L'Invité·e

Carte blanche à Christophe Asso : Moscou 1994 de Franck Pourcel

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Pour sa deuxième carte blanche, notre invité de la semaine, Christophe Asso, Directeur du festival Photo Marseille, continue de nous dévoiler une partie de la programmation de cette douzième édition. Aujourd’hui, il souhaite nous parler de l’exposition de Franck Pourcel. Ce dernier était le premier invité d’honneur de la manifestation en 2015. Cette année, nous replongeons dans ses archives à travers sa série qu’il a réalisé en 1994 à l’occasion d’un voyage à Moscou.

Le photographe Franck Pourcel a été le premier invité d’honneur du festival, en 2015, avec l’exposition Un homme à la mer à la galerie de la Salle des Machines à la Friche la Belle de Mai. J’avais découvert son travail en 2006 avec le livre La petite mer des oubliés édité par Le Bec en l’air, une série au long cours sur l’Étang de Berre. Franck avait parfaitement réussi à rendre la complexité et le paradoxe de ce territoire situé à quelques kilomètres de Marseille, à la fois industrialisé et sauvage, que j’affectionne et que je connais bien. Pendant la crise sanitaire, dans l’impossibilité de voyager, Franck s’est replongé dans ses archives et a exhumé une de ses premières séries, réalisée lors d’un voyage à Moscou en 1994. C’est un formidable travail, d’une grande maturité visuelle, que nous présenterons pendant le festival à la galerie Territoires Partagés de Stéphane Guglielmet, à partir du 15 octobre. Un livre de ce travail vient d’être édité par Le Bec en l’air, avec un magnifique texte de Jean Radvanyi, dont voici un extrait pour accompagner les images :

« Moscou 1994. La capitale russe n’est plus soviétique depuis trois ans. Elle est désormais la capitale d’un nouvel État, la Fédération de Russie, qui n’a jamais existé dans ces nouvelles frontières, héritées de l’éclatement de l’URSS, en décembre 1991. Pourtant, elle reste profondément soviétique par ses paysages urbains, le mode vestimentaire de ses habitants, les éléments de fonctionnement citadin qui nous sont présentés, tels ces « samedis communistes » où les résidents d’un immeuble nettoient collectivement leur cour mais aussi ces gamins qui se balancent sur un tourniquet improbable que tout autre pays européen aurait depuis longtemps fermé pour risque majeur à la personne. […] Il se dégage de ces photographies une sorte de poésie du quotidien, celle du combat pour la survie des déclassés, celle d’un passé qui se disloque, celle de la fatigue des corps et des visages, marqués par les épreuves ou l’alcoolisme. Comme en contrepoint, Franck Pourcel saisit d’autres aspects de cette période perturbée : les images d’une jeunesse que rien ne peut empêcher de vivre, ou la volonté farouche de maintenir coûte que coûte ses habitudes, tels ces joueurs d’échecs dans les bains russes. Le Moscou qu’il présente précède de peu les énormes transformations de la période qui s’ébauche, avant que l’explosion des annonces publicitaires ne modifie les façades des immeubles ou que l’envahissement des voitures allemandes et asiatiques ne remplace les Jigoulis ou les Volga rares et déglinguées. »

INFORMATIONS PRATIQUES

jeu13oct(oct 13)10 h 00 mindim25déc(déc 25)19 h 00 minPHOTO MARSEILLE 2022 OrganisateurASSOCIATION LES ASSO(S)