paternel. Et ce centre d’art était à l’époque un des magasins d’accastillage où je faisais souvent mes achats. Quelle chance d’y présenter une exposition…!
Bon voyage dans mon univers…
Et dans notre monde de plus en plus virtuel j’ai choisi de faire rayonner le naturel. C’est pour cette raison que je privilégie les images, les sons et les éléments d’origine organique dans l’élaboration de mes créations.
En immigrant au Québec je pensais être orphelin de l’océan qui m’avait vu grandir. C’était ignorer ses innombrables étendues d’eau. Depuis les vingt dernières années elles sont devenues le centre de mes inspirations. Bien que notre territoire soit considéré comme « une mine d’or bleu », le mythe de l’abondance n’est plus. Un de mes engagements est de montrer leur beauté et leur magie, car je crois à la citation « On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime. » de Jacques-Yves Cousteau, océanographe et scientifique.
Belle Rive est entourée d’eau, le Canal de Caen d’un côté, un port de plaisance de l’autre et la mer à 500 mètres. C’est un lieu idéal pour faire briller les richesses qui se cachent sous la surface de nos cours d’eau, souvent méconnues et vulnérables. »
Emmanuel Béhier-Migeon

Emmanuel Béhier-Migeon est créateur en arts numériques et visuels. Il a commencé avec la photographie, puis la vidéo. Et depuis quelques années il associe ces deux supports pour réaliser des installations multimédias de façon à créer des expériences plus absolues. Elles sont composées d’images VR 360 x 180 degrés projetées à plat, de trames sonores, de textes et d’impressions sur toile, sur métal ou sur papier photo. Il ajoute une dimension multisensorielle avec l’intégration de trouvailles organiques.

Ce sont avant tout les environnements aquatiques qui l’inspirent. Lorsqu’il est sous l’eau, ses sens sont continuellement stimulés par ce milieu en perpétuelle métamorphose. L’image et les sons naissent de sa relation physique avec cet élément. De l’expérience naissent des concepts, voire même des préceptes. « On peut toujours réfléchir des heures sur le chagrin, on ne comprendra jamais les vagues de l’océan. Mais si on reste à regarder les vagues avec l’œil du poète, alors, on comprend le chagrin… Le concept vient toujours après l’expérience. » Cette phrase d’Hannah Arendt résonne avec son cheminement. Il s’inspire d’un point de vue sous-marin pour recréer des images avec cette perspective. Son regard se rapproche de celui du poisson, une des raisons de privilégier les prises de vue avec des caméras dotées d’un objectif ’’fisheye’’. Elles produisent des images 360 x 180 degrés, dont il aime bousculer les axes du réel et altérer ainsi les repères habituels du public. Souvent il les détourne de leur utilisation originale, la diffusion en dôme. Il préfère les projeter ou les imprimer sur des surfaces plates et verticales pour préserver l’effet arrondi des images. Un clin d’œil aux « tondi » de la Renaissance, terme de l’époque qui désignait une œuvre d’art circulaire. Cela permet également de créer une déformation optique s’apparentant aux anamorphoses.