Janvier, 2022

Le modèle et son artiste

sam15jan(jan 15)13 h 00 mindim06mar(mar 6)19 h 00 minLe modèle et son artisteL'Atelier, 1 rue Chateaubriand, 44000 Nantes

Détail de l'événement

Le Centre Claude Cahun invite les collections du Musée de La Roche-sur-Yon à l’Atelier Exposition imaginée à partir des oeuvres photographiques, peintes et dessinées du musée et de l’artothèque de La Roche-sur-Yon.

Dans son livre Histoires naturelles, Pline l’Ancien évoque la naissance de la peinture avec l’idée du portrait. Selon lui, l’origine de la peinture remontrait à la volonté d’une jeune fille de garder une trace de son amant malgré tout : malgré le temps, l’espace et la guerre qui appelle ce dernier. Le soir avant le départ du jeune homme elle trace sur un mur, à l’aide d’une bougie, les contours de l’ombre projetée de son amant. Il part à la guerre, ses traits seuls demeurent. Cette légende raconte toute la force des images : rendre présent malgré tout, représenter ce qui échappe, contenir l’autre dans un cadre et le garder. La peinture ne se résume pas au portrait, bien sûr, mais lorsqu’il s’agit de saisir les corps l’enjeu de la représentation devient vital : que retient-on dans ces images ? Lorsqu’on pense à l’artiste et son modèle une foule d’images arrive dans l’histoire de l’art : des corps alanguis sur des canapé, des corps dénudés, offerts sans défense aux regards scrutateurs ou bien des corps fiers et méprisants dirigés vers les cieux sans plus aucune attache avec nos problèmes grégaires. Seulement, si on inverse la proposition, si l’artiste et son modèle devient le modèle et son artiste d’autres réalités plus crues occupent le centre du cadre.
Cette inversion ouvre la voix à la manière dont l’histoire s’écrit par la représentation des corps. Elle dévoile que le corps modèle, pris comme canon, comme emblème cache plus qu’il ne montre. La question n’est plus de savoir ce que le corps représente mais comment il est représenté et de quelle façon cette représentation raconte un individu certes, mais aussi et surtout, une société, une idéologie. La peinture ou le dessin ont, depuis des millénaires étaient utilisés pour raconter les sociétés humaines. La photographie les a, depuis le XIXe siècle, rejoint pour évoquer toute la force de la représentation : rendre de nouveau présent. Les images, parfaits fantômes, constituent nos outils premiers pour lutter contre la peur du néant. Seulement dans cette lutte on en oublie souvent l’impossibilité première de cadrer le vivant. On n’arrête pas un corps qui souffle et l’épaisseur d’un corps, la société qui le nourrit, s’évapore quand on tente de le saisir. Que reste-il de nous dans ces images ?

Emilie Houssa

Commissariat :
Emilie Houssa, historienne de l’art, co-directrice du Centre Claude Cahun
Sarah Chanteux, chargée des collections du musée de la Roche-sur-Yon

L’exposition se clôt le 6 mars à 18h.

Photo : © Karen Knorr, Eve Listening to the Voice, Série Academies, 1994 — 2001, 102 × 102 cm

Dates

Janvier 15 (Samedi) 0 h 00 min - Mars 6 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00)

Lieu

L'Atelier

1 rue Chateaubriand, 44000 Nantes