Trois récits de Norvège

Marie Sjøvold, Ole Marius Joergensen et Terje Abusdal s’approprient le médium photographique dans un style qui leur est propre, allant jusqu’à mêler leurs images à des installations. Marie Sjøvold saisit de très sensibles instantanés dans l’intimité d’un monde familial, Ole Marius Joergensen livre une fiction – la solitude d’un voyageur de commerce – s’appuyant sur des mises en scène à résonnance cinématographique et Terje Abusdal mène un projet documentaire qui interroge l’héritage et l’identité d’une communauté venue d’un pays voisin.
Le témoignage et la narration, associés à une écriture visuelle composant avec la couleur, participent de l’univers très particulier dans lequel ces artistes nous entraînent ; mais leurs photographies sont aussi une invitation à un voyage original en pays nordique, au-delà des paysages et des lumières qui habituellement le caractérisent.

Terje Abusdal
« Slash & Burn », 2017
Terje Abusdal apporte un témoignage sur une communauté de forestiers originaires de Finlande et dont les ancêtres ont migré en Norvège depuis la frontière russe. Ils entretiennent des rituels qui sont proches du shamanisme et cultivent la magie.
Ces pratiques amènent le photographe à développer un projet artistique en marge d’une démarche documentaire traditionnelle, tout en conservant un lien fort avec le sujet. C’est ainsi que ses images flirtent avec l’étrange, dialoguent avec le surnaturel, souvent habitées de présences fantomatiques et de formes intrigantes ; et elles sont nombreuses aussi à souligner la présence importante du feu, comme le titre de la série l’indique.

Marie Sjøvold
« Réalités entremêlées », 2006 – 2021
Marie Sjøvold explore de façon sensible et poétique les thèmes de la famille, de la maternité, de l’enfance et du souvenir, sur un registre existentiel et autobiographique. L’espace de la maison, du jardin qui l’entoure et de la nature occupe souvent une place importante. Elle aborde des sujets du quotidien tels que ceux du sommeil et du rêve. Mais elle explore également un passé familial chargé d’épisodes douloureux. Ce sont toujours de subtiles évocations, à l’image de l’ensemble du propos qui dévoile un univers empreint de fragilité. La forme photographique, notamment le traitement de la couleur et la direction de la lumière, sert avec précision l’intention narrative.

Ole Marius Joergensen
« Vignettes of a Salesman »,
2016 – 2018
Ole Marius Joergensen raconte la solitude d’un voyageur de commerce, un métier en voie de disparition. Les scènes qui composent cette existence quotidienne et que l’artiste a inventées de toutes pièces se déroulent dans le paysage et l’environnement urbain, les autobus et les hôtels. Le style comme la technique (lumière et couleur) de cette série sont explicitement empruntés au monde du cinéma. Mais l’argument fait également écho au texte d’Arthur Miller, « Mort d’un commis voyageur », et la composition de certaines images traduit l’influence d’un peintre comme Edward Hopper.

*La manifestation Lumières Nordiques,
un parcours photographique en Normandie

La deuxième édition de la manifestation Lumières Nordiques se déploie de nouveau en territoire normand avec pour objectif d’explorer la création contemporaine dans différents pays du Nord : Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Norvège, Suède. Sur le même principe : un pays / un lieu d’exposition, Lumières Nordiques s’intéresse principalement à la photographie mais accorde également une part de sa programmation à la vidéo et au cinéma.
La manifestation propose ainsi 5 expositions en 2022/2023 dans 5 institutions du territoires (l’abbaye de Jumièges, le Centre d’art contemporain de la Matmut à Saint-Pierre-de-Varengeville, la Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen, le musée des Beaux-Arts de Rouen et Les Pêcheries, Musée de Fécamp).

En savoir plus sur la programmation sur www.lumieresnordiques.com

Sous le commissariat de Gabriel Bauret, commissaire général du programme Lumières Nordiques* & Florence Calame-Levert, conservatrice du patrimoine en charge des collections Art moderne et contemporain, du musée des Beaux-Arts de Rouen.

Photo : Terje Abusdal « Slash & Burn » # 15, 2017 © Courtesy Terje Abusdal