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Le Champ des Impossibles.02 : Le Perche mystérieux selon Anaïs Boudot

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L’exposition « Jour et ombre » d’Anaïs Boudot dans la grande nef du Prieuré de Sainte-Gauburge est incontestablement l’un des moments forts du Champ des Impossibles.02. Un cadre prestigieux, symbole de l’histoire millénaire du Perche, pour exposer les travaux de cette jeune artiste livrant une approche sensible de l’histoire de l’art. « Je ne pouvais pas rêver mieux pour donner à voir le fruit du travail réalisé lors de ma résidence à Perche-en-Nocé en 2019. Les immenses fenêtres de la nef apportent une lumière qui sublime mes photographies et celles-ci font écho à la majesté des lieux » confie-t-elle, un sourire timide aux lèvres et un zeste de fierté dans le regard.

A 37 ans, Anaïs Boudot présente un solide CV. 5 ans aux Beaux-Arts de Metz, puis diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie (ENSP Arles) en 2010, et enfin, du Studio national des arts contemporains du Fresnoy (Tourcoing) en 2013, elle a, à son actif, près d’une centaine d’expositions, un peu partout en France et en Europe.

Sur les routes du Perche atemporel

De septembre à décembre 2019, en Résidence au Champ des Impossibles, Anaïs Boudot a parcouru les petites routes du Perche, appareil photo en main. La nature l’inspire, comme les pays de spiritualité et les atmosphères de mystère, qu’elle devine derrière les fenêtres sombres des maisons abandonnées, sous les clochers des églises multiséculaires, dans les fissures de granges dégingandées, dans les pierres que d’autres mains ont assemblées bien longtemps auparavant. Jour et ombre animent des compositions en noir et blanc, retravaillées en laboratoire pour centrer le regard sur l’architecture locale typique. Si le ciel est toujours noir dans les photos d’Anaïs, c’est le résultat d’une recherche très personnelle, initiée dès la fin de ses études et visant à explorer les techniques photographiques hors des sentiers battus.

Anaïs Boudot © Emmanuel Berck

« Il y a une dimension « bricolage » que je cultive dans mon travail. Je détourne des techniques traditionnelles, je teste et expérimente beaucoup en laboratoire. L’important est surtout de travailler avec mes mains, de réaliser un travail physique sur l’image. Il serait très difficile de parvenir au même résultat avec des outils numériques, décrypte-t-elle. J’imprime par contact l’image négative, détourée aux ciseaux, puis je scanne l’image pour l’agrandir. Pour moi la photo est avant tout un processus chimique, la réaction des sels d’argent exposés à la lumière. Le grain ainsi obtenu donne cette impression de lumière nocturne, qui impose comme un silence sur l’image ».

Ce silence, cette paix mêlée aux mystères sous-tendus par les noirs intenses des fenêtres, des porches, des appentis fragiles, résonne fort entre les murs majestueux et si vénérables de la grande Nef de Sainte-Gauburge. Comme un hommage et un prolongement du travail des artistes et artisans gothiques, puis renaissance, qui ont contribué à ciseler ce bijou du Perche.

Si Anaïs Boudot avait exposé une partie de son travail à la fin de sa résidence dans le Perche, ce sont aujourd’hui des tirages grand format qui sont proposés au public. « Le temps passe ! L’attente a été longue. J’ai un peu l’impression que ce travail ne m’appartient plus… Mais je suis très heureuse de pouvoir enfin partager avec les percherons le résultat de mes déambulations sur ce si joli territoire » se réjouit-elle.

Le titre de l’exposition ‘jour et ombre’ est tiré d’une inscription sur le cadran solaire de l’église de Préaux-du-Perche. Comme pour suspendre le temps, le temps d’un clin d’œil… gravé dans la pierre.

INFORMATIONS PRATIQUES

ven04jui10 h 00 mindim04jul18 h 00 minLe Champ des ImpossiblesParcours Art et Patrimoine en Perche .02Moulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé


Dans le cadre du Champ des Impossibles.02, Anaïs Boudot expose au Prieuré de Sainte-Gauburge, à l’Ecomusée du Perche (Saint-Cyr-la-Rosière), tous les week-ends de 14 à 18h30.
Infos : www.lechampdesimpossibles.com

Emmanuel Berck
Après une trentaine d’années dans la communication et la traduction, majoritairement dans le secteur des nouvelles technologies, Emmanuel Berck est devenu rédacteur indépendant en 2019. Il accompagne ainsi des entreprises dans l’élaboration de leurs stratégies éditoriales, à travers la rédaction de tribunes libres, de témoignages clients ou d’articles destinés à la presse. Il développe parallèlement une activité de pigiste pour différents magazines locaux ou nationaux, comme « Pays du Perche », « Pando » et « Profession Photographe ». Ses thèmes de prédilection sont l’environnement et la transition agricole, l’évolution climatique et la préservation de la biodiversité, et les enjeux liés à l’alimentation en circuits courts. Installé dans le Perche depuis 20 ans, il s’appuie sur un réseau d’acteurs locaux très divers qui lui permet d’analyser en profondeur les problématiques qu’il traite dans ses articles. Il aime en outre rédiger des portraits mettant en relief le travail de l’artiste ou l’artisan – le geste et les outils – son savoir-faire, son parcours et ses préoccupations actuelles. Emmanuel a réalisé 11 portraits d’artistes du Champ des impossibles.02, publiés dans l’hebdomadaire « Le Perche » durant l’été 2021. Il a également écrit deux entretiens avec deux artistes du Champ des impossibles, à paraître aux Editions Filigrane.