Juin, 2020

La Doñana

sam06jui(jui 6)14 h 00 minven31jul(jul 31)19 h 00 minLa DoñanaJorge CamachoGalerie Sophie Scheidecker, 14 Bis rue des Minimes 75003 Paris

Détail de l'événement

Les croix de Doñana

A Doñana, au sud –ouest de l’Andalousie, se déroule une frange inhospitalière, parallèle à l’océan, domaine exclusif du sable : longs cordons de dunes qui avancent, détruisant buissons, arbres, cabanons. Après leur passage implacable, reviennent lentement au monde de la lumière les pins qui, bien des années auparavant, étaient morts inhumés sous cette masse énorme. Alors, seulement alors, sur les buttes modestes, dans les étroits vallons entre les dunes, qu’on nomme là-bas « corrales », nos yeux commencent à deviner, avec un mélange de stupeur et d’émotion, les silhouettes magiques des croix.

Bien peu de personnes, avant Jorge Camacho, avaient reconnu la beauté de ces sculptures nées du temps, de l’obscurité et de l’eau qui coule, invisible. Bien peu avant lui ont été séduit par les formes que le vent, le soleil, la silice donnent à ces structures étiques : icones aux bras tailladés, « christs moribons », oiseaux de feu, « ossatures griffures », crânes calcinés, râles, hurlements et grimaces qui s’agitent. Personnages momifiés de Max Ernst. Molles dépouilles qui flottent dans la brume minérale : Tanguy. Ombres glacées de Chirico. Sphinx et bâtons chamaniques de Camacho…

Mais tout n’est pas qu’horreur et mort. Dominant cette plate étendue, au sommet de surplombs à peine esquissés qui brisent sa monotonie, se dressent les totems familiers, les menhirs protecteurs. A les voir, nous pressentons l’esprit bénéfique de tous ces elfes qui, à une autre époque, peuplaient prairies et marais, forêts et lagunes. Il n’est pas surprenant que ceux qui les habitent aujourd’hui sortent joyeux à leur rencontre et, au cours d’un cérémonial nocturne, déposent des offrandes à leurs pieds. A l’aube, seuls les mystérieux hiéroglyphes écrits sur les dunes rendent compte de l’échange. Une fois ce rituel accompli, tout est prêt pour ouvrir le bal.

Alors, au rythme syncopé de leurs chants, les morts viennent danser sur le sable.

Texte :
Juan Carlos Gonzáles Faraco

Dates

6 Juin 2020 14 h 00 min - 31 Juillet 2020 19 h 00 min(GMT+00:00)

Galerie Sophie Scheidecker

14 Bis rue des Minimes 75003 ParisOuvert du mardi au vendredi de 14h à 19h

Galerie Sophie Scheidecker

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