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Le charbon chauffera encore dans notre hexagone…

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Il ne serait pas impossible que, compte tenu de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 et d’une guerre qui se poursuit entre ces deux pays, les différents approvisionnements en énergie se compliquent au fil du temps. Le géant russe GAZPROM vient d’annoncer qu’il suspendait dès le premier septembre « en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats » ses livraisons de gaz au groupe français Engie. Les livraisons vers l’Europe sont d’ailleurs aussi « entièrement suspendues cette fois, pour raison de travaux ».

S’ajoutent deux semaines de bombardements près de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, dotée de six réacteurs de 1000 mégawatts chacun, site nucléaire actuellement occupé depuis le 4 mars par les troupes russes.
Les conséquences sont ici le risque d’un accident nucléaire majeur, en particulier, risque de «pulvérisation de substances radioactives».

A la vue de ces inquiétantes situations dues aux tensions sur les marchés de l’énergie, le gouvernement français n’exclut pas de son côté, à titre conservatoire, de faire redémarrer pour l’hiver 2022, la centrale à charbon Emile Huchet du bassin houiller lorrain, située à Saint-Avold en Moselle, centrale de 600 mégawatts, exploitée par Gazel Energie.
( Le Monde du 26 juin 2022 ) Déclaration le 26 juin du Ministère de la transition énergétique « Nous nous gardons la possibilité de pouvoir faire fonctionner la centrale de Saint-Avold quelques heures de plus si nous en avons besoin », confirmant une information de RTL.
Cette centrale avait fermé le 31 mars dernier après 71 ans d’activité. Il faudra dans ce cas réembaucher des anciens salariés sur la base du volontariat.

Dans mon ouvrage « Le coeur au fond des yeux » publié en 1983 aux Editions Marge ou Rêve, ouvrage photographique sur les derniers mineurs du bassin de la Loire au puits Pigeot situé à La Ricamarie, je m’interrogeais sur l’avenir et me demandais si, un jour, il ne faudrait pas réouvrir les sites miniers.
Pour témoigner de ce dur labeur dans l’obscurité, je suis descendu plusieurs fois au fond, à plus de 1000 mètres avec les mineurs: en 1979 à la Ricamarie pour réaliser ce livre, puis dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais à Avion au puits 7 de Liévin, enfin plus tard, cette fois pour France 3, à Montceau-les-Mines au puits Darcy.
A chaque descente, j’ai pu constater l’engagement de tous ces hommes dans leur travail, leur regard, leur solidarité, leur chaleur et cette forte volonté collective de servir l’intérêt général.

Aujourd’hui, je vous propose pour la première fois, quelques images de la grève de 1982 au puits Pigeot à La Ricamarie. Pendant cinq semaines, les 150 derniers mineurs de la Loire ont occupé « leur puits », au fond comme en surface, afin d’empêcher la fermeture du dernier site minier du bassin de la Loire.
Le puits Pigeot fut finalement fermé en 1983 et son chevalement dynamité plus tard.
Quant aux mineurs, certains acceptèrent d’être mutés dans d’autres houillères pour l’extraction en surface.

Jacques Revon
Jacques Revon est photographe, journaliste d'investigation et grand reporter français. Reportages humanitaires, conflits divers, rallyes aériens, sujets économiques et sociaux, médicaux et scientifiques, échanges culturels, tournés dans de nombreux pays… Il réalise de nombreux reportages pour France 3 dans le domaine du jazz, et en photographie pour Culture Jazz et Media Music, il couvre de nombreux festivals. En 2020, il publie "Au temps du coronavirus", un ouvrage rassemblant des images d'un collectif de photographes qui témoignent de la vie quotidienne sous pandémie (L'Harmattan).